Influences (n. fem. pluriel)
  1. Fluide provenant des astres et agissant sur la destinée humaine.
  2. Action exercée sur quelqu’un.
  3. Action exercée sur quelque chose.

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Gérard Chaliand, la résistance dans la peau

Publié le 16 mai 2022 par

Le Portrait. Gérard Chaliand venait de publier ses Mémoires (L’Archipel), lorsque les rumeurs de la guerre en Ukraine sont devenues réalité destructrice. Rencontre avec un spécialiste de la géopolitique, et poète, en lutte contre le temps qui passe et les idées reçues.


Gérard Chaliand, géopoliticien, poète et guerrier nomade. À Paris, avril 2022. ©Olivier Roller pour Les Influences

C’est à Paris. Un studio, ou plutôt une cellule de moine. Il nous attend, avec le thé. Vous propose l’unique chaise, s’assied au bord de son lit. Petit bonze aux yeux de mitraille, deux éclats noirs ramassés sur les champs de bataille du XXe siècle. En venant dans ce coin du XIIIe arrondissement, et cette rue qui porte le nom d’un philosophe mystique, on relisait cette poignée de vers qu’il a écrit : « J’ai connu les chevauchées jaillies du fond de l’Asie/ l’or, le rapt, le sang,/ chaque mot claquait ferme au bout du fouet/ En avions-nous rêvé de villes opulentes et de femmes parées/ du temps où la steppe et nos chevaux étaient tout notre monde. » Gérard Chaliand, quatre-vingt-huit ans, est mieux repéré pour ses analyses géopolitiques et ses essais sur les guérillas que pour ses poésies de Blaise Cendrars eurasiatique. La poésie pourtant, il la porte depuis le début. Elle est de feu, elle est de fer, elle est cheval mongol. Les mots brûlent dans un âtre humain. Dans ses archives, qu’il a dépouillées au maximum, ainsi que sa bibliothèque minuscule (« C’était les livres ou moi, j’ai quand même le sens de la survie »), il a conservé une lettre précieuse. Le 25 novembre 1959, André Breton lui adressait un éloge bienveillant et d’encouragement pour son premier recueil de poèmes publié à la NRF, La Marche têtue. Toute sa vie annoncée à l’âge de vingt-cinq ans dans ces phrases :

Je n’ai pas misé ma vie à demi

J’ai tout jeté dans la balance

J’ai bu à toutes les fontaines du chemin

Plus que mon dû et j’ai couvert plus de chemins.

J’irai jusqu’à tomber d’un seul coup

feu nomade, de la nuit à la nuit.

« J’écris toujours. Mes thèmes sont plus mélancoliques aujourd’hui », nous dit-il, le regard songeur et le verbe net. Gérard Chaliand vient de publier Le Savoir de la peau. Ses derniers Mémoires. Entre nous, on préfère, et de loin, ses premiers, La Pointe du couteau. Un apprentissage du monde (Robert Laffont ; Points, 2013), sans oublier le mémorable Mémoire de ma mémoire (Points, 2014), récit de ce que l’on hérite et de ce que l’on veut oublier. Ici, ce sont les souvenirs sur la peau, comme une buée de souvenirs, d’anecdotes, de figures, de visages, de lieux. Il y a beaucoup de fantômes. Des femmes importantes et singulières. L’Eldorado. Les guerres totales, asymétriques, irrégulières. Les rêveries d’empires nomades. La « pierre de folie » rencontrée chez certains de ses contemporains. La statue de commandeur intellectuel, Maxime Rodinson. Les relations tempétueuses avec l’historien Pierre Vidal-Naquet « volontiers censeur avant d’être juste ». Son ami, le poète Claude Burgelin avec qui, en 1961, il gardait de nuit, la librairie-maison d’édition de François Maspero, La Joie de lire, avec un fusil de chasse et un 7,65 confié par un ancien résistant pour la protéger de l’OAS. Maspero chez qui il publiera une petite anthologie de la poésie populaire des Turcs et des Kurdes, sa première ode aux Kurdes et un second essai, en 1964, L’Algérie est-elle socialiste ? – qui commencera à le « déniaiser » et à lui donner le goût des faits derrière les fictions politiques. Toujours chez Maspero, il est du comité de rédaction de la revue bimestrielle Partisans (1961-1972). Elle est généraliste, littéraire, anticolonialiste, marxiste, curieuse de tout. On y lit Ben Bella, Che Guevara, Marcuse ou Wilhem Reich. Il y croise Georges Perec. Lui se taille la part africaine de la géopolitique, avec Juliette Minces. Et puis, s’égrènent tous ses voyages dans le monde entier, somptueux et risqués parfois, Bakou, Kaboul, Tachkent, Samarcande, Boukhara, Khiva, Téhéran, Martakert, Stepanakert, Bagdad, La Paz, Oaxaca, San Cristobal de Las Casas, Sanaa, Rangoon, Srinagar, Jaffna, Colombo, Borobudur, Rarotonga, Souvarov… Ses Mémoires ont été écrits à Paris et revus à Fontenay-le-Comte durant les confinements de 2020 et 2021. Même un aventurier peut être assigné à résidence par un petit virus. « L’écriture m’a tenu durant toute cette période, un peu comme les trois cents abdos que je fais chaque matin », explique fièrement le vieillard à la silhouette de jeune homme et qui longtemps « a connu l’allégresse physiologique ». Durant l’année 2020, il a également perdu Juliette Minces, sa compagne sans qui il n’aurait jamais été totalement Gérard Chaliand. Avec la jeune sociologue, laïque et féministe, il s’était dépris de quelques fantômes, avait parcouru le monde des années 1970-1980 et commis quelques livres tiers-mondistes. Aujourd’hui, et ce récit en témoigne, les ombres grandissent de plus en plus et mangent de nombreux visages aimés. Mais sur ce sujet, comme sur beaucoup d’autres, il se bat là aussi : « La plupart de mes amis des deux sexes, aujourd’hui, ont entre vingt-cinq et trente ans. Il ne faut pas vieillir avec sa classe d’âge. » Les amitiés malgré tout ne sont plus tout à fait les mêmes que celles des années 1960. Ses rencontres en 1964, puis en 1966, avec l’ingénieur agronome Almicar Cabral, révolutionnaire et organisateur « à l’époque de la guérilla la plus remarquable du continent africain », celle pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert, furent déterminantes. « J’aime les gens qui font quelque chose pour eux-mêmes, qui se battent, qui cherchent à modifier la donne, sans attendre d’assistance et j’apprécie les hommes capables de comprendre ce qu’est un adversaire vaincu : Amilcar Cabral était capable de comprendre les Portugais », écrit-il dans ses Mémoires. Cabral a été assassiné six mois avant l’indépendance par un membre de la branche armée de son mouvement, et les services secrets portugais. Lorsque Chaliand revient pour la dernière fois au Cap-Vert en 1980, il est définitivement vacciné de toute illusion lyrique : le frère d’Amilcar, Luis Cabral, alors président de la Guinée-Bissau, vient tout juste d’être renversé, tout comme ont été chassés les métis cap-verdiens, traditionnellement nombreux dans l’administration de l’ancienne colonie portugaise. Même sans effusion de sang cette fois, « c’était comme une deuxième mort d’Amilcar Cabral » alors qu’il rêvait de l’indépendance de ces deux entités territoriales, la Guinée-Bissau et le Cap-Vert. Des chefs de guerre, il en a rencontré un certain nombre dans sa carrière. Un leader kurde, Abdul Rahman Ghassemlou, fait également partie du petit panthéon de Gérard Chaliand. Avec lui, il partageait volontiers toute « l’intensité des poésies d’Omar Khayyam » pour le temps qui passe.

Après la grande vague tiers-mondiste, les années 1980 et la chute du mur de Berlin. Il explore le congélateur post-soviétique, en suit les courts-circuits et les soubresauts violents. Mais les années 1990 ne veulent rien savoir de ces conflits. Une forme de cancel culture de l’euphorie libérale efface désormais toute réflexion sur la dissuasion nucléaire, les nouveaux dangers en devenir et les ripostes nouvelles. Même la guerre en ex-Yougoslavie est comme un éléphant que l’on ne voit pas. L’histoire n’existe plus, la guerre n’existe plus également dans le grand commerce mondialisé. Universitaires et journalistes se sont déliés peu à peu de ce doctorant en sociologie politique (thèse à Paris V Sorbonne : « Révolutions dans le tiers-monde, mythes et perspectives »), mais observateur jugé indiscipliné, quasi extraterrestre, un brin réac et fasciné par la guerre. Pourtant ses voyages souvent inconfortables « vécus pleinement et toujours aux aguets pour saisir d’autres rapports au monde » lui permettent de composer son ambitieuse Anthologie mondiale de la stratégie (1990). Sa rencontre avec Guy Schoeller qui dirige la collection « Bouquins » chez Robert Laffont a été décisive. « C’était mon éditeur, un homme de culture, à la personnalité parfois fantasque mais qui savait prendre des risques, se souvient-il. Aujourd’hui, je ne connais plus personne dans cette maison, et je crois qu’eux aussi ne me connaissent pas du tout. » Le livre est publié peu avant que n’éclate la guerre du Golfe, en janvier 1991, et devient un classique, lu et commenté notamment à l’École de guerre. Mais l’auteur se tient à part des institutions. « Avec l’Université française, ça n’a jamais trop collé », sourit le géopoliticien, diplômé de l’Inalco, qui enseigne régulièrement, depuis sa retraite, à l’université de Singapour. Il aura été tout de même maître de conférences à l’ÉNA, enseignant à l’École supérieure de guerre et même un bref directeur du Centre européen d’études des conflits, sans oublier enseignant à Berkeley. Le ministère des Affaires étrangères ne crachait pas non plus sur ses analyses. « Et puis j’ai donné des cours de stratégie dans les maquis de l’Érythrée, de la Palestine, du Kurdistan d’Iran et d’Afghanistan », jubile-t-il. Entre-temps, celui qui se qualifie « plus aventureux qu’aventurier » a écumé soixante-quinze pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique. Observé très activement des mouvements de libération nationale, algérien, vietnamien, palestinien, afghan et kurde. De ses expériences précieuses et de ses données de terrain, il a façonné des outils nouveaux et réveillé la discipline. Ses analyses et ses atlas ont redonné le goût pour les cartes et leurs intelligences stratégiques. Que ce soit pour ses dizaines d’essais comme pour ses récits, ses pièces de théâtre, il y a un esprit Chaliand tel que son ami le poète André Velter le décrit dans la postface de Feu nomade, publié il y a six ans : « Trajectoire violente contée d’une voix douce. Expériences sans faiblesse menées le regard clair. Et pas de souci pour les bons sentiments. Chaliand conjugue naturellement ce qui effraie. Ce qui offusque. Ce qui déroute. »

« Entre les bombinettes des perturbateurs islamistes, la Covid et le risque de baisser son chauffage d’un degré, on a peur de tout. Le matériau humain de ce vieux continent, franchement, ça ne casse pas des briques. »

Gérard Chaliand

On est entre Byzance et Pékin, à moins que ce ne soit le Gange, quand bourdonne le téléphone. C’est son ami alter ego, son frère et fils adoptif, Patrice Franceschi. Sur sa jonque La Boudeuse, Gérard Chaliand a partagé de longs mois avec son compagnon d’aventure à remonter le cours de l’Amazonie. L’aventurier-écrivain, autre soutien indéfectible des Kurdes et vice-président de la Société de géographie, s’enquiert de sa santé. Et lui demande son avis sur l’invasion russe de l’Ukraine qui a eu lieu il y a une semaine. Gérard Chaliand lui répète ce qu’il nous a dit : « Salut Patrice. Tout va bien. Oui oui, on s’est planté. C’est-à-dire que je pensais qu’il se contenterait de la gesticulation. Là Poutine fait un quitte ou double sérieux, avec des Ukrainiens dont le nationalisme a une certaine épaisseur. Il a été un très bon tacticien, on va voir si c’est un bon stratège. Pour conclure, je dirais que les Occidentaux ont tout dit et bien expliqué qu’ils n’interviendraient pas militairement, nous n’avons plus d’arguments à lui opposer, lui par contre il lui reste un coup à jouer. S’il rate, c’est bonjour, bonsoir, c’est le début de la fin. Mais nos sociétés vont-elles tenir le coup, ne risque-t-on pas de pleurnicher parce que l’essence va être trop chère ? Je t’embrasse, merci pour tout. » On revient à notre thé. Mais est-ce une guerre comme il en a vu, tellement vécu des dizaines depuis la fin de la seconde guerre mondiale ? « Non, cette guerre n’est pas banale du tout. Le plus important est qu’il se passe quelque chose en Europe. Jusqu’alors la mollesse de notre union européenne se traduisait par ces termes : “C’est inadmissible, c’est inacceptable”, ce qui bien entendu signifiait exactement le contraire, c’était tout à fait admissible et acceptable puisque ça se passait. Là, du moins dans les premiers jours de cette guerre, il y a un comme un frisson. » Est-ce un frisson d’une guerre froide à venir, ou celui qui annonce des changements majeurs ? Petite moue, léger haussement d’épaules : « Les Européens se sont habitués à la paix, à la prospérité, au parapluie américain. En 1991, c’était fini et il n’y avait plus qu’à jouir de la vie. L’ex-Yougoslavie ne nous a pas servi de leçon, Français et Anglais ont dû appeler l’oncle Sam à la rescousse. Depuis des années, quand je rentre du Kurdistan irakien ou de Singapour, je me dis, à peine arrivé : “ Nom de dieu, ils sont confits de trouille.” Entre les bombinettes des perturbateurs islamistes, la Covid et le risque de baisser son chauffage d’un degré, on a peur de tout. » Sa bouche est un comme un trait sec : « Le matériau humain de ce vieux continent, franchement, ça ne casse pas des briques. »

D’une guerre l’autre depuis toujours. Né en 1934, le petit Belge natif d’Etterbeek, fils de pharmacien établi à Paris, a entre six et dix ans lorsque la capitale française est occupée. Les morts violentes accompagnent Gérard Chaliand depuis le berceau, et même avant. Il appelle cela « rompre avec la victimologie », celle de sa famille arménienne rescapée du génocide. « Ce ne sont pas mes parents, mais plutôt le milieu, l’entourage, la communauté qui m’asphyxiaient. De vieilles dames de cinquante ans habillées en vieilles déploraient la perte de leur famille. À l’âge de seize ans, cet état d’esprit ne me plaisait pas du tout, j’avais le sentiment pénible que je ne sortirais jamais de ce cercle du malheur impuissant. Mon père, lui, m’avait raconté tout autre chose et m’a transmis une tout autre leçon : l’histoire de son frère aîné, qui lui n’était pas une victime mais un résistant. En 1920, face aux Turcs, il avait tenu le siège dans son petit village de montagne durant sept mois, était mort les armes à la main avec le principe que l’on ne se rend pas. C’est pour ça que je me suis senti chez moi, des années plus tard, au Vietnam, avec les petits hommes et les petites femmes en pyjamas mais qui tenaient la dragée haute aux grandes armées. » Hors de question de travailler toute sa vie dans un bureau. À dix-huit ans (considéré comme mineur à l’époque), il prend ses semelles de vent et découvre l’Algérie. Il se sent apte pour l’aventure. De retour en France six mois plus tard, il réussit l’entrée à l’École des langues et civilisations orientales. C’est aux Langues O’ qu’il fait la rencontre de Juliette Minces, une jolie jeune fille, modèle du photographe Lucien Clergue, mais qui a vécu aussi l’exil des républicains espagnols et le camp de Gurs. Ils commencent à grignoter le monde ensemble, de la Grèce à l’Inde en stop. Le polyglotte ne cessera pas de bouger et de pratiquer mille et un métiers jusqu’à l’âge de trente-cinq ans. Les deux jeunes gens deviennent aussi des anticolonialistes actifs.

Mais, dans les années 1980, Gérard Chaliand reprend le flambeau de la cause arménienne dont il s’était volontairement écarté tout jeune. Il écrit : « Dans la vie que j’ai mené sur divers terrains de conflits armés, en Asie, au Moyen Orient, en Afrique ou en Amérique latine, j’ai vu beaucoup de morts, des Blancs aux visages cireux, des Noirs à la face terreuse, des Asiatiques au corps calciné. Malgré les charniers, les mutilations infligées dans la rage de se venger, je n’ai jamais oublié les récits des vieilles de mon enfance égrenant leur inconsolable malheur. On ne se remet jamais tout à fait de la tragédie originelle. »

Entre 1975 et 1983, l’Asala et les Justiciers du génocide, deux organisations arméniennes, mènent une série d’attentats un peu partout dans le monde. « Les activistes perdent rapidement de vue qu’il s’agit non d’exécuter des représentants officiels de l’État turc, mais d’aboutir à faire reconnaître internationalement la réalité du génocide des Arméniens », analyse-t-il dans ses Mémoires. Lors du procès de membres de l’Asala à Paris en janvier 1984, en tant qu’historien témoin, il se démarque de leur démarche et sera félicité par une certaine Mélinée Manouchian, la veuve de Missak Manouchian, héros de l’Affiche rouge. Il rattrape son amnésie en faisant publier des dizaines de témoignages et récits du génocide arménien. Imagine un tribunal spécial d’experts internationaux, à l’instar du tribunal Russel, permettant de ramener la « question arménienne » à des dimensions juridique et historique. La session de haut niveau se tint les 13 et 14 avril 1984 au grand amphithéâtre de la Sorbonne, et son travail intellectuel ne fut pas pour rien dans la décision de l’Assemblée nationale de reconnaître la tentative d’extermination des Arméniens durant la première guerre mondiale comme génocide.

La victimisation de tout, à ses yeux, est une forme abjecte de la pensée moderne. C’est ce qu’il disait encore en juin 2021, au Quai d’Orsay, en présence du ministre Jean-Yves Le Drian qui lui remettait le Prix spécial du jury du livre géopolitique. « La victimisation est devenue une arme perverse destinée à culpabiliser les vainqueurs d’hier. Entre l’échec politique de la guerre américaine au Vietnam (1965-1975) et le fiasco des États-Unis et de leurs alliés en Afghanistan (2001-2021) et en Irak, la dimension sociale de la stratégie a rendu l’arrière plus vulnérable que les combattants, soulignait-il. Le souci de sécurité, dont l’impact psychologique est largement véhiculé par les médias, confère aux émotions une importance démesurée par rapport aux effets physiques de la violence. […] Il nous manque la détermination pour défendre des principes et un vivre démocratique qui nous sont chers. La volonté et l’idéologie qui l’étayent font défaut chez ceux qui ont depuis longtemps hérité les dividendes de la paix et une relative prospérité dont nombre de sociétés sont privées. Celles-ci le plus souvent ne craignent pas de combattre et d’en assumer les risques. Cette asymétrie est une de nos faiblesses majeures. » Il nous précise ne jamais fréquenter les réseaux sociaux ni se noyer sur Internet. « Un peu de presse hebdomadaire anglo-saxonne suffit. Prendre du recul… La guerre en Ukraine démontre l’extraordinaire pollution mentale dans laquelle nous plongent les deux camps ». Gérard Chaliand ne souhaite pas se laisser envahir.

Prêt pour sa « veillée avant la dernière aube », que resterait-il au bout du souffle ? Voilà ce qu’il garde. D’un petit coffre, il retire, sourire malicieux, l’un de ses trésors bien conservés : un magnifique dessin d’enfant, celui de l’un de ses fils qui est comme un songe byzantin de palais doré et de coupoles colorées.

« Comme un guerrier défait dans une aube indécise/ je prends l’extrême congé du jour/ voici nos dernières accolades. »


Le Savoir de la peau, Gérard Chaliand, L’Archipel, 330 p., 21 €. Paru mars 2022.

Feu nomade et autres poèmes, Poésie/Gallimard, 185 p., 7,50 €. Paru 2016.

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