Influences (n. fem. pluriel)
  1. Fluide provenant des astres et agissant sur la destinée humaine.
  2. Action exercée sur quelqu’un.
  3. Action exercée sur quelque chose.

Les Influences

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Le philosophe et le dictionnaire

Publié le 1 septembre 2021 par

André Comte-Sponville publie la 3e version de son dictionnaire très personnel. Où le lecteur se promène à « à sauts et à gambades ».

Par François L’Yvonnet


André Comte-Sponville, Dictionnaire philosophique, 3e édition revue et augmentée, PUF, 33 € (parution : août 2021).

Un dictionnaire de philosophie (les éditeurs scolaires en proposent à foison) se doit d’être « impersonnel », gage d’une certaine objectivité. On oublie l’auteur et c’est tant mieux. Trop de ces dictionnaires ne sont souvent dictionnaire que de dictionnaires. D’où les mêmes définitions, les mêmes références. D’où les approximations répétées. Alors qu’un dictionnaire philosophique est par définition personnel. Non qu’il exprime des opinions, dans ce cas serait-il encore philosophique ? mais parce qu’il procède d’une démarche philosophique. Celle d’un philosophe qui expose sa pensée le plus librement qu’il le pouvait « selon l’ordre ou le désordre alphabétique, sans autre contrainte, à chaque fois, que de définir cela même dont il parlait ».

La troisième édition du Dictionnaire philosophique d’André Comte-Sponville, enrichie de plusieurs centaines d’entrées, est d’une lecture particulièrement plaisante. On s’y promène « à sauts et à gambades », selon l’expression de son cher Montaigne. L’ordre alphabétique est certes arbitraire mais, comme le disait un mathématicien célèbre, le hasard peut produire des monstres. Des monstres d’ordre. La contrainte formelle, ici celle de l’alphabet, comme ailleurs celle de l’alexandrin ou du quatrain, permet de jouer librement des contraintes que l’on s’impose. « L’art naît de contraintes et meurt de liberté », disait Boileau.

Sont convoqués, au gré des entrées, tous les grands auteurs de notre tradition philosophique (de Parménide à Régis Debray), avec une place particulière réservée aux maîtres – ou amis – qui peuplent le panthéon intellectuel de l’auteur : Épicure, Montaigne, Spinoza, Alain, Simone Weil, Lévi-Strauss, Conche ou Rosset… Il y a aussi des philosophes (et des philosophies) qui lui sont à l’évidence plus étrangers, comme Heidegger, par exemple. Les heideggeriens le regretteront sans doute. Mais ceux-ci ne voient et ne croient qu’en Heidegger !

Si les références renvoient pour l’essentiel à la tradition philosophique occidentale (continentale et analytique), les pensées de l’Orient et de l’Extrême-Orient (indiennes et chinoises) ne sont pas absentes. D’importantes entrées conceptuelles leur sont réservées.

Nous retiendrons aussi, chose rare aujourd’hui, certaines fidélités intellectuelles, comme celle qui lie l’auteur à la pensée d’Althusser, qui ne sont jamais idéologiques ou partisanes. Quels qu’aient été les engagements de jeunesse de l’auteur.

En somme, voici enfin un dictionnaire. Un vrai. Qui définit, c’est sa vocation. Qui est philosophique, c’est sa raison d’être. Et de plus, qui est écrit, dans une langue claire et élégante. Que demander de mieux qu’un authentique « manuel », autant dire un livre que l’on gardera toujours à portée de main.

                                                                           

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