Influences (n. fem. pluriel)
  1. Fluide provenant des astres et agissant sur la destinée humaine.
  2. Action exercée sur quelqu’un.
  3. Action exercée sur quelque chose.

Les Influences

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Séra, passeur de mémoire cambodgienne

Publié le 15 juillet 2014 par

Dessinateur de BD à Paris et plasticien, l’artiste franco-cambodgien souhaite créer le premier mémorial aux victimes du génocide à Phnom Penh, le 17 avril prochain, 40 ans après la folie Pol Pot

influenceurs_250.gif Politique. Il y a au moins deux façons d’aborder Séra. La première, c’est de le cueillir au petit matin, à la sortie du grand hôtel du 7e arrondissement où il officie comme veilleur de nuit. Là, dans la lumière particulière des matins qui se font, on aura une idée du bonhomme. Qu’il soit bédéaste primé, professeur de bande dessinée à la Sorbonne, peintre de talent et plasticien reconnu, Phousera Ing dit Séra reste depuis les années 80, attaché à son travail de veilleur qu’il a vécu comme un job alimentaire mais qu’il vit désormais comme une métaphore de son destin. Veilleur : en avril 1975, il est âgé de 13 ans lorsqu’il assiste à la prise de Phnom Penh par les Khmers rouges. Sa famille se réfugie en dernier ressort dans l’enceinte de l’ambassade de France: l’exil et l’incertitude. Mais son père, un Khmer, ne sera pas du voyage.

sera-portrait.jpg La seconde façon, c’est de se plonger dans son travail d’auteur de bande dessinée et de peintre, qui depuis trois décennies, travaille une matière particulière : celle du génocide cambodgien. Trois ouvrages cernent bien ses obsessions et ses visions personnelles de cette guerre et de ses tragédies : Impasse et rouge, et un diptyque, L’eau et la terre (préfacée par Rithy Panh, 2005, Delcourt) et Lendemains de cendres (préfacée par Bernard Kouchner, 2007, même éditeur). Ces derniers temps, Séra conçoit un projet, celui d’un Mémorial pour le génocide cambodgien qui serait implanté devant l’ambassade de France. C’est que Phnom Penh n’a toujours pas son lieu de mémoire pour commémorer les quelque 2 millions de victimes du régime de Pol Pot. Or, « peut-on imaginer qu’en 2015, date « anniversaire » des 40 ans de la Chute de Phnom Penh le 17 avril 1975 et du commencement du génocide par les Khmers rouges, il n’y ait toujours pas un seul monument ou une seule œuvre qui vienne rappeler à la mémoire des Cambodgiens et à la mémoire internationale cette tragédie de la fin du XXe siècle ?  » demande-t-il dans un communiqué de presse.

Il veut réaliser, sculpter et ériger ce mémorial à l’ambition monumentale, et dédié « À ceux qui ne sont plus là », comme une offrande à la ville et à ses habitants, fantômes compris même s’ils ont tendance à être refoulés par les autorités. Objectif : l’inaugurer le 17 avril 2015.

Peut-on imaginer qu’en 2015, date « anniversaire » des 40 ans de la Chute de Phnom Penh, il n’y ait toujours pas un seul monument qui rappelle cette tragédie du XXe siècle ?

Pour l’instant, le Mémorial est reconnu par le CETC (Chambres Extraordinaires au sein des Tribunaux Cambodgiens) au titre de réparation officielle pour les victimes des Khmers rouges. « Cette initiative répond à l’attente des parties civiles au procès des dirigeants Khmers rouges actuellement en cours, et des nombreux groupes internationaux œuvrant pour la justice », explique l’association française Anou’Savry Thom (que l’on peut traduire du khmer par « La Grande Mémoire ») qui soutient son projet, tout comme l’association cambodgienne, Anvaya. Séra devrait également bénéficier du soutien du Quai d’Orsay et de l’Institut Français à Phnom Penh. Une opération de financement participatif a par ailleurs été lancée jusqu’à la fin du mois de juillet sur le site spécialisé www.kickstarter.

Esquisse du Monument, par Séra.
Esquisse du Monument, par Séra.

Le 17 avril prochain, Séra se trouvera de toute façon devant le portail de l’ambassade de France. Une habitude qu’il a prise depuis 2004. Cette année-là, il a découvert les circonstances et la date de l’assassinat de son père en décembre 1978, refoulé par la France et exécuté quelques années plus tard par les sbires du régime. Le 17 avril prochain, à cet endroit encore, une mémoire de métal imposera peut être un foyer de méditation à la place d’une amnésie collective.

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