Influences (n. fem. pluriel)
  1. Fluide provenant des astres et agissant sur la destinée humaine.
  2. Action exercée sur quelqu’un.
  3. Action exercée sur quelque chose.

Les Influences

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Henri de Wailly : «  L’histoire n’est pas de taille à se battre contre les légendes  »

Publié le 28 février 2013 par

Historien, auteur de  » 1945 : L’Empire rompu  » (Perrin)

couveuse2_250.gif  » Pourquoi fait-on de l’histoire ? Eh bien je crois, parce que l’on ne croit pas à ce que l’on enseigne, ou à que l’on dit, et que l’on répète sans vraiment savoir. Parce qu’il y a trop de trous, trop de négligence, un parfum de censure, ou que l’on a trop oublié.

On fait de l’histoire pour savoir, pour tenter de comprendre, soulever les coins du tapis sur lequel tout le monde marche. Alors, avec toute l’honnêteté intellectuelle dont on est capable, on cherche, on trouve et l’on écrit. On écrit sans juger, sans donner d’opinion, pour mettre sous les yeux de ceux qui vous lisent ce que l’on a appris. Un historien, je crois, ne doit pas imposer de jugement, mais laisser au lecteur le soin de conclure.
C’est alors que l’on découvre si l’on a bien ou mal travaillé.

Ceux qui croient que votre vision est juste disent que vous êtes bon, et ceux qui préfèrent ce qu’ils croyaient déjà, avant de vous lire, disent que vous êtes partisan. Faute de juger l’histoire, ils préfèrent juger l’historien. C’est selon. Les écueils de la réflexion sur l’histoire sont de deux sortes. Il y a ceux qui jugent d’après une doxa, et ceux qui jugent d’après une légende, et il faut ignorer tout cela. Mais, de vous à moi, je crois que, quoi qu’on fasse, cela ne changera rien. «  L’histoire n’est pas de taille à se battre contre les légendes  ».
L’important est de feuilleter des pages de l’histoire qui n’ont pas été lues.
 »

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4 commentaires sur “Henri de Wailly : «  L’histoire n’est pas de taille à se battre contre les légendes  »

  1. au pays des saintes-nitouches
    c’est jusqu’à la dernière ligne, que cet article laisse songeur : « l’important est de feuilleter des pages de l’histoire qui n’ont pas été lues ». Ce serait ici facile d’objecter que le précepte cent-fois-sur-le-métier-remettez-votre-ouvrage s’applique aussi, aux historiens. Dont on voit mal au nom de quoi ils s’interdiraient de revenir -et avec profit- sur des pages cent fois lues ; et pour remettre en question des certitudes « solidement » établies…
    En fait la seule chose qui mérite ici de retenir l’attention est l’affimation selon laquelle un historien ne doit pas imposer de jugement, mais laisser au lecteur le soin de conclure.
    Présentée ainsi, la chose est alléchante…
    L’ennui est que ce propos n’est recevable que dans les situations où le lecteur se voit effectivement offertes toutes les options sur un pied d’égalité -et avec, corrolairement, le soin de conclure.
    Mais en toute autre situation ce propos ne relève plus que de la vertueuse certitude, pour ne pas dire, de la forme la plus raffinée du mensonge.
    Ainsi en date du 16 septembre 1915 le commandant Noblemaire, attaché militaire français adjoint à Rome, pouvait-il dans une note intitulée « Propagande sur la presse », indiquer ce qui suit à ses bons amis du 2ème Bureau :

    Ce qu’il faut, en un mot, c’est de l’INFORMATION* pure et simple, sans phrases ni commentaires, agissant par elle-même, et suggérant au lecteur, sans les lui imposer, et sans porter de marque de fabrique, les conclusions souhaitées.
    * en capitales dans le texte

  2. Henri de Wailly : «  L’histoire n’est pas de taille à se battre contre les légendes  »
    Je viens de me replonger un moment chez Thucydide pour écrire un papier sur les médias. Thucydide, le père des historiens, l’historien-journaliste de son temps,mort assassiné sans doute par ses ennemis.Il aborde le même sujet à une époque où l’épopée avait « pignon sur rue ».Il se bat pour la vérité, ce qu’on nommerait objectivité. Et il en tire le même constat. Contre la doxa ou la légende, difficile de lutter.Je me suis interrogé. pourquoi est ce si difficile de lutter contre les mythes en me demandant à quoi sert de savoir. Il me semble finalement que savoir ne sert pas à savoir mais à agir, à espérer.Si cette hypothèse est vraie, alors, oui, l’Histoire nuancée ne gagnera pas contre le mythe, l’histoire que l’on croit vraie, qui a valeur d’entrainement et qui nous permet de continuer à marcher. A agir.

  3. les légendes, et… une curieuse : légende
    certes une légende sous une photo, à elle seule, ne saurait tout dire… Et rien n’oblige celle-ci à informer le lecteur qu’Henri de Wailly a fait partie des promus de la Légion d’honneur au titre de la dernière promotion du 11 novembre, sous Sarkozy… Mais enfin c’est peu honnête, de le présenter uniquement comme un spécialiste de la décolonisation.

  4. Henri de Wailly : «  L’histoire n’est pas de taille à se battre contre les légendes  »
    Bonjour. L’affirmation selon laquelle un historien « ne doit pas imposer de jugement » constitue déjà en elle-même un… jugement, dont on sait l’utilisation idéologique primaire qui a parfois été faite à travers le « on n’a pas le droit de juger », mais qui surtout participe en tout état de cause du mythe de l’impossible objectivité. On sait aussi que certains (je ne parle pas ici d’Henri de Wailly) ont tendance à considérer toute affirmation venant d’eux comme un simple constat, et toute affirmation contraire comme un… jugement. Et je laisse de côté les pitreries médiatiques (cf. émergence périodique de soi-disant « historiens objectifs », dans les domaines réputés sensibles).
    Bien entendu mieux vaut qu’un historien évite d’IMPOSER délibérément un jugement, en écrivant ce qu’il sait être faux ; et mieux vaux qu’il évite de porter des jugements, là où il n’y a pas de raison de le faire et où suffirait le rappel des faits. Mais, outre que le choix du sujet n’est déjà pas innocent, que celui des matériaux n’est pas neutre, et que l’impartialité de l’historien est un songe (comme le rappelèrent à deux ans d’écart Victor-Serge dans son Avant-Propos à « L’an I de la Révolution Russe » paru en 1930, puis Salvemini dans le sien, bref mais remarquable, à son « Mussolini diplomate » paru en 1932) je me demande si en définitive ce n’est pas plutôt la confrontation des -inévitables- jugements qui permet à la connaissance d’avancer. Cordialement

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