Le 12 octobre 2014, par
Une surdité française
Il y eut dans l’histoire de grands sourds français, à droite un seul à l’origine, à la mesure de toute extrême droite française : Charles Maurras.
Dans l’histoire de l’Académie française il y aura désormais un second grand sourd : Alain Finkielkraut. Ce sera lui notre sourd français à toute la misère du monde, notre sourd de France à la souffrance de l’autre.
Maurras, qui n’était pas la moitié d’un sourd, en appelait au nationalisme total et la France universelle pour chasser le juif de la culture et l’étranger de la pensée :
« Il nous faut propager la culture française non seulement comme française, mais encore comme supérieure en soi à toutes les autres cultures de l’Univers. #
Donc, en recommençant l’énumération par la fin : #
préséance de la culture française et de la tradition française ; #
identité de l’humanité et de la France, de la civilisation et de la France, de la cité du monde et de la France ; #
définition de l’héritage français, théorie de la France conçue comme dépositaire et continuatrice de la raison classique, de l’art classique, de la politique classique et de la morale classique, trésors athéniens et romains qui font le cœur, le centre de la civilisation ; #
opposition profonde des théories protestantes et révolutionnaires avec ce legs sacré ; #
caractère hébraïque, anglo-saxon, helvétique de ces théories de liberté, d’égalité et de justice métaphysiques ; #
leur caractère de désordre, d’incohérence et, si l’on va un peu profon-dément, d’absurdité. #
Il y aura des difficultés à cet exposé ? Où n’y en a-t-il pas ? »
(Charles Maurras, La Gazette de France, 5 janvier 1903)
Alain Finkielkraut, qui est un peu l’autre moitié du même sourd, invente l’idée qu’il est « politiquement correct » et bêtement « antiraciste » de ne pas reconnaître tous ensemble que « l’Islam est un problème pour la France » et que la culture étrangère est une culture anti-française. Pour l’académicien, les grandes œuvres du passé glorieux de la littérature française lorsqu’elles ne sont pas comprises par les jeunes musulmans intégrés scolairement dans les banlieues françaises démontrent par là à tout français nationalement bien constitué qu’elles sont des moyens républicains de dressage et de sélection des bonne souches prometteuses de « français d’abord ». Mohammed ne comprend pas, Mohammed n’est pas français. Avec Finkielkraut, en 2017, ce sera donc le PNA pour tous : Patriotisme Nationalement Assimilé, sinon dehors !
A la question maurrassienne : mais tout de même on peut bien parler du problème de l’Islam en France, oui ou non ? Alain Finkielkraut répond en chœur à lui tout seul (sur France Culture et sur France Inter réunis pour l’occasion) : ben oui, Charles.
s’il n’y avait que la surdité : on en connaît d’autres exemples... Mais ce qu’il y a d’insupportable est la posture victimiste dont elle se double -pour ne pas dire la légitimité, au nom de la réciprocité : notre Immortel, tel un vulgaire Zemmour, est persuadé qu’il est entouré de sourds !
Ainsi lorsqu’il avait défini ses compatriotes originaires des DOM-TOM comme des... assistés (encore que, quand je prenais les transports en commun de très bonne heure, j’y voyais souvent de probables originaires des DOM-TOM, mais je n’y ai jamais vu Finkielkraut), il avait ensuite assuré -la vérité, si j’mens : que ses propos... avaient été mal traduits par Haaretz.
Purée, c’est pas à l’Académie Française qu’il fallait le faire entrer celui-là, mais à Médrano !
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