Influences (n. fem. pluriel)
  1. Fluide provenant des astres et agissant sur la destinée humaine.
  2. Action exercée sur quelqu’un.
  3. Action exercée sur quelque chose.

Les Influences

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#Cyrille Franck #Frédéric Allary #Orium #Quoi.info #Serge Faubert

Quoi ? Cyrille Frank

Publié le 1 décembre 2011 par

Cyrille Frank est le cofondateur de Quoi.info, un nouveau site qui se propose d’expliquer l’information au plus grand nombre

microcosme_art-2.gif Le jeune homme a lancé le 30 novembre 2011, le pure player Quoi.info avec ses cofondateurs Frédéric Allary, ancien directeur général des Inrockuptibles et Serge Faubert, ex-directeur de la rédaction de France Soir, qui assure les fonctions de rédacteur en chef du site. Celui-ci se veut un espace où on prend le temps de comprendre plutôt que de suivre la dernière actualité brûlante. Par exemple, on peut s’interroger sur la dangerosité des OGM ou se pencher sur la question «  peut-on tuer 77 personnes et échapper à la prison?  ». Les réponses sont courtes, se veulent accessibles et donnent un réel sentiment d’avoir mieux compris le sujet. Cyrille Frank est convaincu de la nécessité de pédagogie dans l’information, une dimension que les médias traditionnels ont perdu de vue d’après lui.

Ce trentenaire, au visage confondant d’éternelle jeunesse et à la voix de contre-ténor comme s’il n’avait jamais tout à fait mué, pourrait être un sale gosse, de ceux qui veulent virer les anciens et prendre leur place. Mais il n’y a ni arrivisme ni ambition personnelle chez cet homme au visage franc et rieur. Peut-être seulement un esprit de revanche – bienveillante – sur ses aînés.

D’abord sur son père, celui qui a choisi son prénom dur à porter. «  Mon père a quitté la Hongrie pour la France en 1956. En tant qu’immigré voulant s’intégrer, il voulait des prénoms bien français pour ses enfants. Il a regardé dans le calendrier et Cyril s’écrivait Cyrille. Pas mal de gens croient que c’est un prénom de fille, ça m’a suivi longtemps…  », confie-t-il avec humour.
En représailles, conscientes ou inconscientes, Cyrille apprendra le russe, la langue honnie par son père qui lui rappelait les exactions des Russes en Hongrie. De ce père qui a «  fait à peu près tout les boulots possibles et imaginables  », livreur, chauffeur de taxi, traducteur, écrivain public, il héritera de sa ténacité et de sa capacité d’adaptation.

Parti pour faire une carrière dans la publicité, il renonce après des stages décevants. Il suit alors des études en Info Com (Information et communication) à l’Institut français de presse où il découvre avec beaucoup d’intérêt la sociologie des médias grâce à l’enseignement de Rémi Rieffel. Il continue ensuite sa formation journalistique au CFPJ et à Fun Radio où il est en apprentissage. Puis, il découvre Internet avec le groupe ZDNET, puis chez Altavista et AOL en tant que rédacteur en chef. En même temps que Quoi.info, et pour manger un peu, il pratique du consulting web pour les médias et intervient en école de journalisme.

Le meurtre symbolique des pères de l’information

Cyrille Frank, cofondateur du site Quoi.info, Paris, novembre 2011. (©Claude Germerie pour lesinfluences.fr)
Cyrille Frank, cofondateur du site Quoi.info, Paris, novembre 2011. (©Claude Germerie pour lesinfluences.fr)
Cyrille Frank perçoit dans l’avènement du web-journalisme, une forme de meurtre symbolique à l’oeuvre, celui des manières anciennes de la presse écrite papier car c’est désormais sur la Toile que la croissance se fait. «  Il y a à la fois une revanche des gens qui viennent du Web et une espèce de frustration de ceux du papier qui sont encore plus défiants vis à vis de ces petits jeunes qui leur piquent leur place, explique-t-il. C’est une animosité qui est liée à un changement de pouvoir  ». Dans ce meurtre symbolique des «  pères de l’information  », Cyrille Frank ne voit qu’un «  changement plutôt classique dans l’Histoire  », car«  de tout temps, il y a eu des technologies qui ont été dépassées et qui ont été remplacées par d’autres  ». Et de s’emballer en prenant l’exemple de la Belgique du XVIIe – XVIIIe siècle qui a connu un tel changement de paradigme : «  Les Wallons étaient alors ultra dominants grâce au textile et les Flamands, qui n’avaient rien d’autre que leurs ports, étaient pauvres, humiliés et traités comme des moins que rien. Puis, l’industrialisation s’est faite du côté des Flamands tandis que le textile s’écroulait, les places se sont inversées. Il y a eu une haine viscérale entre les Flamands et les Wallons liée à ce renversement de pouvoir  ».

Mais entre presse traditionnelle et presse en ligne, les sentiments restent tempérés. D’une part parce que tous les journaux ont intégré le Web dans leur modèle économique et d’autre part parce que les nouveaux pure players comme Quoi.info n’ont pas vocation à les remplacer. «  C’est vrai qu’on a lancé ce projet parce qu’on n’était pas satisfaits de l’information qu’on nous sert, reconnaît-il. Mais je ne souhaite pas détrôner la vieille presse. Nous avons un rôle complémentaire.  »
Pas de rancœur contre les «  vieux  » médias chez Cyrille Frank, mais une envie de faire autrement. L’équipe de Quoi.info refuse ainsi de perpétuer l’image du journaliste omniscient, celle d’un «  Christophe Barbier qui s’exprime sur tout, souvent de façon pertinente mais parfois aussi en deçà du niveau d’un expert de son domaine  », juge t-il. Sur Quoi.info, les Internautes «  seront contributeurs au même rang que les journalistes  », leurs commentaires seront intégrés dans le corps de l’article, selon leur qualité et après vérification. Un modèle participatif, sur le principe de Wikipedia, qui «  permettra au site de s’appuyer sur l’intelligence collective, de bénéficier de micro expertises et ainsi d’enrichir la qualité éditoriale  ». Derrière, il y a l’idée chère à Cyrille Frank d’ «  informer les gens pour qu’ils soient mieux armés face à la société, face à la compréhension du monde et ainsi qu’ils soient à même de mieux voter  ». La noblesse du principe n’écarte toutefois pas le pragmatisme. Ainsi Cyrille Frank critique sur son blog le fait que, grâce aux réseaux sociaux, nous pouvons «  surveiller  » nos amis ou à l’inverse, nous exposer et raconter heure par heure ce que nous faisons. De là, il dénonce «  une société [évoluant] vers un nombrilisme outrancier  ».
Pourtant, Quoi.info ne fera pas exception à la règle et permettra, grâce à sa fenêtre «  activités  », de savoir tout ce que font les inscrits sur le site. «  C’est vrai qu’il y a une petite contradiction. Mais, nuance-t-il, il y a deux choses : mon observation sociologique amusée des tendances et d’autre part il y a ce besoin des gens, que je comprends très bien, de visibilité et de différenciation. On l’intègre de façon pragmatique mais c’est surtout un moyen de montrer que le site est vivant, qu’il s’y passe quelque chose.  »

«  Notre budget est suffisant. Ça nous donne un an et demi de trésorerie  »

Cyrille Frank et les cofondateurs du site ont réuni un budget de 400 000 euros, intégralement apporté par Jean-Daniel Camus, patron du fonds d’investissement Orium, et actionnaire, entre autres, des Inrocks. Un financement modeste par rapport aux autres pure players : c’est 8 fois moins que Newsring ou 2 fois moins qu’Atlantico. «  Notre budget est suffisant, objecte Cyrille Franck. Ça nous donne un an et demi de trésorerie  ». Et si le projet fonctionne, ils feront une deuxième levée de fonds. Par contre, il a fallu se serrer la ceinture : une petite rédaction avec seulement 5 journalistes, mais «  bien payés  », et les cofondateurs Cyrille Frank et Frédéric Allary ne sont pas rémunérés. Une des dimensions initiales de Quoi.info était de répondre aux questions des Internautes, mais elle a été abandonnée faute de moyens. «  Si on a 200 Internautes qui posent une question, on ne pourra en retenir qu’une parce qu’on est une petite équipe et ça sera très décevant pour eux.  », explique-t-il.

Malgré ces concessions, Cyrille Frank n’a pas peur de la concurrence, notamment celle du nouveau site Newsring qui se propose aussi de décrypter l’info, mais par des débats. «  Il faudrait qu’ils fassent attention à ne pas rester dans une approche oui/non. Parfois, on a juste besoin d’une réponse  », estime-t-il. Cyrille Frank table sur 1 million de visiteurs uniques par mois au bout d’un an et demi. Et il peut espérer que d’ici là les gens interrogés à propos de son site ne répondront pas par un «  quoi ?  » embarrassé.

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