Guy Birenbaum, Trouville à Parr
Publié le 31 mai 2021 par Rédaction LI
L’idée : Arpenter inlassablement la plage comme un terrain d’aventures mouvant. C’est la démarche de Guy Birenbaum, fervent piéton de Trouville, dans son livre, La Vie est une plage (Villa Gipsy).

Il y a plus d’une décennie, dans un long portrait d’enquête consacré à Guy Birenbaum, alors premier blogueur politique de France, chroniqueur, éditeur, essayiste, nous concluions par : « Au fond, il a du mal à construire. C’est normal, sauf par des moyens de corruption, les plages ne sont pas des terrains constructibles.»
On ne croyait pas si bien dire, et en même temps on se trompait pour l’avenir. Car c’est bien sur cette même plage – et pas une autre-, que Guy Birenbaum, un « burn-out » plus tard ( ou plutôt comme il l’écrit, un « burn-it », brûlé de l’intérieur), s’est reconstruit, un peu moins friable qu’un château de sable. Guy Birenbaum est devenu plagiste, et cela lui va bien. Depuis quelques années maintenant, il est le piéton de Trouville-Deauville, arpentant son tendre territoire avec une fidélité admirable, encapsulant avec son appareil-photo, « des ballades silencieuses qui me permettent souvent de découvrir des scènes bizarres, cocasses, étranges ». Dans un délicieux petit livre, fabriqué à la bonne franquette avec ses amis et sa fille Capucine, résolument La Vie est une plage estime-t-il. Une vie tremblée par les miroirs de l’eau, les embruns mousseux et parfois même le soleil normand (à moins que ce ne soit un mirage). Réchauffée par des accents colorés, des jaunes citron acide, des bleus méthylène et des rouges coquelicot. Envoutée par le vent, les choses qui s’animent et les détails qui disent tout.
Dans cette ville qui n’aime rien tant que de se placer dans les traces d’écrivains, et même de s’asseoir dessus, de Duras à Flaubert les bancs des Planches leur sont tous attribués, Guy Birenbaum, lui, rend hommage à Martin Parr. Le photographe anglais lui a insufflé ce goût des images à la fois humaines et distantes, pince-sans-rire, décalées. Le Trouville birenbaumien est une sociologie amusante des postures balnéaires ( les gens sont le plus souvent pris de dos, comme si l’on se trouvait dans les coulisses du petit théâtre) et la scène sans cesse revivifiée des sentiments. Sur la plage, l’humour et l’affection s’abandonnent volontiers. En mémorialiste des sables, le photographe saisit la lueur d’un instant, la vérité d’un moment, une jolie association d’idées. L’inquiétude des nuages noirs et des solitudes est vite chassée par l’air vif et les traces d’indigo. Tous à Trouville !
La Vie est une plage, Guy Birenbaum, Villa Gipsy, 125 p., 18,50 €. Paru septembre 2020. Disponible vente en ligne.