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#Etat de la migration dans le monde 2011 : bien communiquer sur la migration #OMI #Politique

Le migrant, cette pauvre victime médiatique

Publié le 7 décembre 2011 par

Pour son 60ème anniversaire, l’Organisation internationale pour les migrations s’élève contre les médias accusés de noircir massivement l’immigration

veille.gif Une réalité massive tout d’abord : il y a près d’un milliard d’êtres humains qui migrent dans le monde. 240 millions de migrants internationaux repérés dans le monde, 70 millions ont migré du Sud vers le Nord, 70 millions du Sud toujours plus au Sud. 59 millions originaires d’un pays du Nord résident dans un autre pays du Nord, tandis que 15 millions venus du Nord se sont dirigés vers le Sud. A ces mobilités impressionnantes, il faut compter également les migrants de l’intérieur : 750 millions. Réfugiés et demandeurs d’asile : 16,3 millions. Un phénomène migratoire montant : 4,2 millions d’immigrés climatiques.
Les pays de tête qui attirent le plus sont les Etats-Unis, la Russie, l’Allemagne, l’Arabie Saoudite et le Canada. En 2011, crise économique sans précédent ou pas, les migrations se tiennent toujours à un haut niveau.

 » La possibilité de s’exprimer dans le débat sur la migration, aujourd’hui est excessivement tendancieux, polarisé et négatif « 

Tous ces déplacements sont recensés, suivis, étudiés par l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM/OMI), créée pour gérer les brassages de réfugiés et de migrants de l’après-guerre et qui, à l’occasion de son soixantième anniversaire, propose un rapport intitulé  » Etat de la migration dans le monde 2011 : Bien communiquer sur la migration« . Sous le titre policé comme un manuel de savoir-vivre, un curieux coup de gueule. Ses rédacteurs, conduits par le rédacteur en chef Gervais Appave, estiment en effet que «  la possibilité de s’exprimer dans le débat sur la migration, aujourd’hui est excessivement tendancieux, polarisé et négatif« . L’organisme juge que les migrations constituent le faux-nez de « toutes les peurs et des incertitudes face aux problèmes du chômage, du logement et de la cohésion sociale« .
Opinions, médias, politiques, si vous saviez. Tout ça serait un problème d’énorme malentendu et de communication. L’OIM se veut technique et dégraissée de toute idéologie, indiscutable, irréfutable, et finalement bien peu ouverte au débat, pour constater qu’il s’agit là d’  » un phénomène encore largement incompris à notre époque, pourtant caractérisée par une mobilité humaine sans précédent« . Il faut donc aux yeux de l’organisme, faire admettre et même amplifier ce phénomène. Les médias se trouvent aux avant-postes de cette mission quasiment gramscienne, suggère encore l’OIM.

Plaidoirie vigoureuse : l’OIM  » plaide en faveur d’un virage radical dans la façon dont nous parlons de la migration, surtout en périodes de récession économique, lorsque le discours politique, les informations diffusées par les médias et l’opinion publique sur la nature, l’objet et les incidences socioéconomiques de la migration sont généralement négatifs.  » Les animateurs du rapport se désolent que les médias n’aident pas à la compréhension compréhensive et propage les sentiments anti-migrants.

« Des préjugés négatifs, des attitudes discriminatoires, voire des manifestations de xénophobie sont réapparus dans les sociétés de destination, suscitant des controverses sur les avantages du multiculturalisme » souligne le rapport. Ainsi le ressenti de l’immigration auprès d’opinions publiques hostiles génèrent des effets de loupe grossissants. Par exemple aux Etats-Unis, les citoyens sondés estimeraient à 39% le pourcentage de migrants, alors que la réalité statistique les situe à 14% de la population. De même en Italie, les sondés évalue le pourcentage d’immigrés à 25% quant il est à 7% A l’inverse, l’OIM fait remarquer les résultats positifs en Allemagne d’un meilleur vivre ensemble entre jeunes allemands en contact régulier avec de jeunes migrants. En règle générale, les résultats des enquêtes d’opinions, de la France au Guatemala, sont influencés par l’idée que les migrants prennent le travail des nationaux, ou pillent en tant que minorités très actives les ressources mêmes d’un pays.

Verrouillant son argumentation par une pirouette rhétorique, le rapport assure « qu’il ne prône pas pour autant un parti pris sans réserve sur les questions migratoires« , qu’il se garde bien de détailler. Mais c’est parce qu’avant de  » mener un débat ouvert sur la migration, il faut comprendre et affronter non seulement ce qui fait peur, mais aussi les attitudes négatives qui ressortent des enquêtes, afin d’apaiser l’hostilité publique. » Les opinions publiques sont décidément de grands enfants à qui il faut offrir de jolis albums à colorier.

L ‘immigré doit être aujourd’hui un immigré médiatique et visible pour être accepté

«  Dans un monde toujours plus interconnecté comme le nôtre, il est de toute importance de bien communiquer sur la migration, afin de bien faire comprendre au plus grand nombre que la migration est tout à la fois une réalité et une nécessité. Gérée avec intelligence et dans le respect de la dignité humaine, la migration est aussi extrêmement souhaitable  », indique William Lacy Swing, directeur général de l’Office.

Alors d’où vient cette gène à la lecture d’un rapport par ailleurs truffé de données et d’informations précieuses ? Le ton péremptoire et cette novlangue de bons sentiments suscitent exactement l’inverse de l’effet recherché, négligeant des impensés et les faits qui fâchent. La leçon faite aux médias tient de la propagande ou de la com. Ce que ne cache d’ailleurs presque pas William Lacy Swing dans son introduction : «  S’il est fondamental, pour garantir un débat éclairé sur la migration, que les médias diffusent des informations honnêtes et nuancées, il faut aussi donner aux migrants la possibilité de s’exprimer pour raconter leurs trajectoires. De la sorte, on les considèrerait tels qu’ils sont en réalité, à savoir les artisans de leur destin, alors que bien trop souvent, ils sont considérés comme des personnes passives, démunies et marginalisées  ». L’immigré, cet incompris, doit être aujourd’hui un immigré médiatique pour être accepté. La visibilité médiatisée permettra sa banalisation.

L’OIM ne discute pas, par exemple, des comportements de l’immigré contemporain dans ce fameux « monde interconnecté » : or, les TIC (technologies de l’information et de la communication) ont, comme le confirment des études récentes, considérablement changé la donne des migrants, tissant et intensifiant ses liens et ses envois de fonds (estimés globalement à 328,4 milliards d’euros) avec son pays d’origine, relativisant largement le pays d’accueil. Sans le préciser, les rédacteurs sous-entendent, comme si ça allait de soi, une conception par trop individualiste de l’immigré, éludant soigneusement le regroupement famillial, le type d’intégration, les effets communautaires et l’impact de populations nouvelles sur le tissu socio-culturel du pays d’accueil et surtout en temps de crise. De cette crise qui persiste sous nos yeux, s’incruste et fait l’actualité, curieusement pas un mot. Pas de place non plus un peu pensée au marché mondialisé de l’emploi, au chômage mondial historiquement haut, aux mécanismes salariaux, au feed-back social et autres interactions puissantes de la mondialisation économique, thèmes qui pour le coup concerne beaucoup de gens, gens d’ici et d’ailleurs, dans un même monde déboussolé.

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