Influences (n. fem. pluriel)
  1. Fluide provenant des astres et agissant sur la destinée humaine.
  2. Action exercée sur quelqu’un.
  3. Action exercée sur quelque chose.

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Pourquoi les animaux deviennent assourdis et aphones

Publié le 2 mars 2021 par


Qu’on se le dise, le chant du coq ne vivra pas son chant du cygne. Le jeudi 21 janvier 2021, les députés ont examiné une proposition de loi sur la protection du « patrimoine sensoriel » des campagnes, adoptée à l’unanimité au Sénat. L’auteur de la proposition, le député de Lozère Pierre Morel-À-L’Huissier (UDI), vise la dissuasion des plaintes des néo-ruraux et des touristes contre les bruits naturels qu’eux estiment intempestifs : coqs claironnant, chiens aboyeurs et vaches trop remuantes, concert d’insectes ou de grenouilles. Dix-huit mille plaintes visant ces bruits ruraux ont été déposées en dix ans. Et si, à l’inverse, c’était toute la faune qui était dérangée et même menacée par les bruits humains ?

#anthropophonie : Mettre en relief les dégâts insoupçonnés de la pollution sonore humaine sur la faune

En effet, pourquoi la mésange charbonnière zinzinule-t-elle de plus de plus dans les aigus en ville ? Pour se faire entendre dans le brouhaha. Le rossignol berlinois, lui, chante en douceur le week-end, et beaucoup plus fort les jours de la semaine pour couvrir le trafic. L’excellent ouvrage du biologiste et bioacousticien Nicolas Mathevon, Les animaux parlent, qui traite de ses recherches sur la diversité des vocalisations animales, met l’accent sur un phénomène encore mal évalué : l’anthropophonie. Terme forgé par le musicien bioacousticien Bernie Krause, il relève des effets du bruit humain sur l’environnement et met en relief des dégâts sonores insoupçonnés, à l’instar de l’anthropocène qui influe sur les éléments physiques. « Les sources des bruits anthropophoniques ne manquent pas ! Depuis la révolution industrielle et l’explosion démographique, l’anthropophonie est devenue mondiale », rappelle Mathevon.

Les effets sont multiples et profonds : les communications, la répartition spatiale, les comportements alimentaires des animaux sont parasités si ce n’est affectés par les activités humaines. Sous l’eau ce n’est pas mieux, les bruits humains telles que les explosions sous-marines, les moteurs des bateaux et les ondes produites par l’industrie peuvent jusqu’à tuer le précieux zooplancton, déranger et désorienter les dauphins et les baleines à bosse. L’écoacoustique montre que le grand concert du vivant perd en complexité et a du mal à s’adapter au bruiteur humain. Selon Bernie Krause, 50 % des conversations animales qu’il a enregistrées auront disparu dans un demi-siècle. Laissons encore vagir les crocodiles et striduler les criquets.

Les animaux parlent, Nicolas Mathevon, HumenSciences, 514 p., 23 €. Paru janvier 2021.

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