Influences (n. fem. pluriel)
  1. Fluide provenant des astres et agissant sur la destinée humaine.
  2. Action exercée sur quelqu’un.
  3. Action exercée sur quelque chose.

Les Influences

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#Arnaud Montebourg #Barack Obama #Olivier Ferrand #Parti socialiste #Politique

Une primaire inspirée de Barack Obama peut-elle sauver le PS de la guerre des égos ?

Publié le 29 juin 2009 par

Après une année de réflexions et d’études, notamment à Washington auprès des équipes de Barack Obama et du Center for American Progress, le rapport de la commission, intitulé «  Pour des primaires ouvertes et populaires  » vient d’être rendu public.

Olivier Ferrand (Claude Germerie pour L’Agence Idea)
Olivier Ferrand (Claude Germerie pour L’Agence Idea)
1. Vous avez procédé à une étude des primaires démocrates : quels sont les avantages et les inconvénients du système Obama, et qu’en avez-vous retenu pour votre travail d’analyse ?

Les primaires américaines, ouvertes aux citoyens et non réservées aux militants, permettent de donner une dynamique politique au vainqueur. Dynamique électorale : la légitimité conférée par les 35 millions d’électeurs de la primaire démocrate pour Obama sont incomparables avec celle donnée par les 150.000 militants socialistes de la primaire PS de 2006. Et dynamique militante : c’est parmi ces 35 millions d’Américains que Barack Obama a pu en «  recruter  » 13 millions pour faire sa campagne, dont près de 2 millions qui sont devenus des militants de terrain, et qui ont fait du porte-à-porte pour lui.

Les primaires américaines permettent également de choisir le «  meilleur  » candidat, c’est-à-dire celui qui a le plus de chances de gagner l’élection présidentielle. Pour trois raisons. Un : elles utilisent le même «  thermomètre  » (le vote de l’opinion publique), au même moment (quelques semaines avant l’élection générale), pour choisir le candidat. Deux : la campagne des primaires est longue et compétitive, elle permet de savoir réellement ce que valent les candidats – leur personnalité, leur programme, leurs équipes – et donc de choisir en connaissance de cause. Trois : l’accès à la candidature est large, ce qui permet à des «  outsiders  » de se présenter. Et de gagner s’ils se révèlent meilleurs que les autres : un Barack Obama français, homme politique national depuis à peine plus d’un an lors de sa déclaration de candidature, n’aurait jamais pu émerger dans la primaire de 2006, il n’aurait même pas pu se présenter.

Les primaires américaines permettent enfin de réunifier son camp à la fin de la bataille interne. On l’a vu pour Obama : la compétition face à Hillary Clinton a été très dure, pourtant les règles des primaires (convention démocrate d’investiture, fusion des équipes, négociation du projet présidentiel avec les battus de la primaire et le parti…) assurent le rassemblement derrière le vainqueur.

2. Le PS martèle qu’il faut d’abord un « projet ». N’êtes-vous pas à contresens du diagnostic de Martine Aubry ?

Il faut en effet d’abord un projet. C’est un faux débat. Le calendrier est partagé par tout le monde : 2010, la réflexion sur le projet ; 2011, le choix du candidat. Mais pour que ce calendrier soit tenu dans de bonnes conditions, il faut décider du principe et des grandes règles de la primaire dès maintenant. Pourquoi ?

D’abord, parce que les règles doivent être codifiées le plus en amont possible, à froid, lorsque le voile d’ignorance existe encore sur les situations individuelles des uns et des autres. Plus on attend, plus ce voile va se lever et plus les négociations vont s’éloigner de l’intérêt général pour devenir un grand marchandage entre des intérêts personnels. La primaire de 2006 est le contre-exemple à éviter : une négociation au dernier moment, à chaud, aboutit à de mauvaises décisions (accès verrouillé à la candidature, compétition trop tardive et trop aseptisée, pas de procédure de réunification autour du vainqueur…).

Ensuite, parce que la mise en place opérationnelle du dispositif va prendre du temps. Faire voter 4 à 5 millions de personnes dans une primaire, ce n’est pas facile à organiser. Il n’y a pas d’antécédent en France, personne n’a la compétence. Il faudra être professionnel. Il y a donc tout un travail de préparation, technique, souterrain, à mener.

Enfin, parce que c’est la seule manière de «  libérer  » le projet. Que se passe-t-il aujourd’hui ? On a des primaires de fait, sauvages et permanentes : elles paralysent toutes les réflexions de fond car les idées sont instrumentalisées au service des candidats potentiels. On l’a vu entre 2002 et 2006 : les courants du PS ferraillent pour tirer le projet à eux, au final il y a neutralisation et on aboutit à un projet d’une rare médiocrité – et que les candidats à la primaire sont censés défendre ! Avec la codification des primaires, on met en place une procédure régulée et calée dans le temps. Cette procédure a vocation à trancher entre des personnalités ET leurs orientations politiques, leur projet. Du coup, la réflexion préalable sur le projet peut se dérouler librement, sans être annexée aux enjeux présidentiels.

Le PS et la gauche peuvent réfléchir collectivement à un patrimoine programmatique commun, il n’y a pas de vote pour choisir une ligne, chaque candidat peut ensuite puiser dans ce vivier intellectuel commun et la primaire tranche la ligne politique.

3. Quels sont les principaux obstacles qui empêcheraient l’établissement de primaires au PS ?

C’est une vraie «  révolution  » culturelle. C’est donc compliqué. Pour réussir, il faut commencer par en discuter. Le préalable, pour le moins, c’est que la direction du parti mette le sujet à l’ordre du jour de ses instances et organise un débat autour des propositions issues de la commission que nous co-animions avec Arnaud Montebourg.

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