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Les Influences

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#Editions Mordicus #Jean-François Julliard #Jean-Marie Le Pen #Reporters sans frontières #Robert Ménard

Jean-François Julliard, Reporter sans Ménard

Publié le 26 avril 2011 par

Depuis trente mois qu’il a remplacé Robert Ménard à la tête de RSF, le nouveau secrétaire général essaie toujours de démarquer l’association de la griffe de son encombrant fondateur.

Jean-François Julliard, secrétaire général de RSF (Source : JDD)
Jean-François Julliard, secrétaire général de RSF (Source : JDD)
Jean-François, pourquoi tu tousses ? Quand il a pris son poste de secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), en septembre 2008, Jean-François Julliard n’a pas voulu occuper le même bureau que son prédécesseur. Il s’est installé dans une autre pièce. Comme s’il avait deviné qu’il fallait se départir de cette figure paternelle qui risquait de devenir encombrante. «  Robert Ménard a créé RSF et il a incarné l’association pendant 23 ans, explique Julliard. Lorsque je suis arrivé, j’ai dû montrer qu’on allait continuer d’exister, mais différemment  ». Une tâche ardue, tant le panache et l’outrecuidance du fondateur de RSF a durablement marqué les esprits. Mais une tâche nécessaire quand le goût pour la provocation de Robert Ménard l’amène en terrain glissant. Le 21 avril (date anniversaire de l’accès de Jean-Marie Le Pen au second tour de l’élection présidentielle de 2002), il publiait un livre au titre plus que sulfureux : Vive Le Pen ! (Editions Mordicus).

Jean-François Julliard : «  Le moins qu’on puisse dire, c’est que ça nous a ennuyé quand nous avons appris la sortie de ce livre. D’autant que, sur la quatrième de couverture, l’éditeur présente Ménard comme le fondateur de RSF. Ce qui est juste, mais il est possible que ça entraîne des amalgames, que des gens en arrivent à déduire que RSF soutient Le Pen  ». Le livre est posé sur son bureau, il l’a reçu la veille. «  Je l’ai lu. Bon, Robert est moins dans la provocation que ce que je redoutais. En fait, c’est un condensé de ce qu’il a déjà écrit dans ses précédents ouvrages. En gros, il dit que tout le monde devrait avoir le droit de s’exprimer, y compris ceux avec qui on n’est pas d’accord. Jusque là, pas de problème. J’ai davantage de mal à le suivre quand il écrit que l’extrême droite est bâillonnée, alors qu’on voit Marine Le Pen sur tous les plateaux TV  ».
Moins de deux ans après avoir démissionné de l’association de défense de la liberté de la presse, Robert Ménard se lâche dans son discours – parfois en rupture totale avec les principes de RSF –, comme par exemple lorsqu’il déclare que la peine de mort, dans certains cas, ne l’empêcherait pas de dormir. Ou lorsqu’il ferraille avec les journalistes, comme s’ils étaient dorénavant devenus des ennemis (ceux-ci le lui rendent bien sa virulence, voir ici son accrochage avec Edwy Plenel : http://www.youtube.com/watch?v=z_qKW78Vv04).

Revenir aux fondamentaux

Robert Ménard, l'ex-président est devenu un publiciste de choc. (Source : Abaca)
Robert Ménard, l’ex-président est devenu un publiciste de choc. (Source : Abaca)
Jean-François Julliard confesse qu’une des premières tâches à laquelle il s’est attelé, quand il a pris les rênes de l’association, fut de renouer les liens entre RSF et les journalistes français. «  Un gros travail  », reconnaît-il. D’ailleurs, personne d’autre n’était candidat pour s’asseoir dans le fauteuil de Ménard. Le nouveau secrétaire général, à bientôt 38 ans, décide de revenir aux fondamentaux du «  mandat  » RSF : défendre la liberté d’expression et la liberté d’informer. «  Manifester pour la cause tibétaine ou critiquer la Chine lors des jeux olympiques de Pékin, comme Robert l’a fait en 2008, c’était important, certes. Mais ce n’était pas notre mandat  ». Tout pour la presse et les nouveaux médias, donc. En communiquant autrement, de manière plus contemporaine, en utilisant davantage Internet, les blogs, l’action directe non violente… «  Les banderoles et le raffut devant l’assemblée, c’était la marque de fabrique de Robert. Il a une capacité d’indignation permanente qui est de toute façon inimitable  ».

L’arrivée de Julliard à RSF remonte à1998, pour y effectuer son service national en tant qu’objecteur de conscience. Six mois plus tard, il est nommé coordinateur des correspondants de la zone Afrique. Puis il devient responsable des recherches (l’équivalent du métier de rédacteur en chef dans un journal : il manage l’équipe, s’assure que les prises de positions sont homogènes, etc). Avec tout ça, il n’a guère eu le temps d’exercer son métier de journaliste, bien qu’il ait suivi des études de cinéma et un DESS de techniques du journalisme à l’Institut français de presse, à Paris, dans la perspective de faire du documentaire. Paradoxal ? «  Non, il n’est pas nécessaire d’être journaliste pour défendre la liberté de la presse. Notre travail est avant tout militant, on fait du lobbying, on intervient auprès des responsables de gouvernements…  »

Elie et Dieudonné

Et de revenir sur les années Ménard : «  On a toujours travaillé en confiance, tous les deux, mais je n’étais pas toujours d’accord dans ses choix, quand par exemple il a défendu Al-Manar, la télé du hezbollah libanais, qui appelle clairement à éliminer les juifs  ». Tels les humoristes Elie Semoun et Dieudonné M’bala M’bala, les deux anciens collaborateurs risquent de voir leur complicité s’effilocher à cause d’une posture. «  Je trouve triste que Robert dérape à ce point, regrette Julliard. Il se caricature. Je suis sûr qu’il est plus nuancé au fond de lui. Mais il a toujours aimé surprendre, être là où on ne l’attendait pas  ». Surprendre ? Le parcours politique de Ménard, par exemple, est assez, comment dire… hétéroclite. Cet ancien trotskiste a milité à la Ligue communiste révolutionnaire, s’est approché du Vert Daniel Cohn-Bendit, a voté Sarkozy aux dernières présidentielles, s’est déclaré prêt à rouler pour François Bayrou en quittant RSF et vient d’écrire un livre titré donc Vive Le Pen – même s’il précise bien vite, dans son texte, qu’il ne s’agit pas de défendre les idées du Front National mais la liberté d’expression. «  Au final, l’annonce de la sortie du livre aura fait plus de bruit que le livre lui-même, constate Jean-François Julliard. Un moment, j’ai redouté que ça puisse avoir des conséquences sur nos partenaires ou nos donateurs, mais on n’a reçu que trois messages de mécontentements pour l’instant. Pas de quoi s’alarmer. De toute façon, notre priorité n’est pas là, avec tout ce qui se passe actuellement dans les pays arabes…  » Dans le pamphlet de Robert Ménard, la seule phrase qui a étonné Jean-François Julliard «  c’est celle où il écrit « grâce à Dieu, il existe des espaces de liberté ». Moi, je l’ai toujours connu anti-religieux  ». Un silence, et puis : «  Cela dit, il a failli être curé, dans sa jeunesse. Il a fait le petit séminaire avant d’entamer des études de philo  ». Le nouveau boss de RSF lui a son sacerdoce, et doit composer avec un petit diable qui n’est pas encore rentré dans la boîte.

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3 commentaires sur “Jean-François Julliard, Reporter sans Ménard

  1. Jean-François Julliard, Reporter sans Ménard
    s’agit-il du même Jean-François Julliard que celui du Canard enchaîné ? Si la réponse est oui on comprend mal le silence de l’article, sur ce point.

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