Influences (n. fem. pluriel)
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Les Influences

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#Artus Films Editeur #Le Fier rebelle #Michael Curtiz

Un Michael Curtiz fier et rebelle

Publié le 27 mai 2013 par

Réédition d’un western hollywoodien de légende et invisible depuis 50 ans

Tourné cinq ans après Shane (L’Homme des vallées perdues) de George Stevens, western légendaire auquel on ne peut manquer de penser, Le Fier rebelle resserre l’action autour de quelques personnages formant un noyau familial : un père joué par Alan Ladd, et son fils, une femme solitaire.

Le Fier rebelle, sorti le 10 avril 1959, au Lynx de la place Pigalle, était devenu invisible depuis un demi-siècle, et peu de cinéphiles, même ceux de la première heure, l’avaient vu. Artus Films vient de l’exhumer, dans la collection  » les grands classiques du western », avec L’Attaque de Fort Douglas (Mohawk), autre rareté, tournée en 1953 par Kurt Neumann.

Le Fier rebelle ne retiendrait pas l’attention s’il n’évitait, avec brio, tous les pièges qu’il tend pour mieux les surmonter

Le Fier rebelle est réalisé en 1958, pour la MGM, par Michael Curtiz, à quelques mois d’écart de King Creole (avec Elvis Presley pour la Paramount). Artisan génial et prolifique apte à œuvrer dans tous les genres, Curtiz n’est pas souvent considéré comme un auteur. Le style, pourtant, sec et concis, à l’efficacité infaillible (de L’Arche de Noé en 1928, à son dernier film, Les Comancheros, en passant par le fantastique avec Doctor X et Le Mort qui marche et les films de pirates servis par Errol Flynn), la souplesse du récit sont une signature (reconnaissable) d’auteur véritable, si on choisit d’attribuer ce statut à la mise en scène pure.

Le Fier rebelle ne retiendrait pas l’attention s’il n’évitait, avec brio, tous les pièges qu’il tend pour mieux les surmonter, à commencer par la sensiblerie de situations dans laquelle d’autres, moins roublards, auraient inévitablement enlisé une histoire qui avait tout à perdre dans l’épanchement de bons sentiments. Le défi n’œuvre pas dans la facilité, au-delà de la noblesse des personnages que leur prêtent les acteurs, Le Fier rebelle est habité par la grâce, et vérifie l’aphorisme : il n’y a pas de mauvais sujet, il n’y aurait que de mauvais conteurs d’histoire.

Fin de la guerre de sécession, côté sudiste. David, un garçon de onze ans, joué par le fils d’Alan Ladd, est devenu muet après avoir vu sa mère mourir dans l’incendie du ranch de son père, Johnny Chandler, qui cherche, désespérément, dans chaque ville, un médecin compétent pour que son fils retrouve la parole. Le problème étant dans la tête, comme le diagnostique le premier toubib, le docteur Enos Davis (Cecil Kellaway), le cas n’est que plus complexe et moins sûr de trouver une issue heureuse.

Altercation verbale avec des ploucs qui n’ont pas la langue dans leur poche, au premier patelin où l’on fait halte. Les agités du bocal ont la gâchette facile, à la moindre blessure d’amour propre. Les seconds couteaux font partie des meubles de tout western, qui se respecte ou non, qu’il soit américain ou italien. Là aussi pour amuser la galerie, ils provoquent pour un regard de traviole, pour affirmer aux yeux de l’autre le caractère qui leur fait défaut. Aucun western sans ces emmerdeurs patibulaires, souvent haut en couleur. La rixe a lieu avec les fils d’un éleveur de moutons, à cause du chien. Le chien des Chandler est un petit toutou qui ne paie pas de mine, mais c’est un bon chien, efficace, qui sait mettre de l’ordre lorsque le troupeau de Panurge se disperse, et c’est le compagnon de David, que l’on tente d’enlever. Dean Stanton, qui trouvera bien plus tard une vraie célébrité, mondiale avec Paris Texas de Wim Wenders, sous le nom d’Harry Dean Stanton, est un des chiens fous, qui veut imposer la loi de la terreur. Le père, Harry Burleigh (Dean Jagger), veut mettre la main depuis un bail sur le ranch et les terres de Linnett Moore (Olivia de Havilland). Cette femme solitaire accueille (il faudrait dire recueille) l’enfant, et le père venant de passer en jugement pour la bagarre avec les frères Burleigh. Prise à partie du garçon aphasique, soupçonné de n’avoir pas de langue par les autres enfants. Pour payer la consultation d’un spécialiste, Chandler n’a d’autre solution que de vendre le chien, si convoité, à l’insu de David, mais le chien vendu par ses proches ne veut rien entendre et s’avère entre les pattes de ses nouveaux propriétaires un très mauvais chien dont il n’y a rien à tirer. Un des moments forts est la recherche de son chien par David, symphonie d’émotions tournant au grandiose dans ce qui relève alors presque du mélodrame au sein du western. Un autre incendie, celui du ranch de Linnett Moore, provoqué par les fils Burleigh, ravive, à la vue des flammes, le traumatisme du garçon… le passé redevient présent.

Lorsque Johnny Chandler abattra les Burleigh, et manquera à son tour d’être tué, le fils sauvera son père dans le feu de l’action, en retrouvant la parole. John Carradine ouvre le bal, le temps de le croiser, au début, en charrette, de présenter la situation dans le pays entre nordistes et sudistes.

Écriture d’un beau classicisme, révolu. Autre cinéma, autre siècle.

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2 commentaires sur “Un Michael Curtiz fier et rebelle

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