Influences (n. fem. pluriel)
  1. Fluide provenant des astres et agissant sur la destinée humaine.
  2. Action exercée sur quelqu’un.
  3. Action exercée sur quelque chose.

Les Influences

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#André Pyere de Mandiargues #Artus Films Editeur #Jack Cardiff #La Motocyclette #Marianne Faithfull

Les frissons de Marianne et La Motocyclette

Publié le 13 septembre 2013 par

Reposant entièrement sur la chanteuse anglaise, le film de Jack Cardiff ne serait pas ce qu’il est sans le visage et la fraîcheur de Marianne Faithfull

Le film s’ouvre sur une animation d’oiseaux qui voltigent, filtrant le réel.
La réalité sera celle de Rebecca (Marianne Faithfull) du début à la fin.
Road movie psychédélique, le mot apparaît en 1967, année de la réalisation du film par un directeur de la photographie prestigieux, Jack Cardiff, qui a signé les images, souvent flamboyantes, des Chaussons rouges, Les Amants du Capricorne, La Rose noire, Pandora, African Queen, La Comtesse aux pieds nus, Guerre et paix, Les Vikings
Adapté d’un roman d’André Pieyre de Mandiargues, édité quatre ans plus tôt, le film La Motocylette suit le parcours linéaire d’une jeune fille quittant le lit conjugal avant l’aube, pour rejoindre de l’autre côté de la frontière allemande, à Heidelberg, un amant (Alain Delon) qui lui a offert en cadeau de mariage une moto de grosse cylindrée.
Le vol d’oiseaux de l’ouverture revient tout au long du voyage, apparenté à une rêverie, jusqu’au vol plané final, image la plus spectaculaire de l’accident fatal.
La jeune fille sur la motocyclette a quelque chose d’aérien.

À fleur de peau

Deux éléments priment dans l’histoire (qui s’est appelée dans le passé en VHS Une histoire simple).
La machine chevauchée par Rebecca, et la combinaison de cuir noir dont elle se pare des chevilles à la tête. L’une accompagne l’autre. La seconde (peau) a un champ plus étendu. Elle pourrait se passer de la première. Rêve, doucement maso, dans un cirque, avant le départ, où figure le mari bafoué. Scène d’amour avec Daniel, l’amant, palpant le corps de Rebecca. Souplesse d’un corps étiré. Élevé comme dans la scène du cirque. La séquence de lit entre Alain Delon et Marianne Faithfull est une des rares où la sueur perle sur les corps nus des amants après l’amour, s’il en existe d’autres. C’est certainement la plus belle.
La touffe de poils surréaliste, disgracieuse, qu’avait dans le dos le personnage dans le roman n’est qu’un mauvais souvenir.

Blood and roses… sous le signe du kirsch

Film à tiroirs multiples confinant, avec habileté, imaginaire dans l’imaginaire, le trip de l’héroïne est ponctué de haltes, de breaks composés de flash-back et de fausses pistes. Fausse arrivée à Heidelberg qu’elle traverse, peu après le départ, on était encore dans l’imaginaire de Rebecca, qui déclarera à son amant être venue le voir pour la dernière fois, après avoir tenu douze jours sans le voir. «  Je ne te donne pas dix jours avant de revenir  » lui avait-il dit la fois d’avant pendant la longue scène de draps, avec vue sur Heidelberg, sur fond de roses.
Rebecca ne reverra pas Daniel. Elle n’arrivera jamais.
Elle s’arrête dans un bar de routiers, où elle siffle kirsch sur kirsch sous les regards des clients, et l’œil acariâtre de la patronne qui la ressert. Presque toujours, hormis la scène de classe au tout début où le jeune mari est chahuté par les écoliers, le spectateur ne sera qu’avec Rebecca. Encore que la scène citée pourrait s’inscrire dans une vision de Rebecca.

Film singulier que l’on pourrait situer entre Roger Vadim et Roger Corman. Images aux couleurs solarisées. La musique de Les Reed tient un rôle important. On peut regretter quelques transparences répétées sur des plans de route additifs. Reposant entièrement sur la chanteuse anglaise, le film de Jack Cardiff ne serait pas ce qu’il est sans le visage, la fraîcheur de Marianne Faithfull, toute jeune, teint de rose, toute frêle, apparue sur les écrans en janvier 1967 dans Made in USA de Jean-Luc Godard. Fragilité éphémère alors de l’artiste qui contraste avec la Harley, et un Delon inhabituel, œuvrant sur un registre secret et mystérieux, voire libertin, tout en retenue.

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The Girl on a Motorcycle (titre US : Naked Under Leather) est un film tacitement érotique, versant féminin, sans l’être ouvertement au niveau de l’image. Caresse d’Éole glissant sur la peau à travers le cuir. Le grand frisson demeure l’apanage de la jeune fille qui ne quitte pas l’écran.

Pour la petite histoire, Jack Cardiff avait d’abord songé à Susan Denberg, créature blonde dont on retiendra surtout Frankenstein créa la femme, un des chefs-d’œuvre de Terence Fisher, sorti en 67.

Lorsqu’il la verra, le réalisateur du Lion et des Drakkars renoncera à ce choix. Peu après, Susan Denberg défraie la chronique des faits divers. Un article était paru dans les colonnes de Cinémonde, titré : « LSD L’affaire Susan Denberg »..

La Motocyclette dans lequel apparaissent Marius Goring (prêtant ses traits au libraire, père de Rebecca), Jacques Marin (le pompiste réveillé par la motarde), Catherine Jourdan, Jean Leduc ‒ réalisateur de Via Macao l’année précédente ‒, est sorti à Paris le 21 juin 1968, en version anglaise, aux cinémas Le Dragon, Ursulines, Biarritz.

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