« L’effet cicatrice » sur les jeunes
Publié le 25 février 2013 par Rédaction LI
Il caractérisait autrefois les frustrations des jeunes chômeurs japonais. Le terme sociologique concerne désormais les 75 millions de jeunes sans travail dans le monde
Connaissez-vous « l’effet cicatrice » ? Si vous êtes âgé de 18 à 30 ans, et que vous ne parvenez toujours pas à trouver un emploi un peu stable depuis tant de mois, cette notion vous concerne et peut être même vous touche personnellement. » C’est un terme qui provient de la sociologie anglophone et a été forgé dans les années 1990 pour caractériser le malaise des jeunes chômeurs japonais« , nous explique Thierry Pech, directeur de la rédaction d’Alternatives Economiques.
Le journaliste l’évoque dans un article du hors-série consacré à l’état de l’économie en 2013. La jeunesse est un âge qui voit sa période s’allonger avec la crise. Or, le chômage frappant particulièrement, si ce n’est structurellement, les jeunes depuis la crise financière de 2007, il est à craindre que « l’effet cicatrice » se répande sur toute la planète. Arrivant sur le marché de l’emploi, ils piétinent. Cet effet-retard est aussi important symboliquement que matériellement. Ces invisibles de l’emploi risquent fort de rencontrer des difficultés et un enrichissement moindre tout le long de leur vie professionnelle, et parfois même jusqu’à leur retraite. Car, deuxième ressort du piège, lorsque la croissance revient et que les embauches redémarrent, ce sont les plus jeunes tout frais sur le marché qui sont prioritairement employés. « L’effet cicatrice » est cette séquence d’humiliation et de stress dont on garde les séquelles dans son parcours.
L’OCDE, dans un rapport de 2010, les a déjà qualifié de « génération sacrifiée« .
En 2013, soixante-quinze millions de jeunes, selon l’OIT (Organisation Internationale du Travail) sont en recherche d’emploi dans le monde, et ce n’est pas fini. La crainte de l’organisme depuis 2011 est qu’ils cumulent une immense « frustration collective« , provoquant des explosions sociales et sociétales en chaîne. L’effet cicatrice en cela ouvrirait une plaie béante dans une génération à vif. De quoi crever l’abcès ou alors de s’enfoncer un peu plus dans le désespoir ?
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