Influences (n. fem. pluriel)
  1. Fluide provenant des astres et agissant sur la destinée humaine.
  2. Action exercée sur quelqu’un.
  3. Action exercée sur quelque chose.

Les Influences

Filtré pour vous : L'actualité politique et intellectuelle

#Gore Vidal #Le Rhéteur cosmopolite

Avis aux «  motherfuckers  », Gore Vidal ne nous a pas quittés

Publié le 4 août 2012 par

(Source Klincksieck)
(Source Klincksieck)

«  Je suis Myra Breckinridge qu’aucun homme jamais de possédera… Vêtue d’une jarretière et d’un pavois, j’ai arrêté les Trobriandais, des sauvages qui n’ont pas de mot pour «  pourquoi  » et «  parce que  »… Etre moi c’est posséder des cuisses parfaites… en celluloïd, ce matériau de la pellicule sur lequel notre âge a capturé tous les rêves et toutes les chimères qui hantent la race humaine depuis ses origines (voir Lévi-Strauss). N’oubliez jamais ceci, vous ‘motherfuckers’, comme disent aujourd’hui les gosses : Myra Breckinridge est une meuf !  »[[Gore Vidal, Myra Breckinridge, and Myron, Vintage, 1987, 1 et 5 (ma traduction libre).]].

Voilà quelques jours, le Great Old Man of American Letters, l’auteur de cette harangue militaire et féministe, Gore Vidal s’est éteint, après une longue vie passée à… à quoi, en fait? Lisez les notices funèbres, en anglais, sur internet et vous verrez le mal qu’on se donne de New York à Londres pour cerner le personnage – au point que le New York Times (son ennemi juré) reproduit des erreurs et se fait recoudre sur la toile. J’ai cité ce passage truculent de Myra Breckinridge, rôle qu’incarna Raquel Welch[[Film de 1970, avec Mae West : Gore Vidal le désavoua.]], et probablement le premier roman à succès transgender, pour me punir d’avoir refusé, dans l’arrogante folie de la jeunesse, de rencontrer l’auteur de Myra (à vingt ans on s’imagine que le dédain est une forme d’esprit, plus tard on pense l’inverse), mais j’aurais pu aussi bien citer ceci :

«  Au commencement était le cauchemar, et le couteau était avec saint Paul, et la circoncision était une idée juive et pas du tout ma tasse de thé. Je suis Timothée. J’ai quinze ans. Je suis étendu, à poil, sur la table de la cuisine. J’ai des boucles bouton d’or et des yeux bleu pervenche, et le plus gros zob d’Asie mineure  »[[Live from Golgotha, Random House, 1992, p. 3 (ma traduction).]].

Cet éloge funèbre pourrait donc s’intituler: Gore Vidal ou de la vertu d’un païen républicain et libertaire, et d’un Américain.

Gore Vidal était un cousin au septième degré du Gore qui faillit inventer l’internet, faillit être président, et faillit raconter la vérité sur le réchauffement planétaire ; et au cinquième degré de Jimmy Carter. Gore Vidal était aussi le demi-frère par alliance de Jackie Kennedy et quand il écrivait sur le président Kennedy il disait toujours «  Jack  », et ajoutait «  le pire des présidents américains  ». Ceux qui ont à l’esprit la scène buñuelienne sur laquelle culmine sauvagement Soudain l’été dernier[[Le film de Joseph Mankiewicz, adapté de la pièce de Tennessee Williams (1959).]], ou dont l’oreille résonne encore des dialogues tour à tour sinueux et laconiques entre Kathryn Hepburn, Elizabeth Taylor et Montgomery Clift, savent, peut-être, que Gore Vidal en était la plume.

Américain et lettré il comprit ce que Voltaire avait compris lui-même en se mettant à écrire des tragédies pompeuses mais racoleuses : on doit écrire pour le genre du moment. Il fut donc scénariste (pensez à Ben Hur) mais il le fut pour mieux pénétrer au cœur du problème impérial américain, comme Voltaire fut un dramaturge pour mieux comprendre le ressort de la monarchie absolue – et l’un et l’autre pour en combattre «  l’infâme  ». Et si l’exhortation de Myra ou la confession de saint Timothée vous semblent forcées, voici deux vers cocasses de l’Adélaïde du Guesclin de Voltaire :

D’un bras vraiment français, je vais, dans nos remparts,
Sous nos lis triomphants briser les léopards.

Voltaire voulait ridiculiser la féodalité en singeant sa grandiloquence, avant de devenir l’historien du Siècle de Louis XIV dont le dernier chapitre, terrible, sur la Chine, révèle la véritable intention polémique. Or Vidal fut justement le grand historien critique ou le grand mémorialiste acide de Washington D.C., comme il appelait l’VRBS du pouvoir américain : il avait sucé à la mamelle le lait de la politique, il avait sauté, enfant, sur des genoux présidentiels et, adulant son grand-père, le sénateur aveugle, fondateur de l’Oklahoma, T. P. Gore, un Clemenceau américain, il avait appris à l’Eton du patriciat américain, Exeter, toute l’éducation dont il eut jamais besoin. Comme sous l’Ancien régime en France, l’université c’est pour les bourgeois. Il fut, probablement, le dernier des grands aristocrates de la République américaine, comme l’envisagea l’athée voltairien Thomas Jefferson, lui qui ne la voulait ni impériale chez soi, ni engagée dans des guerres étrangères, ni oublieuse du massacre des Indiens et de l’esclavage cotonnier, ni gouvernée depuis le Bureau ovale – une république où le peuple est éduqué («  50% des Américains ne lisent rien, 50% seulement votent régulièrement, espérons que ce sont pas les mêmes 50% qui élisent le président  », du pur Vidal!), où ses représentants le représentent (lui-même sera candidat démocrate), où les juges sont des juges du fait sans religion ni idéologie (dans un roman il remplace chaque obscénité, que la censure tacite au nom «  des valeurs de la communauté  » aurait fait sauter, par le nom d’un juge de la Cour suprême), où le Sénat «  conseille et consent  »[[Formule rituelle du Sénat.]], dirige la diplomatie et autorise le maintien, en temps de paix, d’une armée régulière, où le président se contente de faire un discours de temps à autre, et d’administrer seulement, comme le veut la Constitution. Une Amérique SPQR. Pas celle que nous connaissons.

Comprendre Gore Vidal c’est comprendre comment cette étrange république a passé d’un état d’isolationnisme parfois frileux à un Empire naguère omnipotent et désormais flatulent, et comment son pouvoir central, dans l’imagination que s’en font les Américains gavés de films cheap et du «  folklore d’un pays sans classe  »[[Hollywood, Abacus, 1997, p. vi.]], a passé d’une présidence anodine à la maîtrise d’un National Security State (dixit Vidal). Précisément, ses grands romans historiques forment une fresque balzacienne du Pouvoir politique en Amérique, et d’Amérique. «  J’ai toujours pensé que l’histoire, juste après la fiction pure comme les Voyages de Gulliver ou Alice au pays des Merveilles, est la seule forme narrative qui soit universellement appréciée  »[[Hollywood, p. v.]].

A la manière d’un Saint-Simon, Gore Vidal campe, avec un art parfait du dialogue et de l’enchaînement des actions, des personnages réels qu’il façonne comme des stars, qu’il ramène à la vie sous les projecteurs de sa connaissance caustique du terrain, en insider de Washington, et par quoi, soudain, les événements historiques s’éclairent sous une succession magistrale, à la Orson Wells, d’angles et de plans. Les six volumes de Narrations of a Golden Age[[Washington D.C (1967), Burr (1973), 1876 (1976), Lincoln (1984), Empire (1987), Hollywood (1990).]] documentent l’inexorable montée du pouvoir présidentiel et la ruine de la République populaire et sénatoriale voulue par les fondateurs. On assiste, de page en page, de volume en volume, au recours aux pouvoirs d’exception par Lincoln, à la vision impérialiste du premier Roosevelt (qui fut, comme Obama, un junior président et un Nobel de la paix, tout en menant des guerres illégitimes), l’idéologie livresque du professeur d’histoire Wilson qui redessine l’Europe et porte la responsabilité des dévastations futures, la suprématie communicationnelle de la présidence sous le deuxième Roosevelt, et puis le reste … on connaît. Dans Hollywood, cet échange de répliques : «  – Votre président jouit d’énormes pouvoirs (dit un Anglais) – Seulement en temps de guerre. – Hmm, si j’étais un président ambitieux, je m’arrangerai pour qu’il y ait toujours une petite guerre  ». – C’est faisable  ». Gore Vidal imagine cette conversation vers 1920. Il l’écrit en 1990.

Justement, partageant son temps, ses ambitions et ses amours entre Hollywood et Washington, Gore Vidal eut, le premier, conscience de l’imbrication étroite du pouvoir des stars et du pouvoir des présidents, de la MGM et du Capitole en d’autres termes : dans Screening History[[Screening History (soit, les prestigieuses Massey Lectures en Histoire de la civilisation américaine à l’université Harvard), Harvard University Press, 1992.]], il démontre pièce à pièce comment Hollywood fabriqua à partir de 1935 une vision aimable de l’Angleterre (traditionnellement honnie) qui permit à Roosevelt de catapulter une populace ignorante mais nourrie de films «  historiques  » de cape et d’épée dans une guerre qu’elle ne voulait pas ; comment il est possible de prévoir des décisions présidentielles en se demandant «  quel est le film qui a impressionné le président X quand il était jeune  » (preuve à l’appui). Hollywood procure une rhétorique générale, une matrice non seulement d’explication après coup mais de prévision d’action politique.

On imagine que tout patricien qu’il était, rejeton de l’antique classe sénatoriale et rompu au cosmopolitisme, il n’était guère aimé de ses compatriotes et en particulier de tous les assoiffés de «  pouvoir  » (étatique ou communautariste), ceux qui préfèrent l’Histoire projetée sur les écrans à l’histoire qui n’est pas enseignée dans les écoles mais reléguée au deuxième plan au profit «  de l’instruction civique  », ce qui est «  aussi absurde que d’enseigner un texte sans son contexte  »[[Screening History, p. 82.]].

Gore Vidal explique en effet, dans Dreaming War, les trois mythes politiques américains qui, durant la deuxième moitié du XXe siècle, ont renforcé le pouvoir présidentiel et fabriqué l’image obscène du Président comme sauveur, face au monde hostile et face à une classe politicienne inepte etc. etc. (rengaine de Romney et Obama) – et on comprend alors qu’il n’était aimé ni des Démocrates ni des Républicains : premier mythe, le cinéma a donné un quantum de réalité (le pouvoir d’évidence de l’image) à ce que l’agresseur en 1941 était le Japon quand (Gore Vidal n’en démordit jamais, analyses et documents à l’appui) ce fut Roosevelt qui provoqua le Japon. Le cinéma, durant des décennies, a fabriqué un deuxième mythe : que les deux bombes atomiques étaient nécessaires pour «  finir la guerre  ». Faux, dit-il : depuis mai 1945 le gouvernement impérial nippon cherchait la reddition. Enfin, tel que Vidal s’en fait le Thucydide ou le Tacite, la guerre froide fut cinématisée selon le scénario de l’Amérique bastion du monde libre, oubliant que ce fut la décision de Truman de susciter la création de l’Allemagne de l’Ouest qui contraint Staline à réagir avec le blocus de Berlin. Bref : Roosevelt ou la présidence par le coup médiatique (contre le Congrès, contre la Cour suprême – le modèle stratégique d’Obama) ; Truman ou la présidence salvatrice (contre le Diable extérieur – le modèle des deux Bush). Le cinéma emboîta le pas, et depuis pas un seul film «  patriotique  » qui ne rabâche ces trois mythes, devenus donc des «  vérités historiques  ». Naturellement les stars du cinéma veulent l’équivalent au Capitole, et le président, en retour, s’exprime selon le script en place.

Il fallait du courage servi par du talent et par un goût aristocratique du vrai pour soutenir, argumenter, illustrer des opinions à contre courant des clichés voulus au centre du pouvoir et, comme il disait, à rebrousse poil du «  folklore  » des opinions politiques et populaires. Les Anglo-Saxons usent d’un mot bizarre pour qualifier un esprit comme celui de Gore Vidal : «  contrarian  ». Un contrarian est quelqu’un qui s’oppose à l’opinion reçue[[Ou «  recevante  » : dans mon Hyperpolitique j’explique qu’une opinion dite «  reçue  » est en réalité une opinion en état continu de recevoir ce que lui dicte le pouvoir, donc «  recevante  ».]], à ce que pense automatiquement la majorité, à ce que le consensus irréfléchi ou argumenté depuis des sources de pouvoir veut imposer comme la seule norme morale de croyance.

Pour preuve, ses volumes d’essais politiques, tel qu’ A View from the Diners Club (où on pourra lire son percutant article sur The National Security State) (1991) ou son court et incisif volume Inventing a Nation (2003): articulé sur les portraits des trois premiers présidents américains (Washington, Adams, Jefferson), chaque portrait formulant un aspect fondamental d’une présidence américaine prudente, le volume se referme, mêlant l’historique et le biographique, sur une conclusion que jadis on aurait dit «  morale  » :

«  Par un clair et frais matin de 1961 au bord de mer, à Hyannis, après une partie de backgammon que je gagnai, John F. Kennedy se carra dans son fauteuil, alluma un cigare et lâcha : ‘Et comment tu expliques qu’un pays paumé comme celui-ci, avec trois millions de bonshommes, ait pu produire les trois grand génies du XVIIIe – Franklin, Jefferson et Hamilton ?’ – ‘Le temps, ils avaient plus de temps,’ lui dis-je, ‘ils restaient chez eux, ils lisaient, ils écrivaient des lettres ; apparemment ils pensaient aussi, ce que personne ne fait plus en politique’ . Jack se laissa aller: ‘Tu sais, dans ce job, je vois un tas de monde, tous les movers and shakers, et c’est étonnant, ce sont tous des seconds couteaux. Et puis tu lis les débats du temps sur la Constitution…rien comme ça de nos jours. Rien’. J’aurais aimé qu’on en tire une conclusion, mais non. Et puis Bob[[Robert Kennedy.]] a fait son entrée, comme au cinéma. Le Mur de Berlin. Je suis allé me promener sur la plage, vaguement conscient que l’Histoire se faisait. Mais, à coup sûr, les inventeurs de cette nation seraient stupéfaits de voir comment nous avons défait leur travail, et leur réputation  »[[Inventing a Nation, Yale University Press, 2003, p. 188.]].

J’avoue, pour terminer, qu’il n’était pas particulièrement francophile, et c’est un trait de caractère que les meilleurs de sa classe aux Etats-Unis ont en partage, il suffit d’aller relire L’Education d’Henry Adams pour s’en persuader[[La sublime autobiographie d’Henry Adams.]]. Les Américains qui voyagent, quand ils affichent l’amour de la France, parlent comme des publicités ou des dépliants, et s’excitent pour des broutilles exotiques, la baguette, l’ail ou les peintres impressionnistes … parlez-leur de ce qui est vraiment français, la laïcité, le sexe «  entre générations  » ou la nécessité de payer des impôts exorbitants, et vous les verrez reculer d’horreur. En 1948, démobilisé, Gore Vidal descend au «  Pont Royal  », l’hôtel parisien, et note que Sartre et Beauvoir y ont trouvé refuge «  chassés du Flore par les hordes de touristes  » (américains)[[Palimpsest, Abacus, 1996, p. 169.]]. Il reproche en passant aux gigolos parisiens, des étudiants sans argent, de ne pas se laver les pieds, au claque de l’hôtel Saumon, acheté jadis par Proust et fourni des meubles de sa mère. Mais il avait l’allure d’un jeune premier, quand armé de recommandations mondaines il rencontre Gide, dont il rapporte cette saillie, le Maître entonnant: «  Pour commencer le Rapport Kinsey, et après ça le Prix Nobel  »[[Palimpsest, p. 183.]]. Montherlant lui écrira, plus tard, pour le féliciter d’avoir «  fait revivre avec beauté le dernier éclat du paganisme  » (avec son roman Julian, 1964). C’est tout.

Gore Vidal suivra de loin les progrès de l’avant-garde à la française, pour s’en moquer et, je pense, en poussant un soupir inquiet de soulagement : car si le cinéma Nouvelle Vague, le Nouveau Roman, le structuralisme, Barthes, Foucault, Derrida et «  la dame qui enseigne maintenant à la Sorbonne  » (Julia Kristeva, je suppose), si tout cela, à ses yeux conspirait à ruiner son idéal du roman historique, puissamment évocateur, politiquement inspiré, moralement décapant, une arme contre le monde d’illusions et de fausseté créé par la logorrhée politique et la sophistique filmique, il devait se féliciter que De Gaulle, moins fin qu’il ne croyait l’être, manqua donc des moyens littéraires et filmiques de créer, en secondant l’arme nucléaire, un cinéma de propagande sentimentalo-militaire ; mais il faut avouer qu’avec Malraux vaticinant à droite et Robbe-Grillet déconstruisant à gauche, l’armée tentant un coup d’Etat et le PCF méditant une révolution, le Général eut peu de marge pour donner, rapidement, à la présidence royale française ce qu’Hollywood, en trente ans, offrit à la présidence impériale américaine. Gore Vidal, quoi que j’en aie, représente un certain dédain vis à vis de la culture politique européenne (sauf l’italienne, sur laquelle il a des mots fulgurants et admiratifs) : il nous rappelle que l’isolationnisme est une tendance lourde de la pensée politique américaine, chose que les mésaventures successives des présidences impériales et interventionnistes, de Roosevelt I à Bush II et Obama, ont tendance à nous faire oublier.

Nous avons, en France, une telle tendance à penser la catégorie politique du «  Splendide Isolement  » sur le patron de l’Angleterre tournée son Empire ou le Commonwealth, que nous ne percevons pas combien Gore Vidal, et les plus purs des républicains américains, qui lisent leur histoire nationale et cultivent leur tradition politique sans égard pour le folklore hollywoodien d’un patriotisme écervelé, bushesque ou obamaesque, voient dans l’isolationnisme américain un remède à la perversion de leur idéal républicain, une perversion enracinée dans un pouvoir présidentiel excessif et le mépris du sécularisme : «  Les inventeurs de cette nation seraient stupéfaits de voir comment nous avons défait leur travail  ». Avis aux motherfuckers comme dirait Myra Breckinridge, Gore Vidal ne nous a pas quittés. Ses livres restent.

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