Influences (n. fem. pluriel)
  1. Fluide provenant des astres et agissant sur la destinée humaine.
  2. Action exercée sur quelqu’un.
  3. Action exercée sur quelque chose.

Les Influences

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C’est dans la nature de la gauche d’être «  déchirée  »

Publié le 19 octobre 2011 par

Un petit texte ad hoc de Dionys Mascolo.

Tags : Dionys Mascolo, Maurice Blanchot, éditions Lignes, Sur le sens et l’usage du mot «  gauche  »

viviant3-2.jpg On aura du mal à trouver plus radical en librairie ce mois-ci que ces deux petits textes de Dionys Mascolo ressuscités par les éditions Lignes. Un mot sur le bonhomme pour commencer : compagnon de Marguerite Duras (avec qui il aura un enfant), spécialiste de Saint-Just, communiste démissionnaire du Parti communiste français en 1949, rédacteur avec Maurice Blanchot du «  Manifeste des 121  », il fait partie de ces intellectuels de gauche dont la pensée semble avoir été purement et simplement balayée par le temps.

On comprend mieux pourquoi en le lisant : la densité de cette pensée incorruptible, la dialectique rude qu’elle met en œuvre, l’élégance de la phrase qui ne plisse pas, la pensée qui bourdonne comme un marteau-piqueur près du cœur (côté gauche, donc) et qui pourfend nos certitudes dans l’idéalisme où elles s’étaient toutes réfugiés, a certes de quoi effrayer dans cette époque de raisonnements ô combien «  primaires  » où la gauche molle s’attaque durement à la gauche dure, et la gauche dure mollement à la gauche molle.

Nous ne parlerons ici que du premier des deux textes. «  Sur le sens et l’usage du mot gauche  » a été publié en 1955 dans la revue des «  Temps modernes  » de Sartre. Quiconque se disant aujourd’hui de gauche se devrait de le lire. En trente pages, Mascolo explique ce que cela veut dire, être «  de gauche  ». Tentons (ce n’est pas facile) de résumer les grands axes de sa démonstration.

Quiconque se disant aujourd’hui de gauche se devrait de le lire.

On se plaint quelquefois que la gauche soit déchirée (on l’entend souvent en période électorale). Mais c’est dans sa nature d’être déchirée, explique Mascolo. Car la gauche est faite de refus, contrairement à la droite qui est faite d’acceptation de l’état des choses. Il écrit : «  Tout acte de gauche a ce sens : il est le refus d’une limite établie. Toute réflexion de gauche a ce sens : elle est la négation d’une limite théorique. Toute sensibilité de gauche a ce sens : le dégoût des limites, théoriques ou pratiques. Toute exigence de gauche est l’exigence, même insensée, de dépasser une limite reconnue comme limite  ».

C’est là que la pensée de Mascolo accomplit un nouveau tour de vis. Il explique que ce refus qui définit la gauche, peut tout aussi bien être le refus de la révolution. Que «  ce refus peut lui-même être dit de gauche, et même passer pour exemplaire  ». Et il ajoute, ironiquement : «  Opposer un tel refus à la réalité révolutionnaire, et ne plus cesser de la motiver ensuite, c’est le seul acte «  de gauche  » qu’aient accompli certains hommes universellement reconnus comme d’éminents représentants de la gauche  ».

Suivez son regard de 1955 jusqu’à aujourd’hui où des intellectuels de gauche promeuvent des révolutions dans le tiers-monde pour mieux les interdire ici. Dès lors, pas méchamment, mais dialectiquement, le couperet de Dionys Mascolo tombe : «  La distinction gauche-droite existe bien sûr. Le mot de gauche a un contenu certain. Mais ce contenu signifie d’abord non-révolutionnaire.  » CQFD.

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