Le directeur du Monde flingue l’ancien Monde
Publié le 3 novembre 2010 par Rédaction LI
A la faveur de la recapitalisation du quotidien, Eric Fottorino dans un éditorial musclé s’en prend à l’ère Colombani-Plenel.
Si on doit tourner la page, autant le faire bruyamment. Le directeur du quotidien Le Monde, Eric Fottorino, le fait avec une certaine violence dans son éditorial « Ecrire une nouvelle page » (édition du 4 novembre). Prenant acte de la nouvelle ère qui s’annonce avec la troïka d’actionnaires majoritaires, Pierre Bergé-Xaviel Niel-Matthieu Pigasse (entre 55 et 60% du capital), l’actuel patron de la rédaction enlève ses gants de Suède et sans les nommer, fustige ses prédécesseurs à la tête du journal. Même s’il n’est jamais cité dans l’éditorial, le tandem Jean-Marie Colombani-Edwy Plenel aura constitué la roche tarpéïenne du quotidien du soir, si l’on comprend bien l’analyse éfilée du successeur.
« Avant de tourner une page, il faut s’assurer de l’avoir bien lue. Surtout, si le passé, aussi brillant soit-il, se solde par un échec économique et financier. Et par quelques écarts éditoriaux qui n’ont pas été pour rien dans les crises successives du Monde« , indique t-il avant de dresser un féroce inventaire.
» Une main ferme et chaleureuse »
Une stratégie industrielle inepte et suicidaire : l’imprimerie dont aujourd’hui le quotidien n’arrive pas à se débarrasser. Une spirale financière, une folie des grandeurs et dans les années 2000, « une stratégie d’acquisitions coûteuse et hasardeuse« . Surtout, depuis les années 1980, un média orgueilleux et donneur de leçons, entretenant « la suspicion envers les pouvoirs politique et économique. » Cri du coeur du directeur: « Que de personnalités injustement malmenées, semoncées, voire jugées dans nos colonnes! »
Invoquant à son tour l’esprit de Péguy qui inspira le fondateur Hubert Beuve-Méry ( « Dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, dire bêtement la vérité bête, ennuyeusement la vérité ennuyeuse, tristement la vérité triste »), l’actuel directeur de la rédaction indique vouloir rompre avec cette ère détestable. « Lyrique, il invite pour la conclusion, le poète de langue allemande, Paul Celan, qui « ne voyait guère de différence entre une poésie et une poignée de main ». C’est à un nouveau Monde, plus aimable, avec « une poignée de main ferme et chaleureuse » que veut s’atteler la rédaction, assure Eric Fottorino.
Ce 3 novembre 2010, Le Monde vient de réhabiliter quasi officiellement et en grande partie l’enquête de Pierre Péan et Philippe Cohen, La face cachée du Monde (Mille et une nuits, 2003) qui, à l’époque, avait suscité une bronca spectaculaire de la part des dirigeants du quotidien, en même temps qu’anticipé leur départ.
Un commentaire sur “Le directeur du Monde flingue l’ancien Monde”
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encore un hectare de forêt gâché pour rien
au lieu d’écrire un « éditorial » (et… prout ma chère ?) qui embête tout le monde, il aurait mieux fait d’organiser un dîner-de-cons et de mettre ça sur You Tube, ça pouvait être drôle à regarder en coupant l’son.