Influences (n. fem. pluriel)
  1. Fluide provenant des astres et agissant sur la destinée humaine.
  2. Action exercée sur quelqu’un.
  3. Action exercée sur quelque chose.

Les Influences

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#Albin Michel #Eyrolles #Homo Economicus #PNUD #Rencontres du Mont-Blanc #Tomas Sedlacek

Homo Humanicus

Publié le 28 septembre 2013 par

Qu’est ce qui permet d’affirmer aujourd’hui qu’un progrès… en est un ?

des-croissances-2.gif «  L’offre rejoindra-t-elle un jour la demande ?  » s’interroge Tomas Sedlacek ( L’Economie du Bien et du Mal . Eyrolles 2013). Narguant les partisans de l’une et de l’autre ; s’interrogeant sur la notion de biens et services utiles et plus largement sur la notion d’utilité. Quels biens et services sont utiles ? Qu’est-ce qui est économiquement utile à chacun, à la société ?

Cet économiste assez philosophe, érudit et moqueur, éclaire à sa façon le débat sur «  croissance-décroissance-a-croissance  ». Il évoque le progrès «  religion sécularisée  » et ironise sur «  la croissance (qui) arrange tout  ». Demandant s’il faut attendre que la croissance disparaisse pour être sensible à plus de justice. Ses thèses, interrogations, et celles de Cohen («  L’Homo Economicus  », Albin Michel 2013) se croisent. L’un et l’autre dénoncent la course à la croissance pour la croissance et plus encore l’emprise de l’Economie sur la Société. Or ne s’agit-il pas d’inverser cet état de fait ? Donc précisément d’examiner le concept de «  l’Economie utile  » (pour ajouter un concept de plus à ceux faisant florès aujourd’hui…).

L’économie utile aux individus, à la collectivité. La réponse ne peut être unique d’un continent à l’autre, d’un territoire à un autre. Mais elle oblige à se soucier du but ultime des systèmes et processus économiques. Question naïve, primaire ou question essentielle ? Les partisans de la «  croissance zéro  » (cf. le Club de Rome) ou de la décroissance, longtemps après d’autres économistes, ont eu le mérite d’avoir mis en procès une croissance devenue aveugle parce que prédatrice de l’environnement et des ressources énergétiques. Une croissance, selon eux, pire qu’inutile : dangereuse. Avec pour une part d’entre eux, l’idée d’une possibilité d’atteindre un nouvel Eden. Utopie bienfaitrice ?

«  Assurer le progrès ou la croissance est l’affaire (le devoir, hélas !) des marchés, de l’Etat, de la science, voire de tout cela à la fois, comme si l’économie devait nous rapprocher du Paradis sur Terre…   » (Tomas Sedlacek). Le progrès, oui mais lequel? Celui en général des vertus des progrès techniques, médicaux, biologiques… ? L’humanité n’a cessé de «  progresser  ». Avec les dérives et dérapages connus, injustices et inégalités subies.

La mise en cause, pour ne pas dire en accusation, des progrès de toutes sortes devient plus courante. Leur utilité est discutée.

Mais le PNUD démontre rapport après rapport que la notion de progrès peut toujours (ou à nouveau ?) faire sens. Depuis longtemps des réflexions sont lancées et renouvelées autour du thème de ce que certains ont appelé «  la Quête incertaine  » (titre de l’ouvrage dirigé par Jean-Jacques Salomon, Francisco Sagasti et Céline Sachs-Jeantet. Economica. 1994). Sujet rendu terriblement actuel, particulièrement dans sa dimension technologique, après «  l’accident  » de Fukushima. La tension entre intérêts vitaux, environnementaux et intérêts économiques et financiers a rarement été aussi forte. La mise en cause, pour ne pas dire en accusation, des progrès de toutes sortes devient plus courante. Leur utilité est discutée. Nous sommes loin, comme le pointe Hervé Kempf ( Fin de l’Occident, naissance du Monde . Le Seuil 2013) de «  l’ascension sans nuage   ». Mais bien plutôt dans une navigation complexe entre des écueils devenus plus nombreux ou mieux repérés. Bien que fort ancien, le débat sur les différentes catégories et formes de progrès est plus vif que jamais. Il ne cesse de changer d’ampleur du fait même de l’ampleur nouvelle des découvertes, innovations, inventions et de leur accélération. Alors «  Progrès sans conscience  » n’apparaît pas plus acceptable que «  Science sans Conscience   ». Il ne s’agit plus d’une confrontation entre archaïques et conservateurs d’un côté et progressistes et devanciers de l’autre. Mais d’un dilemme d’une nature neuve et beaucoup plus profonde. Qu’est-ce qui permet de dire qu’un progrès… est un progrès ?

Le progrès ne peut être que pluriel, territorial, multidimensionnel

Est-il raisonnable, plausible de «  choisir les progrès  » pour ne retenir que ceux à caractère «  utile  » et sûrement non nuisible ? Cela peut paraître à nouveau naïf et tout autant hasardeux, ambitieux, contraignant… Pour autant quelques pas ont déjà été effectués en ce sens ; avec les comités d’ éthique, ont été mis en place quelques principes de précautions, tant dans des entreprises que dans les services des Etats. Non sans conflit d’interprétation et d’application (il suffit de penser aux OGM). Ces frottements et difficultés, parfois majeurs, ne peuvent masquer l’importance de cette quête en faveur du progrès à visée environnementale, sociale, sanitaire «  propre  » ou simplement «  soutenable  ». Plus profondément encore au profit de la recherche de progrès (entre autres technologiques, biotechnologiques) pouvant allier différentes utilités et acceptabilités : civiques (protection des personnes), sociales (pas d’exclusion), sanitaires (pas d’atteinte à la santé )… Le «  progrès  » est de moins en moins isolable : il participe à l’évolution de la société ou la contrarie et est observé comme tel. Jeremy Rifkin (Le Rêve Européen. Fayard, 2005) prend en exemple les inquiétudes et mises en garde d’un astrophysicien portant le nom de Sir Martin Rees à propos, par exemple, de menaces liées au génie génétique et de la technologie informatique : «  d’autant plus que les connaissances dans le domaine de la haute technologie se diffusent, augmentant la probabilité que quelqu’un, par inadvertance ou intentionnellement, n’occasionne des dégâts irrémédiables  ». Soulignant ainsi, en réponse à des collègues critiquant ses appréhensions, que les effets des «  progrès  » n’ont plus les mêmes limites que par le passé, et n’ont plus de frontières.
Le frein à toutes les précautions prises étant, inversement, de risquer de porter atteinte à la liberté de chercher,créer, inventer. Rifkin, quant à lui, célèbre le fait que l’Union européenne se soit montrée plus sensible que les USA aux problèmes écologiques et ait défendu le protocole de Kyoto ou annoncé une plan pour une «  économie propre  ».
Tout est dans la comparaison et donc la relativité. L’E.U quels que soient ses mérites n’a pas suivi le même chemin pour ce qui concerne les volets sociaux, civiques, malgré un soutien modéré au concept de «  R.S.E  » (Responsabilité Sociale et Environnementale). Or il n’est pas de mesure possible du progrès sans intégrer fermement ces notions. L’équation «  Progrès/Valeurs  » est certainement peu aisée à résoudre. Elle est pourtant un enjeu essentiel pour tous d’un bout à l’autre de la planète. Heureusement déjà bien déchiffrée grâce au PNUD, PNUE ou BIT. Mais il manque la mise en cohérence de ce qui a été conçu et plus encore un plan commun de résolution. Sauf à reconnaître que les OMD (Objectifs du Millénaire pour le Développement) en sont une préfiguration (ils doivent être prochainement révisés). Ils ont le mérite de fixer un cap. Et aussi d’amener les agences de l’ONU, des agences de développement, des Etats à coordonner leurs efforts, à s’attaquer plus franchement à l’accroissement des inégalités et à la pauvreté.
Le rapport du Comité Scientifique du Forum International des Dirigeants de l’Economie Sociale / Rencontres du Mont-Blanc (www.rencontres-montblanc.coop) qui prépare les débats de la rencontre de novembre 2013, souligne, à leur propos, le besoin à la fois de désigner «  les valeurs autour desquelles faire société  » et celui de «  développer une nouvelle logique de coopération à tous les échelons  ». Proposant de «  changer de cap, de méthode, d’échelle  » avec l’Economie Sociale et Solidaire.

L’Homme et la Nature sont au cœur de cette recherche, de ce souhait de donner un autre contenu, un autre sens au progrès. Les objectifs étant autant sociétaux (en incluant les objectifs de progrès humain) qu’environnementaux. Ce qui exige un sursaut et une volonté. Après avoir tant évoqué la «  transition  », il faut en venir à la «  mutation  ». Mutation des esprits, déjà. Le décloisonnement des approches du progrès s’impose à nous. Au 21e siècle, le progrès ne peut être que pluriel, territorial, multidimensionnel. Les débats et travaux en cours vont-ils faire émerger une nouvelle dynamique ambitieuse, plus globale et donc plus compréhensive des dimensions sociétales et environnementales ? Il ne faut pas seulement l’espérer mais s’en préoccuper… activement. Pour aller de l’Homo Economicus vers l’Homo Humanicus

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