Influences (n. fem. pluriel)
  1. Fluide provenant des astres et agissant sur la destinée humaine.
  2. Action exercée sur quelqu’un.
  3. Action exercée sur quelque chose.

Les Influences

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#Idées #Macron #Politique

Macron, ou les illusions perdues de l’historien François Dosse

Publié le 23 février 2022 par

L’idée : Ce proche d’Emmanuel Macron et qui lui fit rencontrer le philosophe Paul Ricœur publie le 3 mars, Macron ou les illusions perdues (Le Passeur), un gros ouvrage de rupture intellectuelle et politique.


#SUR-LA-PILE #2022

Autant divulgâcher tout de suite, les faiseurs de buzz et les médias de la castagne en seront pour leurs frais : Macron ou les illusions perdues (Le Passeur, 413 p., 21€), signé de l’historien très méticuleux des idées François Dosse est nullement un pamphlet. Qu’il le voudrait, qu’il ne saurait pas faire. Et ce n’est pas pour le spectacle que l’on lira son analyse. Certes, Emmanuel Macron est silhouetté en Rubempré, le héros ambitieux (et qui finit mal) des Illusions perdues de Balzac. Mais nul débordement lacrymal, ni tambourinement de poitrine, pas plus que d’insultes à la capitaine Haddock dans cette somme de 400 pages. Que ce soit dans une tribune du Monde, ou dans un entretien accordé ici aux Influences en 2019, l’essayiste avait déjà donné les grandes lignes des raisons de sa « rupture » avec celui qu’il avait tant admiré, tant aimé et tant encouragé. Un quinquennat plus tard, aujourd’hui chercheur associé à l’Institut d’Histoire du temps présent et professeur émérite à Paris XIII, il étaie avec ce livre, le détachement du jeune président d’une pensée qui l’avait pourtant robustement constitué, celle du philosophe Paul Ricœur et de sa « vie bonne, avec et pour autrui, dans des institutions justes.» Le disciple ricœurien est surtout devenu machiavélien.

Si on a toujours peine, un quinquennat plus tard, à définir ce qu’est le macronisme, l’exercice du pouvoir macronien, lui, est richement documenté

François Dosse perçoit même les faiblesses du président dans le dernier acte de son exercice, celui de la pandémie historique mais qui au-delà de son caractère inédit, aura été le terrain de jeu pour un « florilège de bêtises» du pouvoir macronien. Car si on a toujours du mal à identifier le macronisme, l’exercice du pouvoir macronien lui est richement documenté. L’historien repasse lentement son scanner sur les séquences et les points saillants de ce premier exercice : son ingratitude, sa verticalité jupitérienne, son nationalisme culturel, son tropisme néolibéral, son écologisme de circonstance, son goût pour le séparatisme et les frontières (la question des migrants est le point nodal du désaccord entre l’historien et le président). L’essai est un gros ouvrage de rupture qui démantèle chapitre après chapitre, ce quinquennat dépeint comme celui de l’infidélité d’un homme à ce qu’il tenait pour essentiel une seconde encore avant d’être élu. Du bilan et de la vie d’avant, ne reste plus que sa fidélité ricœurienne à l’Europe.


Les Influences reviendront largement sur ce livre avec un long entretien de François Dosse dans le n°11 de sa revue papier Idées (mars 2022).

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