Influences (n. fem. pluriel)
  1. Fluide provenant des astres et agissant sur la destinée humaine.
  2. Action exercée sur quelqu’un.
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Les Influences

Filtré pour vous : L'actualité politique et intellectuelle

#Angela Merkel #Annette Schavan #Hélène Maurel-Indart #Jean-Noël Darde #Martin Heidingsfelder #Mentalités #Plagiat

Martin Heidingsfelder, tueur de plagieurs

Publié le 17 février 2013 par

Quand la médiocrité et la vanité d’universitaires et de politiques créent de l’emploi : Martin Heidingsfelder a fait de la traque aux plagiats, une profession lucrative et redoutée

influenceurs_250.gifA 47 ans, cet ancien footballeur des années 80, natif de Bavière, peut se vanter d’avoir fait tomber une femme politique allemande de premier plan. Le 9 février, la ministre CDU de l’Education, et amie très proche d’Angela Merkel, a du démissionner. Annette Schavan se trouvait sur le grill depuis le 5 février, lorsque l’université de Düsseldorf a constaté que la ministre avait «  systématiquement et déliberément  » triché pour écrire sa thèse de philosophie. On lui retira alors son doctorat et son titre. Annette Schavan déchue récuse le plagiat et vient de porter plainte contre l’université, mais cela va être dur de remonter la pente. La démonstration et les logiciels de reconnaissance du document plagiaire semblent implacables.

La responsable politique de 58 ans s’est fracassée sur la vanité intellectuelle. En 2011, ce genre de plaisanterie a coûté sa carrière à une superstar de la droite libérale, le glamour Karl-Theodor zu Guttenberg qui fut contraint de démissionner de son poste de ministre de la Défense, après que la supercherie de sa thèse ait été révélée et que son titre de docteur lui fut retiré. En Allemagne, on ne badine pas une seule seconde avec le statut symbolique et social de la thèse de doctorat. Elle est signe de prestige et de reconnaissance sociale. Mais si la délinquance intellectuelle est avérée, c’est alors la déchéance morale qui dévaste l’usurpateur. Martin Heidingsfelder est un chasseur de plagieurs. Une activité qui est devenue réellement sa profession depuis 2011.

En Allemagne, on ne badine pas une seule seconde avec le statut symbolique et social de la thèse de doctorat

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Dans un entretien au Süddeutsche Zeitung, le canardeur textuel avoue crouler sous les demandes. Cet ancien diplômé d’une école de commerce annonce ainsi avoir été saisi de l’examen de 80 thèses de doctorats et d’une quarantaine de livres dont quinze officiellement rédigés par des politiques, qu’il passe au peigne fin avec trois collaborateurs. Une analyse préliminaire est facturée 300 euros, chaque journée supplémentaire, 500 euros.
Surtout, les élections législatives fédérales et régionales de 2013 sont propices aux commandes sur tel ou tel candidat qui vante son intellect et ses titres. Heidingsfelder a ouvert Politplag, un site entièrement dédié à la chasse aux plagiats commis par des responsables politiques. Financé selon le principe du crownsourcing, il ouvre la chasse sur tel animal politique, lorsque il a accumulé suffisamment de dons. Un mystérieux commanditaire aurait même proposé au chasseur, une somme à cinq zéros s’il était en mesure de détecter un plagiat dans la thèse d’Angela Merkel que la future chercheuse (1978-1989) de l’Académie des sciences de RDA consacra en 1978 à «  la physique statistique et chimique des processus de recherche sur isotopes et rayonnements  ».

Avant sa mise en lumière assumée, Heidingsfelder agissait dans l’ombre de la piraterie internet. Ce geek intello au passé footballistique se faisait surnommer « Goalgetter ». Il a fait partie des internautes anonymes réunis sur une plateforme qui ont fait tomber deux eurodéputés plagiaires, les libéraux du FDP, Silvana Koch-Mehrin et Jorgo Chatzimarkakis, finalement dégradés de leur titre de docteurs à l’été 2011. Politiquement, le Bavarois a longtemps agi comme un agent double, militant au SPD et secrètement, dans les rangs du parti Pirate qu’il a rejoint définitivement l’année dernière car c’est un adepte de «  la démocratie directe  ». Le pirate est devenu corsaire qui se paie sur la bête à plagier.

En France, la dénonciation des plagiats est assurée par des francs-tireurs de l’Université, ou plutôt des kamikazes

Depuis 2007, la France de la recherche et du savoir, elle aussi, s’est dotée de logiciels de détection de textes plagiés. Mais l’éclairage sur ces pratiques est exercé par des francs-tireurs de l’université, ou plutôt des kamikazes tels que Jean-Noël Darde ou Hélène Maurel-Indart, soumis aux pires avanies et désagréables pressions du microcosme visé. Les rois du copier-coller pour thèses, mémoires et rapports doivent aussi redouter le logiciel de détection de la société Compilatio, fondée en 2005, mais le recours à la technologie n’est pas suffisant : le logiciel de rappel éthique aux étudiants et aux enseignants reste à inventer. La piraterie et la cannibalisation d’autres sources et d’autres talents constituent un phénomène généralisé dans l’enseignement supérieur. Le 19 novembre dernier, l’Université catholique de Louvain organisait sa «  Première journée annuelle à la prévention du plagiat  » en milieu universitaire. On ignore si Heidingsfelder envisage une filiale en France, mais on sait qu’en ce cas, quelques professionnels du savoir et de la recherche, de l’édition et de l’information auraient du souci à se faire.

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