Wombat
Publié le 16 novembre 2012 par Vanessa Postec
Vous connaissez le wombat ? Il n’est pas certain que vous en sachiez beaucoup plus sur lui après lecture de Will Cuppy. Mais un peu quand même. Classé fort à propos dans la catégorie des « mammifères problématiques », au même titre que le bandicoot ou le loup de Tasmanie, le wombat est, selon l’auteur du best-seller posthume Grandeur et décadence d’un peu tout le monde, un « animal au physique trapu, avec de courtes pattes et une allure générale fruste et négligée. Certains trouvent qu’il ressemble à une grosse marmotte. La vérité, c’est qu’il ne ressemble pas à grand-chose. » Ajoutons que le wombat est de surcroît, et en dépit de son amabilité naturelle, un bien piètre compagnon pour qui souhaite l’adopter ; la bête, par essence noctambule et fouisseuse, étant principalement intéressée par le forages de tanières sous le plancher. Ce qui, au final, ne devrait pas poser de problème majeur, car « on ne peut pas se procurer un wombat, de toute manière, à moins d’être une institution zoologique accréditée –et qui l’est ? ».
Comment attirer le wombat est un traité de zoologie appliqué à l’humour. A moins que ce ne soit le contraire, les choses, ici, ne sont pas très claires, le genre flou, les contours mal définis. Mais ce qui compte vraiment, même si l’on sait peu de choses sur le wombat, c’est que l’on en sait désormais l’essentiel. Et que l’on découvre au fil des pages de cet anti-manuel, non sans un plaisir un peu pervers, qu’il existe des « insectes optionnels » et des « oiseaux incapables de chanter et qui le savent », au premier rang desquels le pélican ou le canard. Et aussi que « officiellement, le lièvre belge est en fait un lapin. Quant au lièvre à l’anglaise, ou civet de lièvre, il n’a pas eu de chance, c’est tout. » Mais ce que l’on devine surtout, c’est que l’on a affaire ici à un auteur au talent démesuré, capable de nous faire prendre des vessies pour des lanternes et un wombat… pour un wombat. Will Cuppy était misanthrope et asocial. Durant l’entre-deux-guerres, il écrivit des textes humoristiques pour le New Yorker et le Herald Tribune. Puis il a fini par se suicider. Comme si sa mère, bien des années plus tôt avait, dans le même mouvement, fauté avec Medrano et Cioran.