Luc Boltanski, 1er lauréat du prix Pétrarque
Publié le 30 juin 2012 par Rédaction LI
Le Monde et France Culture ont attribué leur prix au sociologue, devant Romain Bertrand, Pierre Rosanvallon et Laurent Bouvet
Selon ses organisateurs, ce prix médiatique « récompense un essai écrit par un auteur de langue française qui éclaire d’une lumière nouvelle les enjeux démocratiques contemporains, et publié durant l’année en cours. »
Le prix sera officiellement remis le 17 juillet 2012 à Montpellier, dans le cadre des XXVIIe « Rencontres de Pétrarque », à Montpellier, co-organisées là encore par France Culture et Le Monde.
Directeur d’étude à l’EHESS et auteur notamment du Nouvel esprit du capitalisme, (1999, en collaboration avec Ève Chiapello), ou encore De la critique, (2009), Luc Boltanski à 72 ans, s’intéresse aux troubles paranoïaques qui imprègnent les sociétés contemporaines. Dans cet essai inspiré en effet que l’on ne lâche pas tel un thriller scientifique, Il fait son miel rare du développement concomitant au tournant des XIXe et XXe siècles, du roman policier dont le cœur est l’enquête, et du roman d’espionnage, qui a pour sujet le complot, mais aussi de la psychiatrie inventeur de la paranoïa et d’une sociologie productrice de formes de causalités sociales déterminant nos entités, individuelles ou collectives.
Le jury du Prix Pétrarque était composé cette année de Brice Couturier, Hervé Gardette, Emmanuel Laurentin, Sandrine Treiner (France Culture) et de Jean Birnbaum, Anne Chemin, Julie Clarini, Nicolas Weill (Le Monde). Et il ne devrait pas changer sa composition pour l’édition 2013.
Petite enquête interne (sans chercher de complot paranoïaque et en écartant de fausses énigmes) : « Ce prix n’est pas et ne sera pas doté « , assure Jean Birnbaum, rédacteur en chef du Monde des Livres. La figure de Luc Boltanski s’est imposée assez facilement à l’aréopage de journalistes. L’essayiste outsider était Romain Bertrand pour son ouvrage magistral L’Histoire à parts égales. Récits d’une rencontre Orient-Occident (XVIe-XVIIe siècles) (Le Seuil, 2011). « Nous avons débattu d’autres ouvrages tels La société des égaux, de Pierre Rosanvallon (Seuil, 2011 ) et Le sens du peuple de Laurent Bouvet (Gallimard/Le Débat, 2012) » précise Julie Clarini, responsable des sciences humaines et sociales du supplément littéraire.
Néanmoins, peu de détails ont filtré quant aux modalités de sélection.
Le Monde des livres se recherche un nouveau rôle d’arbitre
Cependant, remarquons que Le Monde des livres recherche de nouvelles marques d’arbitre de la république des livres. A côté de ce prix pour la non fiction, le journal a également lancé cette année son prix littéraire. Stratégiquement et symboliquement, le quotidien a profondément remanié son supplément, durement décrié pour son arrogance et son entre-soi tout le long de la décennie 2000. Mais le fait de faire collaborer dans la nouvelle formule, nombre d’écrivains, chercheurs et universitaires et sous-traiter bien des critiques dans ses pages, ne menace t-il pas à terme le nécessaire travail de distance ? Ne risque t-il pas de mettre le soupçon à la place d’un enthousiasme sincère sur tel ouvrage ou tel auteur ?
En tous les cas, à l’ombre du tilleul, l’heureux lauréat Luc Boltanski -dont c’est à notre connaissance le premier prix livresque décerné – prononcera le 16 juillet 2012 à 17h30 la leçon inaugurale des XXVIIème Rencontres de Pétrarque. Elles ont pour thème central une grande inquiétude paranoïaque : « Notre avenir est-il démocratique ? ».