Le biographe de DSK sort sa revue
Publié le 20 janvier 2012 par Rédaction LI
Michel Taubmann, ancien chef de file des néo-conservateurs français, dirige le bimensuel Building
Voilà un moment que Michel Taubmann (1956) songeait à cette revue, dont nous révélions le projet en 2010. Ancien journaliste d’Arte, spécialiste de l’Iran, il fut le rédacteur en chef de la revue Le Meilleur des mondes, publiée par Denoël que dirigeait alors Olivier Rubinstein.
« Jamais notre revue ne s’est réclamée du néoconservatisme ! Mais cela importe peu à nos détracteurs, plus souvent guidés par l’ignorance que par la mauvaise foi », se défendait régulièrement cet ex militant trotskyste pabliste. Décrit par ses détracteurs comme étant un foyer de néo-conservateurs en effet, la revue Le Meilleur des mondes est née dans le sillage des rencontres dits de l’Oratoire, sous la houlette du pasteur Florence Taubmann. Cette personnalité explosive du monde protestant, qui fut la seule à défendre dans son église, le principe d’une intervention américaine en Irak, réunissait régulièrement les partisans de l’intervention américaine,et aussi ceux d’un Quai d’Orsay troquant sa politique arabe contre un soutien franc et massif à Israël tels Pascal Bruckner, Pierre-André Taguieff ou Bernard Kouchner.
C’est du Meilleur des mondes que Nicolas Sarkozy a reçu durant la campagne présidentielle de 2007, ses meilleurs soutiens intellectuels : André Glucksmann, Pascal Bruckner et Marc Weitzmann faisaient partie du comité éditorial du Meilleur des mondes.
La revue Le Meilleur des mondes s’est essoufflée aussi vite que le sarkozysme
La revue cultivait l’ambition de régénérer la diplomatie française, et souhaitait « s’inscrire dans la tradition de la gauche libérale américaine » selon les termes de Michel Taubmann , récusant ainsi la qualification de néo-cons. Les frontières étaient poreuses entre les différents cercles de réflexion, et ne recoupaient pas toujours les classiques clivages. Guillaume Duval, rédacteur en chef adjoint d’Alternatives économiques, collaborait aussi bien à la revue Le Meilleur des mondes qu’à l’expertise du nouveau think tank proche du PS, Terra Nova. Si l’exportation du néo-conservatisme américain a lamentablement échoué, l’autre ambition du Meilleur des mondes était « de vaincre l’ennui intellectuel« .
Une idée assez précise fut particulièrement conduite par Michel Taubmann, spécialiste de la géopolitique iranienne : soutenir les opposants au gouvernement iranien, suggérant le retour au pouvoir du fils du Shah. Michel Taubmann et Reza Palhavi publièrent en 2010, un livre d’entretiens intitulé « L’Heure du choix » (toujours Denoël), publication censée très clairement influencer le Quai d’Orsay et l’Elysée.
La revue Le Meilleur des mondes s’est essoufflée aussi vite que le sarkozysme, elle a fini par s’éteindre faute d’argent et de moelle.
Avec Building, Michel Taubmann se lance dans une nouvelle aventure revuiste, qu’il maîtrise cette fois de bout en bout. Même s’il ne comporte plus le moteur de lancement : La revue aurait sans doute soutenu Dominique Strauss-Kahn si d’aventure il s’était retrouvé candidat à la présidentielle.