La France s’emmerde, saison 2
Publié le 19 octobre 2012 par Rédaction LI
C’est l’avis que partagent ces temps-ci Les Influences avec Courrier International et Sciences Humaines
L’éditorial. La France cultive une curieuse phobie. Elle a peur de se tromper. Elle a peur de bouger. Elle a peur des idées. C’est Eric Chol, directeur de la rédaction de l’hebdomadaire Courrier International, qui a vendu la mèche le premier , à l’occasion de la nouvelle formule du journal. Dans son éditorial de la semaine du 11 octobre, intitulé « Contre l’ennui, des idées ». S’appuyant sur le constat et prémonition fameuse d’un Pierre Viansson-Ponté qui, dans Le Monde, en mars 1968, déclarait « La France s’ennuie », le journaliste de 2012 le constate : la France est recroquevillée, rabougrie sur ses peurs et ses obsessions recuites au micro-ondes. La croissance s’excuse. Le chômage prend ses aises. L’avenir n’est plus ce qu’il était. « Et, comme il y a quarante-cinq ans, la France s’ennuie. » Eric Chol a noté ce sentiment chez Anjuli Pandit, une étudiante d’origine indienne actuellement à Paris. Invitée à la conférence TEDx (Technology, Entertainment and Design) qui tenait sa rencontre annuelle à Paris, l’œil étranger et avisé a estimé qu’il ne se reconnaissait pas dans « ces jeunes Français qui ont peur de l’avenir, qui ont peur du chômage, qui ne veulent pas prendre de risques ». Antidote à l’indienne : voyager, se frotter aux autres cultures, ramasser le pollen des idées et en faire son miel. « Les nouvelles idées, c’est un antidote imparable à l’ennui, et même un carburant indispensable pour échapper à la sinistrose. » C’est aussi l’avis de Jean-François Dortier, le patron de la revue Sciences Humaines qui, depuis son sage promontoire d’Auxerre, théorise depuis cette année sur la nécessité d’un « développement intellectuel durable » comme il le répète dans son éditorial du numéro de novembre (N°242). Face à « l’infobésité », autre terme-concept 2012, ce développement personnel qui saurait mettre de côté les pensées twittées et les réflexes de perroquets savants, permettrait un réenchantement de l’esprit, une énergie pour mieux saisir les enjeux, pour la nécessaire dispute et la vie démocratique. Nous, on y croit. E.L