Le Divin marquis a le droit de sadiser Séoul
Publié le 23 octobre 2012 par Arnaud Vojinovic
La presse française et les effets du Hallyu ont fait plier la censure en Corée du Sud
Edition. Presque deux cents ans après sa mort, le Marquis de Sade continue à choquer et créer la polémique. Les 120 Journées de Sodome écrit lors de sa réclusion à la Bastille à peine publié en coréen en août dernier à faire réagir les ligues de vertus. Saisie par une association de séoulites, il n’en fallait pas plus à la Commission d’éthique des publications coréennes, qui dépend du Ministère de la Culture du Sport et du Tourisme, pour faire interdir le 6 septembre dernier l’ouvrage. Jugement qui confirmait d’ailleurs une décision déjà prise en 2000 lors d’une précédente édition.
Mais cette fois-ci l’éditeur, Dongsuh Press, a fait appel afin de prouver auprès de la Commission la valeur littéraire de l’œuvre qui fait partie des classiques mondiaux. Mais l’argument qui a fait mouche au sein de la Commission aura certainement été celui de l’impression réactionnaire que donne la Corée à l’étranger. En effet la presse française s’est faite largement l’écho de cette censure ; le site Media Today rapporte que l’édition du 19 septembre de Libération relatant l’interdiction a été traduit et versé au dossier. Les éditeurs ont soutenu fermement l’appel formulé par leur collègue et publié une déclaration commune qualifiant la décision « d’anachronique » face à la mondialisation de la culture et de la liberté d’expression, le Hallyu (la « vague culturelle coréenne » à base de cinéma, jeux vidéo et mangas) en étant l’exemple par excellence.
Le 12 octobre, les huit membres de la Commission par la voix de son représentant, Jang Tag-Hwan, revoyaient leur décision et acceptaient la levée de la censure pour que l’œuvre soit étudiée et ne pas empiéter sur la liberté de la presse. Même si sa diffusion est finalement tolérée, Les 120 Journées de Sodome doit être vendu scellé, assorti d’une interdiction de vente au moins de 19 ans (la majorité à Séoul).