Didier Daeninckx, publie un Tract choc sur Aubervilliers la corrompue
Publié le 25 mars 2020 par Rédaction LI
L’idée : Comment une ville perd ses valeurs de solidarité.
POLITIQUE Il s’est tiré ailleurs, mais il tire quand même. Il mitraille à tout-va. Il dézingue. Didier Daeninckx, 70 ans, a quitté sa ville de jeunesse, de militant et d’écrivain, Aubervilliers (Seine Saint-Denis). Épuisé. Écœuré. En colère. La nouvelle collection Tracts de Gallimard, textes courts et percutants, était idéale pour accueillir sa rage. Celle d’un écrivain qui a longuement infusé dans la culture communiste, et le tissu de solidarités d’une contre-société aujourd’hui en lambeaux. Au milieu des fantômes de sa jeunesse, Daeninckx n’en peut plus de voir les fossoyeurs de la simple morale civique grouiller dans les affaires publiques. Aubervilliers, cette ville-entrepôt aux portes de Paris, a toujours oublié d’être aimable. Pierre Laval en fut son édile. Mais aujourd’hui, c’est pire. La cité rouge serait devenue une ville à la Dashiel Hammet. Une effroyable régression politique qu’il avait décrit dans son polar précédent Artana ! Artana ! mais également dans une nouvelle sombre et râpeuse, La Rumeur d’Aubervilliers (2008) qui fait partie de son très beau Roman noir de l’Histoire (Verdier). `
Ceux qui le dépeignent volontiers en petit procureur stalinien et totalement paranoïaque, se fabriquant au fil des décennies, une théorie d’adversaires ( les rouges-bruns des années 1990 notamment), en seront pour leurs frais. D’une volée de pages, l’écrivain esquisse l’atmosphère empuantie de « la Ville aux interférences ». Sans dire les noms, il avance des faits terribles dans les coursives du pouvoir municipal. Le clientélisme de la banlieue rouge est devenu une corruption sociale.
Corrupteurs et corrompus, narcos et islamistes : Daeninckx n’en peut plus de voir les fossoyeurs de la simple morale civique grouiller dans les affaires publiques
Il y a trente ans, l’un de ses anciens compagnons de roman noir, Thierry Jonquet, avait écrit un petit livre publié par un petit éditeur. Jours tranquilles à Belleville (Méréal, aujourd’hui Folio) décrivait par le menu, une gauche moralement nonchalante et bureaucrate, et la montée inexorable des communautarismes. Avec cruauté, précision et drôlerie. Les médias de gauche l’avaient superbement snobé. En 2020, Didier Daeninckx n’a pas voté à Aubervilliers, mais dans son nouveau chez-soi à Fontenay sous bois où le maire communiste a été réélu dès le premier tour.
Municipales. Banlieue naufragée , Didier Daeninckx, Tracts n°13, Gallimard, 48 p., 3.90 €.
Lire notre entretien avec Didier Daeninckx ici