Pour 2011, « banalysez »-vous
Publié le 3 janvier 2011 par Les Influences
Courant culturel fécond depuis les années 1980 et parfaitement invisible, Le mouvement de la « Banalyse » vient d’éditer un drôle d’agenda, L’imprévisible 2011.
L’agenda L’Imprévisible, saison 3, vient de sortir du pressoir à fantaisies de Caen. A l’heure où l’accélération de la vitesse devient un sujet d’inquiétude philosophique, comme en témoigne l’essai impressionnant d’Hartmut Rosa (Accélération, une critique sociale du temps, La Découverte, 2010), ce petit objet de temps parallèle et distordu a quelque chose de réjouissant. Pour cette nouvelle mouture, ses créateurs, les plasticiens Marie-Liesse Clavreul et Thierry Kerserho, de l’association La Caravane d’Inventions Institutionnelles, ont passé la main. C’est un universitaire pataphysicien, Pierre Bazantay, qui a troussé ce calendrier littéraire, comme un tissu de jours rêvés et loufoques, indispensable pour les esprits curieux.
Rendez-vous en gare de Fades
Spécialiste de l’oeuvre de Raymond Roussel, il est également l’un des fondateurs dans les années 1970 du mouvement artistique et intellectuel de la « Banalyse ». Il connut son heure de gloire entre 1982 et 1991, notamment à travers un congrès tenu en gare de Fades (Puy-de-Dôme). Durant quelques jours, des gens s’y regroupaient pour ne rien faire. « Nous avons appelé « Banalyse » l’agitation mentale, encore assez confuse, que provoque cette expérimentation peu raisonnable, mais exigeante, d’une réalité sans intérêt, mais problématique. Qu’on n’imagine cependant pas que ce terme recouvre un quelconque contenu de savoir : est banalyste celui, qui ayant eu vent du Congrès de Fades, a été fortement tenté d’y venir« , instruit Les Cahiers de banalyse n°2 de mai 1984.
Une gare perdue, un hôtel de fin de saison, une commune solitude… Les congrès de « Banalyse » durèrent avec un certain succès jusqu’en 1991, année où la SNCF supprima cette ligne peu rentable. Les « Banalyseurs » se cachèrent un peu plus.
D’une grande richesse culturelle et d’une parfaite confidentialité, le mouvement de la « Banalyse » a traversé les furieuses décennies de la fin de la guerre froide, de la mondialisation économique, des exigences libérales et du big bang des industries virtuelles. Marie-Liesse Clavreul et Thierry Kerserho ont le projet de retracer et de réhabiliter à travers un ouvrage, ce courant culturel banalement méconnu.
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Pour 2011, « banalysez »-vous
Existe-il une proximité entre les congrès de banalyse et le congrès de pataphysique des années 50/55.