Le 30e anniversaire d' »Alter Eco »
Publié le 17 octobre 2010 par Les Influences
Le 2e mensuel de la presse économique, Alternatives Economiques, créé par Denis Clerc, fête ses 30 ans et change de directeur de la rédaction.
Le 30e anniversaire du mensuel Alternatives Economiques affiche une nouvelle formule, un nouveau directeur de la rédaction, Thierry Pech, mais aussi une solide gueule de bois: la une du n°295 est dédiée au chômage, ou comment s’en sortir. Avec 4,6 millions d’inscrits à Pôle Emploi, c’est un actif sur six depuis le mois de juillet 2010 qui est à la recherche d’un travail. Selon l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (Oneps): « pour 100 chômeurs de plus au cours de la crise, on dénombrera 45 ménages pauvres supplémentaires en 2011. »
Le journal explore plusieurs pistes afin de juguler le chômage, comme les innovations, de nouveaux aménagements du cycle de vie, la flexibilité interne ou la conversion écologique de l’économie (grand cheval de bataille du journal).
Depuis plus de 30 ans, le labyrinthe français de l’emploi n’a pas vraiment trouvé d’issue. « Alter Eco » a été créé à l’amorce de ces « Trente piteuses ». Les deux chocs pétroliers avaient asséché les illusions des années 1970, la décennie 80 du chômage et de la désindustrialisation s’apprêtait à transformer en profondeur le visage d’un pays doré par les trente glorieuses. « There Is No Alternative » martelait Margaret Thatcher, grande lectrice de Friedrich Hayek, en attendant Ronald Reagan. Keynes avait le droit à sa danse du scalp hystérique. Milton Friedmann était totémisé et verrait même une inflation de théories fétichistes.
1980-2010 : Tout change, rien ne change ?
L’économiste Denis Clerc estimait que le débat public avait besoin de perspectives et d’alternatives face à un libéralisme dominateur et surtout indiscutable. Il était loin de s’imaginer qu’il allait lancer un vrai concept ( 104 240 exemplaires de diffusion payée en 2009) le hissant à la seconde place de la presse économique.
Tout change, rien ne change ? Dans un dossier, illustré par les photos de Raymond Depardon, le mensuel s’interroge sur ce qui a changé, avec les analyses de sensibilité social-démocrate ou verte d’une douzaine de chercheurs en sciences sociales. L’économiste Jacques Freyssinet estime que « le partage du travail est plus que jamais l’avenir« . Eric Maurin constate que « la question sociale s’est déplacée depuis la désindustrialisation des années 1980 », Christian Baudelot et Roger Establet, eux, pensent que « la discrimination entre femmes et hommes reste la même« . Bénédicte Hermelin estime que « la croissance ne suffira pas » pour les pays du Sud. Alain Lipietz, lui, croit dur comme fer que « l’on vivra mieux dans une économie convertie à l’écologie« .
Quoique il en soit, un seul mot d’ordre édicté par l’insomniaque Thierry Pech dans son éditorial : « Ne jamais s’endormir« .