Influences (n. fem. pluriel)
  1. Fluide provenant des astres et agissant sur la destinée humaine.
  2. Action exercée sur quelqu’un.
  3. Action exercée sur quelque chose.

Les Influences

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Inventer une religion pour la gauche

Publié le 6 mars 2010 par

L’eurodéputé et philosophe Vincent Peillon vient de publier un essai sur la figure oubliée de Ferdinand Buisson : à la fois grand artisan de la loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat, et promoteur d’une religion laïque pour les citoyens qui seraient tous des « Christ républicains ». Une inspiration pour le Parti Socialiste ?

Bio-express. Vincent Peillon. Né en 1960. Eurodéputé (PS) et professeur de philosophie. Dirige depuis 2007 l'institut Edgar Quinet (formation d'élus locaux et think tank). Anime la collection
Bio-express. Vincent Peillon. Né en 1960. Eurodéputé (PS) et professeur de philosophie. Dirige depuis 2007 l’institut Edgar Quinet (formation d’élus locaux et think tank). Anime la collection
Mais qui connaît Monsieur Buisson (1841-1932) ? Ferdinand Buisson. Ci-devant fantôme intellectuel et politique de la 3e République.

«  En bon républicain, il était farouchement anti-clérical mais F. Buisson n’était pas anti-matérialiste, ni positiviste, bien au contraire !, soutient l’un de ses rares biographes, l’eurodéputé (PS) Vincent Peillon, par ailleurs agrégé de philosophie et qui l’étudia longuement en tant que chercheur au CNRS. Cette personnalité est stimulante pour un intellectuel, car elle vous déstabilise d’entrée de jeu, à la fois par la fermeté de sa doctrine et son action publique anticonformiste.  »

Buisson a été un influent réformateur libéral de l’éducation. Il est avant tout l’auteur d’une «  bible  » de la république, le Dictionnaire de la pédagogie (1882-87), soit 4 tomes de 5600 pages, que tout instituteur pouvait consulter comme une encyclopédie et un référent. Il a été un très influent directeur de l’enseignement primaire et a servi plus de dix ministres. Admiré par Jules Ferry et Victor Hugo, alors qu’il n’a que 25 ans, Buisson accumula par la suite des fonctions de président de l’Association nationale des libres-penseurs, mais aussi de la Ligue de l’enseignement, et de la Ligue des droits de l’homme. Il fut député radical-socialiste, se battant notamment pour la séparation de l’Eglise et de l’Etat, mais aussi le scrutin proportionnel et le vote des femmes. Pacifiste, il a été lauréat du prix Nobel de la paix en 1927. «  Il y a chez lui plusieurs facettes qui articulent avec cohésion le cœur de sa conception de la république, soit la politique, la religion, l’éducation, et la philosophie, auxquels il faut ajouter la permanence de l’action  » explique à L’Annuel des idées.fr, V. Peillon.

A la recherche d’un modèle de sainteté républicaine

Ferdinand Buisson. Artisan de la loi de 1905, il a cherché à concevoir une religion pour la république.
Ferdinand Buisson. Artisan de la loi de 1905, il a cherché à concevoir une religion pour la république.
L’aspect le plus fascinant de F. Buisson et qu’étudie V. Peillon dans un essai biographique étonnant, Une religion pour la république (Seuil) , est sa recherche d’une spiritualité adaptée à la république. «  Il conçoit un modèle de sainteté républicaine et l’assume  » décrit V. Peillon. Voilà pourquoi, il concevait que les citoyens pouvaient être porteurs de mêmes valeurs, des «  Christ républicains  » quelle que soient leur condition et leur origine, et ce, dès l’école primaire.  »

Contrairement aux idées reçues, le XIXe siècle a représenté le siècle le plus habité et le plus tourmenté par son rapport à Dieu, et non par sa mort. L’époque se fait déborder par les églises, les médiums et les spirites de toutes sortes, de grandes dissidences libérales dans les religions majoritaires. Le siècle qui a forgé la génération de F. Buisson est sans doute propice à un tel appel d’air spirituel. Il est en effet travaillé par une profonde crise philosophique ( le progrès et le positivisme Vs la position spiritualiste) ainsi que des convulsions politiques (coup de force de Louis-Napoléon Bonaparte et exil massif des républicains).

«  Buisson pensait que l’homme était non seulement un animal politique, mais également un animal religieux. De cette même famille de pensée, Jean Jaurès, lui aussi, estimait que le socialisme devait répondre à l’aspiration religieuse inscrite en chaque homme. Aux yeux de ces hommes politiques de gauche, la religion laïque n’est pas une caricature de la religion, mais une spiritualité qui arme spirituellement la république et la gauche.  » Armer spirituellement la gauche… Qu’en pense t-on, en 2010, au saint siège du PS ?

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