Lee Jung-hyoun, une mélancolie sans mots
Publié le 23 février 2012 par Jean-Luc Hinsinger
Rencontrer cette graphiste coréenne, c’est comme effectuer un voyage en apesanteur.
Si son travail est remarqué, sa complexité, sa difficulté d’approche n’encourage pas les éditeurs locaux à l’accompagner. Sa narration n’y est pas jugée suffisamment explicite. Embarquer pour ses voyages n’est pas évident en territoire mangaka.
Des immeubles et panneaux publicitaires de Séoul, ambassadeurs vénaux d’une société consumériste, Jung-hyoun eut cure, y substituant la dématérialisation du quotidien par un intense bouillonnement cérébral.
Elle décide alors de changer d’horizon et présente sa candidature à la Maison des Auteurs d’Angoulême… le centre du monde pour ce qui concerne la bande dessinée. Elle y est acceptée en 2008 pour une résidence de quatre années qui prendra fin en 2012, bénéficiant d’une bourse coréenne d’un an, ainsi que d’un atelier et d’un logement pour les deux premières années mis à disposition par la Maison des Auteurs.
Jung-hyoun a le temps…
Malgré son introversion qui la rend si attachante mais ne favorise guère la constitution du réseau nécessaire à la carrière, épaulée par les animateurs de la Maison des Auteurs, elle saura attirer l’attention de ces défricheurs de talent que sont les éditions Frémok. Jung-hyoun y publiera son prochain ouvrage Les Jumeaux en avril.
Librement inspirée du mythe des Jumeaux célestes, successeurs des dieux, jouant de la vie et de la mort à leur guise, se déroule une histoire détextuée, toute en troublante émotion, où chaque page finement crayonnée aux gris subtils, évoque un tableau, énigmatique et envoûtant.
Jean-Luc Hinsinger