L’ Antarctique va accueillir la glace du Mont-Blanc
Publié le 16 août 2016 par Les Influences
Société. La planète fond, et les glaciers alpins reculent. Et depuis 1850, ils reculent même énormément, certains ayant perdu jusqu’à 50% de leur masse. D’ici à la fin du siècle, on prévoit que les glaciers culminant à 3500 mètres d’altitude seront rayés de la carte. Selon le Journal du CNRS, une équipe franco-italienne ( CNRS et laboratoire de l’université de Venise) entreprend depuis la mi-août, une opération de carottage du Mont-Blanc.
» Les glaciers sont des livres d’histoire et leurs pages sont en train de disparaître sous nos yeux ! » explique Jérôme Chapppellaz, (né en 1964), directeur de recherche au Laboratoire de glaciologie et géophysique de l’environnement (Université Grenoble Alpes / CNRS).
L’idée de créer un patrimoine des glaces remonte au début des années 2000. Des glaciologues nord et sud-américains avaient alerté toute la communauté de chercheurs sur le risque de perte définitive des glaciers sous les assauts du réchauffement climatique. Extraire des carottes glaciaires des sites menacés sembla trop cher et superflu. Chappellaz est revenu à la charge en 2013 : créons une banque mondiale de carottes glaciaires, que l’on stockera en Antarctique et qui sera une glaciothèque destinée aux prochaines générations de chercheurs. le chercheur s’est inspiré de l’exemple de la Réserve mondiale de semences qui est conservée au Spitzberg.
Le chercheur Jérôme Chappellaz : Créons une banque mondiale de carottes glaciaires, que l’on stockera en Antarctique et qui sera une glaciothèque destinée aux prochaines générations de chercheurs.
Dans ces précieuses carottes, les spécialistes peuvent lire l’histoire de l’atmosphère terrienne en retraçant l’évolution des dizaines de composants chimiques piégés. D’ici quelques décennies, de ces archives les chercheurs espèrent pouvoir isoler bactéries et virus emprisonnés, ou bien étudier l’évolution du génome et les conditions de ses mutations.
D’ici à 2020, les carottes prélevées seront expédiées sur la base scientifique Concordia dans l’Antarctique que gère l’Institut polaire Paul-Emile Victor (IPEV) et son partenaire italien le Programme national de Recherche Antarctique (PNRA). Là, conditionnées dans des conteneurs, les cargaisons seront enfouies par 10 mètres de profondeur, dans une température ambiante de – 54°c. Politiquement, L’Antarctique n’est la cible d’aucune revendication territoriale. Dans ce congélateur du no man’s land, les échantillons issus d’une vingtaine de glaciers en danger devraient avoir le droit à une seconde vie éternelle.
Ce projet scientifique, écolo et patrimonial fait appel massivement au mécénat, les fonds sont gérés par la Fondation de l’université Grenoble Alpes.