Influences (n. fem. pluriel)
  1. Fluide provenant des astres et agissant sur la destinée humaine.
  2. Action exercée sur quelqu’un.
  3. Action exercée sur quelque chose.

Les Influences

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André Comte-Sponville, Montaigne mon amour

Publié le 20 décembre 2020 par

PHILOSOPHIE. Dictionnaire amoureux de Montaigne, André Comte-Sponville, Plon, 656 p., 26 €. Paru septembre 2020. bandeau_prix-7.jpg

L’idée : Montaigne a souvent été mal traité. Dans les deux sens du terme.

Il existe une abondante littérature universitaire montanienne d’où ressortent quelques essais majeurs, difficilement contournables, et au fond inégalés, comme ceux de Marcel Conche (Montaigne ou la conscience heureuse, Seghers, 1964 ; Montaigne et la philosophie, Mégare, 1987) ou de Jean Starobinski (Montaigne en mouvement, Gallimard, 1982). Il existe aussi une biographie magistrale, celle de Stefan Zweig, un expert en la matière, son ultime ouvrage, resté inachevé, avant qu’il ne se donne la mort, en 1942, au Brésil.
Il manquait un grand livre qui fut à la fois personnel et savant. Un manque désormais comblé par l’excellent Dictionnaire amoureux de Montaigne, d’André Comte-Sponville.
montaigne.jpg Personnel, car on ne peut traiter Montaigne comme on traite Kant ou Hegel. Ici la distanciation s’impose. L’abstraction prévaut. Alors que la lecture de Montaigne fait naître chez le lecteur une sorte de sentiment fraternel, d’attachement affectueux. Montaigne, notre frère. Nombreuses sont les entrées du Dictionnaire qui témoignent de cette proximité singulière. On ne peut lire les Essais («  Toute cette fricassée que je barbouille ici n’est qu’un registre des essais de ma vie  », III, 13) sans être renvoyé à sa propre existence, à ses doutes, ses interrogations.

L’ouvrage est d’une grande rigueur, les références précises et l’argumentation toujours serrée et minutieuse. André Comte-Sponville a l’art, que reconnaitront ses lecteurs fidèles, de rendre compte dans une langue claire des pensées les plus subtiles, les plus complexes parfois, sans jamais céder sur l’essentiel : la fidélité au texte. Si l’approche est évidemment favorable (le dictionnaire est amoureux), le ton n’est pas à l’admiration béate, à l’assentiment inconditionnel. Pas de pieuse vénération, ni d’adoration naïve. Mais une lecture toujours franche et d’une grande élévation de pensée. Car il connaît Montaigne comme personne, le pratiquant depuis des décennies.
Tout à la fois, une méditation, une anthologie de citations (données dans le français de l’époque, seules la graphie et l’orthographe ont été modernisées, pour mieux goûter la beauté d’une écriture «  à sauts et à gambades  »), un parcours conceptuel, un travail interprétatif, une biographie, sans se réduire jamais à un seul genre, auquel cas on raterait ce qui fait l’esprit du «  Dictionnaire amoureux  », sa légèreté apparente. Soyons sûr que chaque lecteur, pour plagier Montaigne, fera son miel de ces mille fleurs. À son tour, dans ces belles pages, André Comte-Sponville s’essaie.

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