World Bide Web
Publié le 7 décembre 2015 par Les Influences
Il a été l’une des sensations de l’été. « Nous tolérons de moins en moins d’être exposés à des idées qui ne sont pas les nôtres, et c’est le meilleur terreau du terrorisme ou de l’extrémisme. Puisque chacun évolue dans sa bulle, persuadé d’être dans le vrai, l’illusion du consensus est généralisée, et des idéologies radicales prennent plus d’importance qu’elles ne le devraient. » Ainsi s’est exprimé sur Télérama.fr, le blogueur iranien Hossein Derakhshan qui sorti de prison au bout de 6 ans, a constaté le grand effondrement d’Internet : à savoir la substitution du débat et d’échanges d’idées, de la sérendipité, des blogs qui se répondaient les uns les autres, par le like, l’hyperindividualisme, la loi tiédasse du mainstream et les selfies avec son chaton.
Dans un texte remarquable, The web we have to save *, publié sur le site Matter, il fait état de cet état mental et culturel qui n’accable pas, loin de là, que la dissidence de Téhéran. Derakhshan estime que Face Book et autres Instagram ont acté la fin de l’écriture sur le Web, tuant l’indispensable hypertexte du partage et du débat contradictoire. Avec ce Web-là, chacun dans sa bulle, nous sommes sous le joug éclatant du Nom-des-pairs, selon l’expression de la psychanalyste et philosophe Cynthia Fleury (lire entretien revue Panorama des idées n°5 ) : celles des petites hordes primitives et des communautarismes rétrécis qui font la loi du Net.
Somme toute, le Web n’est que l’écran de la vraie vie : ça fait combien de temps que vous vous êtes laissé convaincre par une idée inattendue, ou que vous avez débattu à fond et en prenant vos risques ?