Kamel Daoud, en toute indépendance
Publié le 6 juillet 2017 par Ziad Gebran
Kamel Daoud, Mes Indépendances, Arles, Actes Sud.
On retrouve dans ce livre les fondamentaux de Kamel Daoud :
– Sa vision personnelle de la situation en Algérie, avec le prisme de la relation de ce pays avec la France.
– Son rapport compliqué avec l’Islam.
– Sur la forme, sa capacité à raconter des histoires. Un vrai conteur, un romancier avant tout.
Contrairement à d’autres livres de chroniques, il ne faut pas lire Mes Indépendances en choisissant les textes qui nous plaisent dans le désordre. Il faut vraiment le lire dans l’ordre car derrière cette variété se tient un vrai point de vue. Ce qui est intéressant c’est de voir, à travers son écriture, l’évolution du monde arabe de 2010 à 2016: des Printemps arabes à la crise des migrants en Europe, en passant par les événements en Syrie ou l’horreur terroriste en France. D’ailleurs, plus qu’une vision de l’islam, c’est une vision du monde arabe que Kamel Daoud livre ici.
Ceux qui aiment Kamel Daoud continueront d’être admiratifs de son courage et de sa clairvoyance.
L’épisode de Cologne – l’une des chroniques sur les viols à la gare Cologne de Kamel Daoud où il avait parlé de la misère sexuelle de l’homme arabe avait été reprise dans le monde, ce qui avait valu à l’auteur d’être accusé par certains intellectuels d’essentialiser l’homme arabe – n’est pas relaté directement. Mais, on comprend notamment dans la dernière chronique que c’est en réaction à ces attaques qu’il a voulu publier ce recueil. On peut regretter qu’il n’y ait pas eu davantage de remise en contexte de ses textes piqués au vif par l’actualité. Ceux qui aiment Kamel Daoud continueront d’être admiratifs de son courage et de sa clairvoyance, ses détracteurs eux verront en lui celui qui a simplifié la situation compliquée du monde arabe.