Influences (n. fem. pluriel)
  1. Fluide provenant des astres et agissant sur la destinée humaine.
  2. Action exercée sur quelqu’un.
  3. Action exercée sur quelque chose.

Les Influences

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#Fayard #François Hollande #Présidentielle 2012 #Serge Raffy

François Hollande, biographie de l’anguille

Publié le 18 octobre 2011 par

La personnalité imprécise de François Hollande est son principal problème, et pourrait lui être fatale dans la course à la présidentielle.

©Olivier roller pour lesinfluences.fr
©Olivier roller pour lesinfluences.fr
Depuis le dimanche 16 octobre 2011, le vainqueur des primaires socialistes et candidat à la présidentielle 2012 ne lasse pas d’étonner par sa personnalité floue, imprécise, voire fuyante. Une biographie a tenté de remplir cette ombre floue qui a l’ambition de cristalliser les peuples de gauche et au-delà, afin de gagner l’Elysée.

Certes, l’enquête de personnalité réalisée par le journaliste du Nouvel Observateur Serge Raffy n’est pas la meilleure de sa production, lui qui est l’auteur d’une intéressante biographie de Castro, d’une très honnête de Jospin, et même, tiens, d’une très récupérable Guerre des trois (Sarkozy, Chirac, Villepin). Mais François Hollande…

Il est vrai que son sujet ne lui a pas donné la tâche facile. D’une part, parce que les nouvelles générations de politiques nées à partir des années cinquante ne sont pas des plus romanesques et que Sciences-Po, l’Ena et autres moules à gaufres de la République ne façonnent pas la même trempe qu’un ancien résistant, le témoin d’un siècle de guerres et de chaos, voire même une taupe trotskyste.(A sa décharge, la biographie d’Alain Juppé, L’Orgueil et la vengeance [Flammarion] signée Anne Cabana, relève de la même fontaine d’eau d’entreprise). D’autre part, l’un de ses interlocuteurs, le propre fils de son sujet, l’avait prévenu en toute charité : on se demande toujours par quelle porte va fuir François Hollande.

Tout au long des années 1997 à 2008, l’inamovible Premier secrétaire de l’immobile Parti socialiste se sera vu lesté de ces quelques kilos de moqueries : « Monsieur Petites blagues » (Fabius), « Flanby » (Montebourg), « Couilles molles » (Aubry) mais aussi, contradictoire, « le Chinois » (pour ses manières silencieuses de tuer le gêneur avec le sourire), ou « L’Entourloupeur »… Il fut également le gros benêt de celluloïd des Guignols de l’Info. La personnalité élastique de François Hollande est son principal problème, et pourrait lui être fatale dans la course à la présidentielle.

Les nouvelles générations de politiques ne sont pas des plus romanesques

François Hollande en personnage de biographie ? Un héros tout ce qu’il y a de normal. Certes, Serge Raffy a découvert la lignée lointaine de François Hollande : des persécutés religieux, mais même si l’on s’intéresse à la psycho-généalogie, la mentalité de ces protestants hollandais du XVIe siècle, fuyant les bûchers de l’inquisition et se reconnaissant en exil, les uns les autres, sous le patronyme de « Hollande », est tout de même très en filigrane dans la personnalité du leader social-démocrate.

La partie la plus réussie de la biographie est l’entame, celle du Hollande très mal connu, voire confidentiel. On apprend l’enfance rouennaise, à Bois-Guillaume, sous l’ombre encore plus énigmatique que celle du présent candidat aux primaires citoyennes : le père, Georges, médecin ORL, sur la corde raide, fantasque et rude, d’extrême droite et vibrant sous pavillon Tixier-Vignancourt. Si son frère aîné, Philippe, a combattu frontalement le père, François s’est montré beaucoup plus souple, négociant, encaissant mais toujours restant. Enfance méchante. Les fils sont placés dans la sévère institution des frères catholiques de Jean-Baptiste de la Salle. La seule gaîté manifestée est celle de leur mère, Nicole, une courageuse assistante sociale et qui plus est, mitterrandienne depuis le début. Le chirurgien à trop forcer sa chance se brûle les ailes en politique, et se voit mettre au ban de l’extrême droite locale. Surtout, dans Mai 68, Georges Hollande voit un prélude aux chars soviétiques sur les Champs-Elysées. Il lui faut quitter la médecine pour d’autres aventures et les affaires immobilières.

Le deuxième chapitre du petit roman balzacien est une transplantation brutale à Neuilly-sur-Seine quand François a 13 ans. Politique de la terre brûlée : son père a même détruit et bazardé à la décharge tous les souvenirs de ses deux enfants : petits soldats, posters d’idoles de foot et la collection sulfureuse de Pif Gadget.

En milieu élitaire au lycée Pasteur, comme avec son père, François vit en composant. Ce qui n’empêche pas la détermination d’acier: « Moi, je serai président de la République » aurait-il lâché un jour à son condisciple Jean-Louis Audran. L’ambition lui serait donc chevillée au corps. Enarque de la flamboyante promotion Voltaire (Royal, de Villepin), sorti huitième, il s’impose comme économiste mais surtout petite main utile dans l’équipe des conseillers qu’a constitué Jacques Attali pour la campagne présidentielle de 1981 de François Mitterrand. Se retrouver rapidement dans le camp du vainqueur l’a certainement nourri d’assurance et d’ambition comme toute cette génération de politiques gâtée par le mitterrandisme. La partie la plus romanesque du livre est le couple qu’il forma avec Ségolène Royal, de « miss Glaçon » à la pasionaria de 2007, et qui implosa par et pour la politique.

Pour Serge Raffy, nul doute, François Hollande est un animal politique

Mais François Hollande s’est toujours gardé de la ligne droite. De l’invention des « transcourants » dans un PS balkanisé par les ambitieux, aux mille et un détours de son implantation en Corrèze chiraquienne, en passant par son travail d’influence auprès de Jacques Delors et ses synthèses de démineur, il aura sans doute évité bien des implosions de parti mais avec le sentiment d’une politique hypodermique et en sacrifiant toute novation. Il y a aussi sa nature qui attire le mépris des « héritiers » du Parti, comme la foudre. On oublie dans la balance qu’il fut bien seul dans la « vieille maison » après la catastrophe électorale de 2002, et qu’il a fait faire la course en tête au PS dans une belle collection d’élections avant de se fracasser sur le « Non » massif d’une partie de la gauche au référendum pour une constitution européenne.
Pour Serge Raffy, nul doute même s’il force parfois le trait de son omniscience, que François Hollande est un animal politique, roué, rusé, solide, têtu et qui n’a jamais rompu.

Un symptôme : sa biographie marche mieux en librairie que le propre livre de François Hollande et son rêve français (Privat), pourtant structuré, charpenté et préfacé par l’historien Vincent Duclert, en attendant un autre ouvrage politique en décembre. L’enquête de Serge Raffy entr’ouvre la porte. Qui y a t-il derrière ? Un destin ou une blague sous-vide ? Réponse en mai 2012.

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