Moi, président.e : les petits conseils de The Conversation
Publié le 16 mars 2022 par Les Influences
L’idée : Le site d’analyses universitaires de l’actualité propose son manuel d’élection présidentielle 2022. Trop tard ou trop tôt ?

Après le (très bon) podcast, le livre. Le site d’analyses universitaires de l’actualité, The Conversation, l’a construit à la manière de ces manuels ludiques de bien-être et de psychologie américains. Moi, président.e (Les Équateurs) déroule en 12 items dégraissés de tout jargon académique, quelques petits leçons à retenir pour accéder à l’Élysée, – ou pour l’électeur éclairé les nouvelles règles du jeu de l’accessibilité. Dirigé par Fabrice Rousselot et Cléa Chakraverty qui ont mobilisé des chercheurs, politistes et experts de la communication, le jeu de l’oie élyséen est séquencé par des étapes difficilement contournables. L’ego semble être une clé en or et le mot-clé de tout aspirant, qui ouvre, circule tout le long et conclut l’ouvrage. En premier lieu, par la rhétorique (très utile chapitre de Juliette Dross) et la communication tout azimuts, où l’on peut manier l’art explosif de l’insulte, la tactique du clivage ou pas et les apparences symboliques. La règle n°1 serait même de se « la jouer people ». Avec tous les effets pervers et l’ambivalence que cela induit, indique l’historien du journalisme et des médias Alexis Lévrier. Dans la démocratie d’opinion, même le vestiaire se doit d’être sérieusement étudié, ne souffre aucune négligence et fait absolument le moine (règle n°8), stylise le spécialiste des représentations politiques François Hourmant, il s’agirait même d’« être bien dans son habit ». Tout comme les rituels que l’on saura maîtriser et même incarner, les lobbies qui devront être mis à distance. Une présidente ne semble plus être une idée pittoresque, mais règle n°10 prévient la politiste Réjane Senac, il faut se méfier du « sexisme bienveillant » qui provoquerait la dérive de l’égalité, substrat de l’émancipation et de la cohérence républicaine.
La fin de l’hyper-président en 2022 ? Il semble qu’il faudra patienter un peu
Une leçon ironique s’est glissée sans crier gare dans ces pages : l’inattendu, consubstantiel à toute présidentielle. Cléa Chakraverty et Fabrice Rousselot se demandent dans leur préface, si 2022 ne signerait pas la fin de l’hyper-président ? On attendra un peu. Le livre à peine imprimé, que l’invasion russe en Ukraine bouleversait la donne. De fait, le livre se trouve déshydraté par une actualité brûlante. Les élections présidentielles 2022 seraient pliées, comme le distille depuis quelques jours, une petite musique, Emmanuel Macron bénéficiant en période de conflit, de l’« effet drapeau » – ce qui n’est pas prévu dans le manuel. On pourra toujours remiser Moi, président.e jusqu’en 2027, impétrantes et impétrants auront d’ici là, tout loisir d’en écorner et annoter les pages, révisant fiévreusement leurs indispensables classiques et réfléchissant sur les diables des détails.
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