mardi 17 septembre 2019, par
Impertinent, effronté, dérangeant, artiviste… Son nom il le signe d’une pointe de dissolvant, d’un V qui veut dire Vermibus…
En proche banlieue parisienne, dans un studio hype, un graphiste s’époumone sur un photoshop en surchauffe – retouche beauté, tampon, pinceau, soft skinning – à produire l’être idéal, chantre des canons de beauté martelés par la publicité, auxquels le passant s’identifiera bon gré mal gré, lancé dans une utopique quête mimétique, vaine et frustrante.
Au même moment, à 1 000 km de là, faubourg berlinois, un jeune homme, proche de la trentaine, Majorquin d’origine, façonne minutieusement son 90e modèle de clé à tube. Clés-sésame auxquelles ne résistera aucun modèle de panneau lumineux !
Quelque part dans une capitale européenne, celui-ci, portant gilet fluo et collection de clés à tube, déverrouille un panneau publicitaire, en soustrait l’affiche glorifiant tel parfum ou accessoire, libérant la lumière blafarde de néons orphelins.
Un meuble à plans accueillera l’affiche pour une mise en hibernation, le temps de l’oubli de la campagne publicitaire qu’elle promouvait.
Cette affiche émergera de son tiroir quelques mois plus tard, livrée à l’imagination créatrice de l’artiste alchimiste au rythme d’un flamenco ou d’un riff de guitare suivant l’humeur du moment. Il s’agit pour le peintre de dissoudre, diluer, gratter les surfaces imprimées, extraire, brosser, redistribuer les encres pour redonner vie à ces êtres précédemment réduits à l’état d’objet désin-carné.
« Vous m’apprîtes à démêler les apparences qui déguisent toutes choses. Je sus que l’image trompe, et nos sens et nos cœurs [1]. »
Proche du brandalism [2] collectif informel et international anti-pub., l’homme portant gilet fluo, au gré de ses pérégrinations dans l’Europe urbaine, déverrouille grâce à sa collection de clés à tube un espace publicitaire lumineux. Il y placera l’affiche libérée de son statut iconique, de son histoire et de son lieu (ce qu’il appelle la « délocalisation temporaire et physique »), retravaillée à la manière de glorieux anciens comme Artemisia Gentileschi, Francisco Goya ou encore Lucian Freud, leur réinjectant force et personnalité.
http://www.dailymotion.com/video/x1kvva8_rencontre-avec-vermibus-le-street-artiste-qui-s-attaque-a-la-pub_creation
« Si quelque chose est fort, les gens pensent que c’est douloureux. En fait, je ne crois pas que mes tableaux aient quelque chose à voir avec la douleur. Mais ils n’ont surtout rien à voir avec la séduction. La réalité émeut, fascine, effraie, émerveille ou excite, mais elle ne séduit pas. [3] »
Inspiré du latin Caro Data Vermibus (ca-da-ver, de la chair pour les vers), le jeune homme se fait appeler Vermibus. Il pratique avec passion l’art du corps à corps, les sens à fleur de peau.
Human
Vernissage le jeudi 10 octobre 2019 à partir de 18h
Le Cabinet d’amateur
12 rue de la Forge-Royale 75011 Paris
Mardi-samedi 14h-19h. Dimanche 14h-17h
01 43 48 14 06
www.lecabinetdamateur.com
[1] La Belle et la Bête, Madame de Villeneuve.
[2] Brandalism : contraction de brand, la marque, et de vandalism.
[3] Francis Bacon.
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