Influences (n. fem. pluriel)
  1. Fluide provenant des astres et agissant sur la destinée humaine.
  2. Action exercée sur quelqu’un.
  3. Action exercée sur quelque chose.

Les Influences

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Jean-Léon Beauvois, l’homme de toutes les influences

Publié le 27 janvier 2012 par

Elles n’ont pas de visage mais elles nous gouvernent : les influences sournoises. Un chercheur en psychologie sociale les décortique et nous alerte

Tags : Jean-Léon Beauvois, Les Influences Sournoises, François-Bourin Editeur

badge-3.gifJean-Léon Beauvois, enseignant-chercheur en psychologie sociale, est notamment connu pour son ouvrage Petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens (PUG, 1987). Dans Les Influences Sournoises, Précis de manipulations ordinaires (François-Bourin Editeur, 2011), il traite à nouveau des différentes techniques de manipulation, et ce, dans le cadre d’une critique de la société libérale contemporaine.

Il s’agit donc d’un livre manifestement politique où Beauvois dénonce les influences qui s’exercent en-dehors d’un contrat explicite de communication, à savoir un contrat qui « fixe les buts et les limites de l’interaction« . C’est le contrat qui lie par exemple un professeur de mathématiques à un collégien et consiste à lui enseigner la géométrie et l’algèbre sous certaines conditions de lieu, d’horaires, de programme, de comportement, etc. Un contrat “explicite” n’exclut pas la possibilité de la part de l’émetteur de tenter de modifier le point de vue de son public. Mais dans ce cas, chaque partie est consciente du résultat recherché. Ainsi, influencer les opinions des électeurs reste l’objectif d’un discours d’homme politique. Mais l’auditoire le sait et adapte son écoute en conséquence.

Les influences sournoises, “démocratiquement contestables”, essentiellement véhiculées par les médias, s’exercent, pour leur part, en dehors du cadre contractuel. Résultat, elles modifient nos conceptions et nos comportements en nous donnant l’illusion de n’être en aucune façon le jouet d’une volonté extérieure.
Pour Beauvois, si notre époque accueille ces influences sournoises avec un empressement particulier, c’est en raison de ce qu’il baptise le « soïsme« , phénomène qui n’est autre qu’un “individualisme frélaté”. La personne n’est désormais plus un “concept complet, juridique, moral, biologique, social et psychologique” mais se trouve réduite à sa seule valeur psychologique. Seul importe alors le “soi”, voire la représentation valorisante de ce soi et l’exaltation de sa différence et de son caractère exceptionnel. En découle un désintérêt pour le politique, les vérités, le pouvoir ou encore les réalités objectives et surtout un désinvestissement de la sphère sociale. Car dans ce contexte, la société devient le principal obstacle à l’épanouissement personnel. Ici le soiïsme rencontre et adopte de facto l’un des credos du libéralisme qui enjoint de “devoir le moins possible au social”. Considérant l’individu comme entièrement maître de son destin et de sa réussite et refusant toute « exigence globalisante« , le libéralisme préférera ainsi la charité à un changement sociétal plus profond. De fait, notre culture actuelle encourage la consommation de biens et d’illusions plutôt que l’action sociale.

Le « soïsme », cet individualisme frelaté contemporain, emballe de plus en plus le phénomène des influences sournoises

Après une première partie très politique, Beauvois propose un véritable cours de psychologie sociale, fourmillant d’exemples et de techniques de manipulation soigneusement décortiquées. Le lecteur apprend ainsi qu’il suffit de dire à quelqu’un qu’il est libre ou non d’effectuer une requête pour « augmente(r) significativement les probabilités de voir (sa) requête satisfaite et/ou de voir cette requête satisfaite dans la joie.” Ces analyses étayent la thèse de l’auteur sur la nécessité de réinvestir le pouvoir social comme facteur essentiel d’évolution. Mais cela suppose l’acceptation des “influences licites” en opposition à la croyance naïve selon laquelle la créativité ne serait que le produit de cerveaux isolés qui se seraient faits leurs idées et opinions par eux-mêmes. Car pour Beauvois, en refusant des influences licites, exercées dans un cadre contractuel, croyant que cela relève de notre liberté, nous deviendrions plus susceptibles d’être victimes d’influences cachées.

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