Influences (n. fem. pluriel)
  1. Fluide provenant des astres et agissant sur la destinée humaine.
  2. Action exercée sur quelqu’un.
  3. Action exercée sur quelque chose.

Les Influences

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#Antisémitisme #Culture; Céline #Gallimard #Pierrat

Jean-Pierre Thibaudat : deux ou trois choses que je sais de Louis-Ferdinand Céline

Publié le 8 août 2022 par

L’Info : le journaliste qui a révélé l’existence de manuscrits inédits de Céline et scandalisé le premier cercle des céliniens pour ce qu’il considère être un recel, entame sur son blog, un long feuilleton déroulant sa version des faits.


#RESSOURCES. Dans Guerre, le petit roman post-mortem de Céline, il est l’éléphant au milieu de la salle à manger. Celui que l’on ignore délibérément. Pas un mot dans la préface et la postface sur Jean-Pierre Thibaudat. Rien. Aucune allusion au fait qu’après la mort à l’âge de 107 de Lucette Almansor veuve Destouches, c’est lui, l’ancien journaliste de Libération, qui a remis, un beau jour de 2020, 6 000 feuillets inédits du créateur de Voyage au bout de la nuit, des manuscrits inconnus, des échanges épistolaires, des notes, à l’avocat Emmanuel Pierrat. Gallimard s’est empressé de publier la première pépite, Guerre, en mai dernier. Maître Pierrat commentait aux Influences : « J’ai lu avec passion et fébrilité tous ces feuillets durant l’été 2020. Je tiens Guerre pour un petit texte éblouissant, une pièce littéraire de la période du Voyage au bout de la nuit. En revanche, J’ai trouvé les autres textes à paraître d’une qualité inférieure… » Mais qu’importe, le spécialiste du droit littéraire s’était fait l’intercesseur du trésor auprès des ayants droit, et notamment de son confrère et célinocrate devant l’Éternel, Maître François Gibault. Même s’ils ont récupéré les textes sans rechigner, ils ont porté plainte contre le journaliste qualifié de receleur : plainte classée sans suite.

Le journaliste Jean-Pierre Thibaudat et l’avocat Emmanuel Pierrat. ©Compte Facebook Pierrat

Dans le premier des neuf épisodes du feuilleton qu’il vient d’entamer sur son blog en accès libre et hébergé par Médiapart, Jean-Pierre Thibaudat essaie de préciser les petits rouages qui ont entraîné la formation de ce cold case littéraire. Se prévalant de la titularisation d’un numéro de carte de presse, et protection des sources oblige, Il ne donnera pas les noms des intermédiaires qui l’avaient choisi pour restituer, après quasi quatre-vingt ans finalement, cet « Hymalaya » de textes exfiltré de la rue Girardon, l’ancien appartement abandonné de Céline.

« Comme la mienne, mais mes interlocuteurs l’ignorent, leur famille était du côté de la Résistance et du respect de l’autre et non de la collaboration et de l’antisémitisme comme Céline qui, lui, sera plus tard condamné à l’indignité nationale.»

Jean-Pierre Thibaudat.

Précisions de Thibaudat sur le deal passé (sans date ni lieu précisés de l’année 2008) avec ses receleurs littéraires : « J’évoque à mes interlocuteurs l’existence de la veuve de l’écrivain. On m’arrête tout de suite: on ne veut pas entendre parler de la famille Céline. Ces documents sont le fruit d’un héritage, on souhaite en être déchargé (trop lourd à porter, trop sulfureux peut-être), le confier à quelqu’un mais on ne veut pas les remettre à la veuve de l’écrivain collaborateur et antisémite. Je perçois derrière cela des raisons politiques, voire éthiques et mémorielles. Quand, au bout de quelques mois, on décidera de me confier ce qu’il faut bien appeler un trésor, on me demandera instamment de ne pas prendre contact avec la famille Céline. Je tiendrai cette promesse.

Comme la mienne, mais mes interlocuteurs l’ignorent, leur famille était du côté de la Résistance et du respect de l’autre et non de la collaboration et de l’antisémitisme comme Céline qui, lui, sera plus tard condamné à l’indignité nationale, son procès en 1950 le condamnant de surcroît à un an de prison et à la confiscation générale de la moitié de ses biens. » Le journaliste fait valoir sa bonne foi. Ces textes inédits auraient pu revoir le jour beaucoup plus tôt, mais la veuve de Céline, elle, s’est attardée plus longtemps que prévu avant de tirer sa révérence.

Dans ce premier texte, l’ancien critique de Libération dresse le petit théâtre de la passion Céline, ravive un beau portrait de Fabrice Luchini, et laisse deviner le Barnum moral, médiatique et juridique qui devrait suivre.


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