Influences (n. fem. pluriel)
  1. Fluide provenant des astres et agissant sur la destinée humaine.
  2. Action exercée sur quelqu’un.
  3. Action exercée sur quelque chose.

Les Influences

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#François Hollande #Nicolas Sarkozy #Présidentielle 2012 #Stéphane Rozès

Stéphane Rozès : «  Le modèle allemand de Sarkozy, le génie français de Hollande »

Publié le 10 février 2012 par

Quels sont les imaginaires politiques en train de s’installer dans la campagne présidentielle ? L’analyse du politologue pour lesinfluences.fr

badge-3.gif«  Lorsque commence la campagne présidentielle, l’imaginaire politique, c’est à dire, la façon dont le pays s’approprie le réel, repose sur deux éléments essentiels.

Tout d’abord, la nature de la crise de la dette souveraine, plus que la crise des subprimes en 2008, pose la question de savoir si la démocratie et ses gouvernants ont encore la possibilité d’avoir une prise, sur le cours des choses. Le remplacement de gouvernants élus par des techniciens de la finance devant répondre à des contraintes financières lourdes, semble, pour les opinions, dicté par la logique des marchés. Mais, dans notre Imaginaire, cette contrainte pose une question essentielle : « Qu’est-ce qui tient ensemble les sociétés et la nôtre ? ».

L’âme française est politique, c’est ce qui tient ensemble la diversité qui nous est consubstantielle. Il ne s’agit pas seulement de poser les questions de prospérité et de survie économique de notre pays et de ses habitants, mais d’ une question existentielle : le monde tel qu’il est nous permet-il de nous projeter collectivement au travers « du » politique et non pas seulement « de la » politique ? Car c’est le politique qui tient ensemble, dans nos représentations, la société. C’est lui qui est en charge de définir une norme commune de dépassement afin d’encadrer notre diversité, notre dispute sociale, idéologique, religieuse.

«  La force de François Hollande tient à son « récit national du Bourget »  »

Le second trait saillant de l’imaginaire français dans cette campagne présidentielle, tient au quinquennat du Président Sarkozy. Sa façon d’être et de faire, avant même le contenu de sa politique, ont semblé poser une seconde question existentielle à notre pays.

En 2007, le sacre de Nicolas Sarkozy tient au fait que l’Europe, n’incarne plus l’idéal d’une « France en grand » – suite à la victoire du « non » au traité constitutionnel européen. Celui-ci assumait le fait de dire aux Français que, dans la mondialisation, la France ne se laisserait pas gouvernée par des tutelles extérieures au pays. Contrairement à François Mitterrand lorsqu’il affirmait : « La France est notre patrie, l’Europe est notre avenir », Nicolas Sarkozy a semblé incarner l’idée qu’il indiquait un cap au pays, affranchi de l’Europe. Le candidat d’alors suggérait un projet donnant à chacun une place au sein de la nation, avec le tryptique «  travail-mérite-pouvoir d’achat  ». Or, une fois élu, sa façon d’être et de faire a mené au doute notre pays dans sa capacité à se mouvoir dans le monde, en conformité avec le modèle politique républicain et notre modèle social. Ensuite, par sa conduite (le Fouquet’s, le Yacht de Bolloré, l’exposition de sa vie privée, sa façon de parler … ), Nicolas Sarkozy a abaissé la fonction présidentielle. Sa façon de réformer semblait se faire par surprise, en contournant ou en divisant le pays : autant de marques de défiance à l’égard des Français et de notre symbolique politique. Pour ces deux raisons, liées à notre Imaginaire, la question est : « Y a – t’il un autre chemin pour la France que, périr pour préserver ce que l’on est, ou survivre en renonçant à ce que l’on est ?

La force de François Hollande tient à son « Récit national du Bourget » où, explicitant sa France et la République -au sein desquelles il peut insérer son « moi »- il affirme : « La France n’est pas le problème, c’est la solution ». Il dit que le «  génie français  » peut se déployer dans la globalisation et appelle à tourner la page de la tension entre les discours de Nicolas Sarkozy et sa pratique. Ce dernier au contraire, semble vouloir esquiver cette question en mettant en exergue «  un monde nouveau  » et «  le modèle allemand  ». En tout état de causes, l’Imaginaire français va imposer ce double débat : quel est notre destin ? Peut-on dénaturaliser la finance et voir revenir le politique ?  »

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