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Donnée pour morte, la papeterie Chapelle-Darblay devrait cartonner

Publié le 7 juin 2022 par

L’info : Dernière grande papeterie établie en France, et jusqu’alors sous pavillon finlandais, elle avait été mise à l’arrêt par l’investisseur en 2020. Grâce à la métropole de Rouen et l’influence du collectif Plus jamais ça !, elle est rachetée par Veolia et Fibre Excellence. Elle va repartir avec l’ambition d’être un fer de lance de l’économie circulaire, à condition de changer de produit : fini le papier journal, vive le carton.

Manifestation des « pap-Chap » pour un développement durable de l’imprimerie. Source : Plus jamais ça !

Ce n’est pas encore imprimé noir sur blanc, mais le cri de victoire est déjà poussé : la papeterie Chapelle-Darblay, qu’on se le dise, « c’est un véritable modèle d’industrie vertueuse pour la transition écologique, s’inscrivant dans la logique d’une économie circulaire, avec sa chaudière biomasse, sa station d’épuration et la possibilité d’acheminer le papier recyclé par la Seine ou par le rail qui va renaître », s’enthousiasme le collectif Plus jamais ça ! Greenpeace France, partie prenante de ce collectif (CGT, FSU, Confédération paysanne, Solidaires, Amis de la Terre et Oxfam ), n’exagère t-elle pas un peu la vision d’avenir des «Pap-Chap», et ne ferait-elle pas, elle aussi, un tout petit peu de greenwashing ? Dans Les Échos en effet, on apprenait de la direction générale de l’un des repreneurs du site, Fibre Excellence, que « nous produirons de la pâte à papier que nous transformerons nous-mêmes en papier pour le marché des caisses en carton type Amazon ». Amazon… tout un symbole. Quoi qu’il en soit, Chapelle-Darblay revient de loin. Depuis 2020, la papeterie avait cessé toute activité, et se préparait à être démantelée. Jusque là, bon an mal an, le site recyclait 40% du papier jeté dans les poubelles jaunes et en tirait un bon quart du papier journal en France. La Métropole de Rouen, une coalition de quatre-vingt maires dont Anne Hidalgo (Paris) et Édouard Philippe (Le Havre), les salariés menacés et le collectif Plus jamais ça ! ont mis la pression pour sauver ce grand site industriel de Seine Maritime.

« Le démantèlement de ce site stratégique aurait amené de nombreuses collectivités à enfouir ou brûler leurs déchets papiers plutôt qu’à les recycler, ou à les envoyer en Belgique et en Allemagne.»

Nicolas Mayer-Rossignol, président de la Métropole Rouen Normandie

Un tout autre projet avait été retenu en octobre dernier par le propriétaire UPM France SAS. Paprec s’était mis sur les rangs, et promettait un ronflant « écopole industriel ». Son partenaire, Samfi-invest, lui, financerait sur un quinquennat, un site de production d’hydrogène renouvelable. « Le process utilisé, par électrolyse de l’eau, consomme de l’eau et de l’électricité renouvelable –en partie produite sur site grâce à la chaudière biomasse. Il produit de l’hydrogène renouvelable et de l’oxygène. L’hydrogène vert ainsi produit permettra de remplacer le pétrole comme carburant pour les voitures, camions, bus ou bateaux et contribuera à décarboner l’industrie. La production prévue, 54 000 tonnes annuelle, en ferait le plus important projet français de production d’hydrogène vert.» Plus écolo du futur, tu meurs.

Mais, coup de théâtre, la Métropole Rouen Normandie, présidée par Nicolas Mayer-Rossignol (PS), usait de son droit de préemption sur le site en février. Le 1er mars, à l’unanimité, le conseil métropolitain votait pour le rachat à UPM, soit 3,6 millions d’euros s’ajoutant à une opération de rachat/revente du terrain Chapelle-Darblay, de l’ordre de 6 millions d’euros. Le mardi 10 mai 2022, la revente et le transfert de la propriété et des actifs de l’usine s’effectuait avec Veolia (énergéticien et grand recycleur de vieux papiers et cartons) et Fibre Excellence (premier fabricant de pâte à papier dite marchande). Pourquoi Paprec a t-elle été renvoyée comme une boule de papier à la corbeille ? Explication du président de la Métropole : L’objectif est de « préserver un savoir-faire et orienter l’avenir de ce site vers l’économie circulaire, le recyclage papier-emballage » Or, « le projet [Paprec] aurait conduit à écarter l’activité de recyclage et de traitement in situ de papiers et de cartons ». Et par ailleurs, « le démantèlement de ce site stratégique aurait amené de nombreuses collectivités à enfouir ou brûler leurs déchets papiers plutôt qu’à les recycler, ou à les envoyer en Belgique et en Allemagne.» Une « absurdité écologique et industrielle », décrit encore Nicolas Mayer-Rossignol. Dans son communiqué, le président insiste sur le caractère exceptionnel de cette opération, à la hauteur du site industriel : « Ce site, garantissait 228 emplois directs et environ 800 emplois indirects, a été précurseur dans le domaine du papier 100 % recyclé et demeure exemplaire tant sur le plan environnemental qu’en matière d’économie circulaire. Bénéficiant d’un savoir-faire unique, d’une situation géographique et d’atouts logistiques exceptionnels, Chapelle-Darblay était en effet, avant fermeture, le seul site français en capacité de produire du papier 100% recyclé avec de la fibre issue intégralement des circuits de récupération. L’usine pouvait compter sur une capacité de recyclage de 480 000 tonnes/an, soit le résultat du tri de 24 millions d’habitants dans un rayon de 400 km, incluant notamment l’agglomération parisienne.»

Le choix politique a été éclairé par un impératif écologique, lié désormais à la question sociale, poussant même une collectivité à s’imposer, une première, dans la préemption d’un site industriel d’une telle envergure. Le marché mondial de l’hydrogène (et ses 10 000 milliards d’investissements) attendra encore son hub rouennais. L’obligation expresse qui s’impose désormais aux « Pap-Chap » est de changer de produit. Le site de Grand-Couronne ne fabriquera plus de papier journal, qui, autre signe des temps, n’est pas assez rentable, mais du carton ondulé dont on fait les emballages de l’hyper-consommation.

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