Laurent Mauduit, prédateur de prédateurs

Cofondateur de Mediapart, journaliste économique, Laurent Mauduit vient de publier Prédations (La Découverte), une enquête sur l’histoire française de la privatisation des biens publics.

ÉCONOMIE. Que reste-t-il à privatiser quand il n’y a plus rien à privatiser ? L’État lui-même. La Covid-19 a mis en exergue tous les manquements publics, réveillant les questions chargées sur la protection, les nationalisations ou encore, les biens communs. Depuis quelques années déjà, Laurent Mauduit enquête et décrit dans ses livres, la lente élaboration d’un dessaisissement de l’esprit public et d’un pacte social. Son dernier document intitulé La Caste analysait à l’acide, comment des hauts fonctionnaires dissolvaient de l’intérieur, les dernières valeurs. Cette fois, l’auteur monte d’un cran : l’État s’auto-cannibalise. La démonstration est minutieuse et la fresque des privatisations françaises sur trente ans convaincante. Il a plongé loin. «  Ce qui me change de ma profession où l’on fait des formats courts, c’est qu’un livre d’enquête permet d’utiliser d’autres ressources documentaires comme l’histoire. J’aime de plus en plus utiliser l’histoire et sa mise en perspective. Les privatisations, l’indépendance de la presse, la protection sociale, tous ces sujets qui m’ont intéressé, constituent de vieux débats démocratiques aux racines anciennes  ».
Le phénomène s’est accéléré à partir de 1986. Secteurs bancaires et financiers, industries de pointe, transports, énergie et communication sont émiettés. Même si le maillage social, lui, résiste, la Sécurité sociale, l’hôpital public, La Poste et SNCF, dans une certaine mesure les universités se trouvent ainsi bousculés, perdant toujours plus d’identité et de savoir-faire.

Il reste 70% de cet article à lire dans Le Caoua des idées n°8 (édition du 25 septembre au 1er octobre 2020).

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