Travail : souffre ou suicide-toi
Publié le 25 novembre 2011 par Arnaud Vojinovic
L’alerte d’une association de psychologues : aujourd’hui, le management par l’évaluation individuelle détruit les solidarités et la culture du travail en commun.
L’Association pour le Recherche et l’Intervention Psychologiques (ARIP) publie dans le dernier numéro de sa revue trimestrielle, Connexions (qui vient de fêter ses 40 ans), un dossier sur la crise du collectif au travail. Intitulé « Crise du collectif et intervention » l’ouvrage regroupe une dizaine d’articles de pas moins d’une trentaine de chercheurs en sciences humaines. Les différentes contributions des chercheurs sont introduites par un entretien avec Christophe Dejours, fondateur de la psychodynamique du travail et professeur titulaire de la chaire de psychanalyse-santé-travail au Conservatoire national des arts et métiers.
« Aujourd’hui le problème, quand vous êtes victimes à la fois de l’injustice et du harcèlement, c’est que personne ne bouge, les gens font comme s’ils ne voyaient pas. Chacun pour soi »
Suicide, Burn out, épuisement professionnel – dont le Karôshi [[Le Karôshi est un terme japonais qui qualifie la mort subite par une hémorragie cérébrale ou par un accident coronarien d’un salarié de moins de 40 ans, sans antécédents médicaux ou comportement à risques. Cantonné à la péninsule nippone, la pathologie est repérée depuis les années 2000 en France.]] qui est le plus spectaculaire, les violences sont des pathologies qui se généralisent dans les organisations, entreprise ou administration. Le harcèlement en est une des phases les plus visibles. Le harcèlement au travail a toujours existé et a même partie de la formation des militaires par exemple. Mais comme le note Christophe Dejours : « Ce qui est nouveau c’est que le gens tombent malades alors que par le passé il n’y avait pas de décompensations psychopathologiques. Honnêtement, dans certaines entreprises, les gens tombent malades alors que le harcèlement n’est pas pire que ce qu’il était avant. Mais il existe une différence considérable. Aujourd’hui le problème, quand vous êtes victimes à la fois de l’injustice et du harcèlement, c’est que personne ne bouge, les gens font comme s’ils ne voyaient pas. Chacun pour soi ». Le constat est amer puisque le harcèlement n’est pas le fait d’un individu mais de l’organisation, de l’environnement et de ses méthodes de management et donc à l’aval de la hiérarchie.
Les outils du harcèlement sont identifiés depuis 2003. C’est le souci de l’évaluation individualisée qui en est la cause principale, l’informatique venant par la suite pousser à l’extrême les utilisations d’outils de mesure de la performance où l’on passe à l’autocontrôle. « Si vous faîtes une erreur, vous avez intérêt à le signaler tout de suite dans l’ordinateur, parce que si vous ne le faîtes pas de toute façon, on va le retrouver et vous allez être sanctionnés ».
Les outils proposés pour évaluer sont tous basés sur une mesure quantitative du résultat et non sur l’évaluation qualitative du travail lui-même.
L’évaluation devient donc une menace pour l’emploi et les rapports entre collègue tournent au « chacun pour soi » avec pour corollaire que « tout succès de l’autre devient une menace pour vous ». Et le chercheur de conclure « l’évaluation individualisé des performances a détruit les solidarités, ravagé le monde du travail et a créé la solitude et la peur. »
Les outils proposés pour évaluer sont tous basés sur une mesure quantitative du résultat et non sur l’évaluation qualitative du travail lui-même. Devant les vagues de suicides ou le développement d’autres pathologies en milieu professionnel, certaines entreprises réagissent et mettent d’autres méthodes en place. Pour Christophe Desjours la solution est de prendre de la hauteur et d’évaluer plutôt le travail collectif et de favoriser la coopération horizontale, verticale, transversale mais aussi en dehors de l’entreprise, avec le client. Mais le psychologue insiste: « il ne peut y avoir de coopération sans une certaine forme de convivialité et de vivre ensemble ».
2 commentaires sur “Travail : souffre ou suicide-toi”
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Travail : souffre ou suicide-toi
Bonjour
l’intérêt du sujet n’exempte pas d’une orthographe correcte, 3 erreurs au moins ?
l’informatique venant par la suite poussée –>POUSSER à l’extrême
parce que si vous ne le faîteS pas
réagissent
mettre –>METTENT d’autres méthodes
Travail : souffre ou suicide-toi
D’où l’intérêt des relecteurs. C’est corrigé. Merci.
Arnaud