Pour un entassement intelligent
Publié le 2 septembre 2012 par Les Influences
Un nouveau concept urbain s’impose peu à peu aux politiques : la « ville compacte »
Institut. Ville compacte… Avant d’y vivre, il va falloir réfléchir avec ce nouveau concept qui ressemble fort à une « nouvelle politique de civilisation » urbaine. L’idée et ses principes ont émergé il y a plus de dix ans. Confrontées au problème de l’étalement et de la fragmentation, les métropoles se voient frappées de voracité en matières de sols, d’énergie et de déplacements la plupart du temps individuels. Un casse-tête budgétivore et d’organisation humaine désormais pour les politiques à l’heure des crises profondes de l’économie, de l’écologie et du déclin des énergies fossiles. Fait nouveau : son acceptation. Après avoir été très discutable, « la ville compacte » est aujourd’hui particulièrement discutée. Le 14 juin dernier, se tenait à Paris, sous l’égide de l’OCDE, des Nations-Unies et du Iurif (l’Institut d’aménagement et d’Urbanisme du conseil régional d’Ile-de-France) , un Séminaire international et comparatiste sur la question. Ambition au programme :« La ville compacte : Un modèle pour le développement urbain durable et la croissance verte ? Les enseignements des meilleures pratiques » « Cette notion de ville compacte semble maintenant totalement partagée. On aurait mené cette étude il y a 10-20 ans, on aurait eu une vraie controverse » a résumé Vincent Fouchier, urbaniste et directeur général adjoint de l’Iurif.
Ultra-compacteurs et polynucléaires
Reste tout de même des appréciations et des stratégies concurrentes pour l’organisation de ces villes d’un nouveau genre.
» Une ville « dense » unipolaire favorise les déplacements de courte distance et l’utilisation des transports publics, alors que les villes « étalées », villes des grandes distances à forte spécialisation fonctionnelle (zonage de l’habitat, des activités, des services et des espaces de loisirs) conduisent à une plus forte dépendance à l’égard de la voiture. D’où la conséquence qu’il faut peut-être intervenir sur les densités et la répartition des activités pour réduire la dépendance automobile » expliquaient ainsi les géographes urbains au début du 21e siècle. Depuis, les partisans de la « compacticité » sont devenus eux aussi plus denses. Ils cherchent à définir une forme urbaine idéale, à même d’un développement urbain plus aimable en termes d’entassement humain et de mobilités. Réhabilitations, rénovations, requalifications des espaces ont une seule visée, réduire à tout prix le nombre de déplacements en voiture et les parcours. Une école des ultra-compacteurs défend une forme immuable intégrant une densité très élevée, tandis que d’autres recherchent un tout autre dessin, s’adaptant à une « ville polynucléaire », comme une étoile riche en interactions à la condition que les transports publics puissent relier entre elles des banlieues très habitées.
Cette question aux réponses transdisciplinaires a été saisie par quelques politiques, notamment à Paris. Le vice-président de la région Île-de-France Alain Amédro, en charge de l’aménagement, s’intéresse de longue date à cette question et a été l’un des participants du séminaire. Thierry Coudert, conseiller UMP de la mairie de Paris et président du petit club de réflexions La Diagonale, lui, milite depuis quelques années pour un principe de nouvelles tours mixtes à Paris. Elles structureraient ainsi un nouveau paysage urbain, en jouant la proximité entre lieux de vies et de travail. « Le repositionnement politique passera par la fonctionnalité de la ville du futur : le rôle de Paris et ses nouvelles frontières à définir, qui impactent l’urbanisme, les transports et la vie de la région, constituent des enjeux forts. Pour l’instant, ces enjeux restent au niveau d’un Clochemerle juridico-administratif. Le débat démocratique régional s’y prend de façon à ne pas intéresser le public », expliquait-il déjà, et de regretter l’absence d’un Paul Delouvrier, voire d’un baron Haussmann.
Les débats intellectuels et politiques ne font que commencer.