Influences (n. fem. pluriel)
  1. Fluide provenant des astres et agissant sur la destinée humaine.
  2. Action exercée sur quelqu’un.
  3. Action exercée sur quelque chose.

Les Influences

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#Chine #Flammarion #Géopolitique #Heriberto Araùjo #Juan Pablo Cardenal

World made in China

Publié le 28 janvier 2013 par

« Le siècle de la Chine »(Flammarion) ou le kaléïdoscope de la toute puissance chinoise dans le monde entier. Pour aller où ?

Géopolitique. Le titre de l’adaptation française, Le Siècle de la Chine, est beaucoup moins percutant que le titre original de l’édition espagnole, La silenciosa conquista china (La Conquête silencieuse de la Chine), mais l’enquête mondiale de Heriberto Araùjo et Juan Pablo Cardenal, deux reporters espagnols chevronnés, documentent de façon exceptionnelle sur la nouvelle diaspora chinoise, celle des « Mingongs » qui se répand et s’impose petit à petit dans le monde entier. Un document, de plus bien écrit et qui balaie large : on connaissait l’Empire du milieu, mais on sous-estimait l’Empire au milieu du monde.
L’idée force du livre est qu’à l’instar des anciens Empires qui envoyaient leurs bagnards, prostituées et aventuriers de toutes sortes coloniser les terres lointaines, la Chine elle fait essaimer sur la planète, ses bataillons de chômeurs. L’émigration, organisée par les agences d’exportation de main d’oeuvre, permet ainsi au pays de s’exonérer d’un lourd et couteux fardeau social et d’augmenter son influence à l’extérieur de ses frontières. Ces millions d’ émigrés plus ou moins volontaires, défiant l’inconnu et parfois la xénophobie ou l’insécurité, s’installent dans les endroits les plus improbables de la planète, du Groenland à l’Angola, du Soudan au Pérou, de la Russie extrême-orientale à la Birmanie. L’enquête débute ainsi par l’image saisissante d’une femme shanta sini, c’est-à-dire vendeuse à la sauvette de vêtements et de tissus dans les immeubles du Caïre. Révolution égyptienne ou pas, les Chinois caïroites se sont imposés dans le commerce ambulant du textile. De même, les migrants parviennent à s’installer au Proche-Orient sans encore susciter l’ire des nations arabes et d’Israël. « Les Chinois sont toujours chinois, où qu’ils soient » notent les enquêteurs.

L’idée force du livre est qu’à l’instar des anciens Empires qui envoyaient leurs bagnards, prostituées et aventuriers de toutes sortes coloniser les terres lointaines, la Chine elle fait essaimer sur la planète, ses bataillons de chômeurs

Deux traits caractérisent leurs comportements où qu’ils se trouvent : le « phénomène fascinant » du Chinatown et le contrôle vertical de la production. Cet « impérialisme silencieux » est d’autant plus important et rapide que l’Occident s’enfonce depuis 2007 dans la crise : « Car la crise a non seulement contribué à renforcer la présence chinoise dans le monde en développement, mais elle a aussi incité le géant asiatique à s’immiscer dans les économies occidentales, européennes notamment. » A l’exemple caricatural du Port du Pirée, en Grèce, gobé par les Chinois. Mais également de l’ Angola qu’ils reconstruisent complètement. Mais aussi des terres arables de l’Afrique qu’ils louent, du pétrole au Soudan qu’ils exploitent tout en soutenant fermement le régime de la république islamique, des marchés du BTP et des constructions de routes qu’ils tiennent au Mozambique, du biotope des derniers tigres blancs en Sibérie qu’ils déforestent, du secteur de la coiffure à Vladivostock dont ils sont les petites mains, des mines de fer du Pérou qu’ils exploitent et polluent sans problème, ou encore, du gazoduc stratégique du Turkménistan dont ils ont assuré la construction et qu’ils surveillent jalousement. L’exemple le plus troublant décrit dans le livre concerne les relations économiques et les coopérations humaines de la Chine avec les généraux de la Birmanie, notamment dans l’extraction du jade, effectuée dans des conditions effrayantes et moyen-âgeuses. La souplesse de l’émigration chinoise est de s’adapter au paysages culturels et politiques variés mais pour mieux en tirer partie.

Araùjo et Cardenal appellent ce phénomène, une « paix sino-cynique« , avec laquelle les partenaires de la Chine se trouvent embringués dans un jeu de dupes. Ce n’est pas la Chine qui s’ouvre au monde, mais bien le monde qui se jette dans les bras de la Chine. Alors gros panda qui n’assurerait que les acquis d’une puissance géopolitique stable, ou dragon agressif prêt à tout manger ? Les deux enquêteurs ne tranchent pas, et c’est la faiblesse majeure du livre. Dans « l’atelier du monde » se cree le pire comme le meilleur, l’inattendu le plus déplaisant qui soit comme le soft power dont l’enquête nous donne un avant-goût.

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