Claire Brétécher, sa mort nous frustre
Publié le 11 février 2020 par Les Influences
La grande dame de la bande dessinée nous laisse une œuvre graphique immense, caustique et parfois inquiétante.
DESSIN. Décès de Claire Bretécher… Cherchez l’erreur. Les éditions Dargaud ont annoncé la mort de la grande dame de la bande dessinée, survenue le 10 février, à l’âge de 79 ans. Celle qui a exploré le graphisme et la bande dessinée « pour échapper à l’ennui », disait-elle selon Hélène Werlé, son attachée de presse et l’une de ses très proches, aura fait figure de pionnière. Et mis le genre du cartoon au rang d’une littérature à part entière.
Débutant dans le journal Spirou avec Les Gnangnan, elle explose surtout dans les années 70, avec Cellulite dans Pilote et Les Frustrés dans Le Nouvel Obs, en attendant l’ado Agrippine. Pour son observation des mœurs de gauche, Roland Barthes l’adoubera en 1976, « sociologue de l’année ». Avec Mandryka et Gotlib, elle créera L’Écho des Savanes en 1972, et ouvrira une voie possible pour les auteurs de bandes dessinées, en s’auto-éditant durant une trentaine d’années.
À côté de ses strips reconnaissables entre mille, elle pratiquait un art plus inquiétant, celui du portrait et de l’autoportrait sans concession
Libre, très indépendante, caustique et chic : Brétécher c’est surtout un trait expressif de faux brouillon, une vivacité piquante, un langage graphique.
À côté de ses strips reconnaissables entre mille, elle pratiquait la peinture, remarquée par les linguistes Umberto Eco et Pierre Encrevé sans oublier le critique Daniel Arrasse. Notamment un art du portrait et de l’autoportrait frontal et sans concession. Elle s’était détournée de la bande dessinée depuis 2009. La mort brutale de son mari, le constitutionnaliste Guy Carcassonne, le 27 mai 2013 à Saint-Petersbourg, l’avait profondément affectée. Sa dernière publication d’une œuvre qui n’a pas fini d’être épuisée, aura été son propre Tarot divinatoire (Le Chêne) en 2011.