Islamisme, racialisme, idéologie décoloniale : « Que les chercheurs ne soient plus intimidés par ces militants des nouveaux racismes »
Publié le 12 décembre 2020 par Rédaction LI
L’historien Emmanuel Debono est le nouveau rédacteur en chef de la revue « refondée » de la LICRA.
« Le savoir est franchement menacé par la lame de fond du complotisme et de la cancel culture. »
Fallait-il se débarrasser du titre, un peu bizarre et oublié, de la revue : Le Droit de Vivre, imaginé par Bernard Lecache, journaliste fondateur ? Près de 90 ans après, même s’il revêt l’acronyme DDV, « Le droit de vivre » reste d’actualité. Trimestriel, le magazine à la lenteur assumée peut se retrouver stressé par l’actualité. Ainsi le n° 1 était bouclé avec une couverture spectaculaire dédiée au « crime contre l’humanité » qu’exerce le pouvoir chinois sur les Ouïghours de confession musulmane. La décapitation du professeur Samuel Paty a changé la donne. L’enquête est toujours bien présente dans le numéro, mais Le DDV a saisi l’événement et clairement annoncé son intention : « devenir un outil intellectuel de combat » pour détruire les idées fausses et les fakes news des racismes anciens et très nouveaux. Les contributions de chercheurs comme Pierre-André Taguieff, d’éditorialistes comme Philippe Val ou Raphaël Enthoven, ou de proches du Printemps républicain ne manqueront pas de faire grincer les dents d’une partie de la gauche qui se réclame de l’antiracisme et d’une laïcité « apaisée ».
« L’islamisme, voilà l’ennemi », précise Emmanuel Debono dans son éditorial : « Le relativisme, la confusion et la désinformation sont d’utiles marchepieds pour le totalitarisme. » Le copieux dossier sur « l’idéologie décoloniale : un antiracisme d’exclusion » prend un relief particulier. « De nombreux enseignants-chercheurs n’osent pas malgré leurs compétences, prendre la parole et transmettre, nous indique Emmanuel Debono. Il faut qu’ils nous documentent absolument, et ne se laissent plus intimider par les militants de ces nouveaux racismes que sont les racialistes, les décoloniaux, les indigénistes, les compréhensifs de l’islamisme qui sévissent, eux aussi, dans les instances universitaires et de recherche. Le savoir est franchement menacé par la lame de fond du complotisme et de la cancel culture. Les combats de tribunes ou les interventions à tout bout de champ sur les réseaux sociaux ne me paraissent pas excessivement efficaces. Il faut travailler et penser encore. » Le droit de vivre et de penser.
*Le Racisme dans le prétoire, Emmanuel Debono, Puf, 696 p., 26 €. Paru septembre 2019.
Nouvelle formule
« La République de Samuel Paty » claque à la une de la nouvelle formule, avec le visage du professeur assassiné représenté par le street-artiste C215. Dites DDV pour « le droit de vivre », et n’oubliez pas la vocation « universaliste » de la revue. Un tirage de 10 000 exemplaires et 2 500 points de vente kiosque (sans oublier les librairies), la revue reste modeste. Confronté aux mêmes problèmes que la presse, un lectorat vieillissant et une digitalisation croissante de l’information, la revue de LICRA tente la relance en prenant des couleurs et une ampleur publique. Seuls, les journalistes sont rétribués pour leurs enquêtes de terrain. Le gros des contributeurs reste les chercheurs et intellectuels. Dans ce numéro, on trouve également des entretiens avec Élisabeth Moreno, ministre déléguée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Tania de Montaigne, auteure de Noire ou la vie méconnue de Claudette Colvin (Grasset), ou encore Tristan Mendès-France sur les nouveaux publics du complotisme.
Le DDV n° 681, décembre 2020, 9,90 p. En kiosque ou sur www.licra.org
Une première version de cet article a été publiée en primeur dans la Newsletter Le Caoua des idées n°19 (Édition du 11 décembre au 17 décembre 2020).