Influences (n. fem. pluriel)
  1. Fluide provenant des astres et agissant sur la destinée humaine.
  2. Action exercée sur quelqu’un.
  3. Action exercée sur quelque chose.

Les Influences

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#Politique

Assister à l’effondrement de l’empire colonial

Publié le 4 avril 2012 par

1945 L’Empire rompu, de Henri de Wailly (Perrin)

veille.gifC’est une histoire encore largement méconnue dans la France de 2012 : en une journée, celle de sa libération, le 8 mai 1945, la France a perdu. Tout perdu. Brusquement au Levant (Syrie et Liban), en Indochine et en Algérie, se libèrent de puissantes et profondes lames de fond des sociétés colonisées. Mouvements de foule, aspiration à l’autonomie et à la dignité. Alors que les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont théorisé leur décolonisation, le général de Gaulle -malgré son discours généreux de Constantine en décembre 1943- s’arc-boute sur une splendeur déjà morte mais qu’il veut croire intacte du grand roman national. Sa méconnaissance absolue de la Syrie et du Liban, mais aussi de l’Indochine va contribuer à vingt ans de guerres, d’horreurs et de gâchis en tous genres.
Henri de Wailly retrace l’épure de la désintégration de l’empire colonial français. Spécialiste de la Syrie, il met en perspective le désastreux reniement de la France, pourtant signataire en 1941, d’un principe d’indépendance de l’ancien protectorat. C’est au canon et sans aucun ordre précisément démocratique, que Damas est violemment bombardé, que le premier gouvernement indépendant est arrêté et que s’inscruste une haine mémorielle. La parole française sera laborieusement tenue par la coercition de l’armée anglaise. Henri de Wailly rappelle ainsi que la fête nationale syrienne correspond au jour où le dernier militaire français a quitté le pays.

L’auteur réanime aussi les personnalités perspicaces et conciliantes que furent les généraux Catroux et Leclerc. Ils s’illustrèrent pour le premier dans l’apaisement de la poudrière syrienne, pour le second dans le bourbier indochinois. Ils surent obtenir la confiance, et même le respect de leurs interlocuteurs. Mais en vain. C’est tout le paradoxe de la décolonisation française : là ou ces deux militaires d’exception firent de la politique au plus près du terrain, de Gaulle et la classe politique française à des milliers de kilomètres du problème se contentaient de techniques de police et de répression, et de communication frustre et paternaliste. Ce qui nourrira le ressentiment des leaders indépendantistes les mieux disposés à l’égard de Paris ( Jamil Mardam Bay, Hô Chi Minh, Messali Hadj), et la haine libérée des foules. Selon Henri de Wailly, la France voit voler en éclats et pour longtemps, toute la séduction diplomatique et l’influence dont elle aurait pu faire preuve sur ses anciennes colonies.

Sans naïveté non plus, l’historien prend également en compte la guerre de mouvements et d’ombres chinoises entre les deux empires, britannique et français, recherchant de nouvelles marques d’influence. Henri de Wailly estime que c’est dans la coriace mésentente entre de Gaulle et Churchill que se trouve aussi l’une des clés du dossier noir de la décolonisation française.

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