5 février 1983 : « Je ne suis pas Klaus Barbie »
Publié le 5 février 2012 par Les Influences
Après des années de cache-cache ou s’entremêlent services secrets américains, passeur du Vatican, généraux sud-américains et narco-trafiquants qui auront favorisé son impunité et sa notabilité, le citoyen Klaus Altmann est déclaré persona non grata à La Paz.
Le 4 février à midi, le gouvernement bolivien expulse soudainement le naturalisé Klaus Altmann alias Klaus Barbie vers la Guyane française, où il est arrêté par la police nationale. Une opération légale qui autorise son transfert en France, ou plutôt son retour vers le passé. C’est à l’aube du 5 février 1983, que « le boucher de Lyon », inculpé de crime contre l’Humanité, retrouve la ville de ses suppliciés, mais cette fois en tant que détenu de la prison de Montluc. « Je ne suis pas Klaus Barbie » constitue sa ligne de défense.
Le lundi 11 mai 1987, le chroniqueur judiciaire de Libération, Sorj Chalandon, assiste à ce procès exceptionnel du criminel de guerre. « Il entre. Vieillard fantomatique en costume noir. D’un geste, il tend ses poignets entravés. Un policier le libère de ses liens et l’invite à s’asseoir. Cet homme n’est pas Klaus Barbie. (…) Ce n’est pas celui qui parle en détachant chaque mot, qui sourît, qui laisse traîner le mépris en bord de lèvres, affirmant que ce procès serait une mauvaise chose pour la France. (…) Cette impression furtive n’a duré qu’un instant. Quelques secondes d’étonnement devant cette figure grise arrivée en pleine lumière. Un moment de silence glacial après tous les cris, tous les écrits, toutes les menaces, tous les drames réveillés, toutes les douleurs revenues en surface. Et puis, de nouveau, Klaus Barbie. »
Klaus Barbie (1913-1991) s’éteint quelques années après le procès dans un lit d’infirmerie de la prison lyonnaise et ancien foyer de ses crimes.