Oleg Dou, la plastique du plastique
Publié le 26 mars 2012 par Les Influences
Au mois de janvier, la collection de polars d’Actes Sud, Babel Noir, a mis en couverture du roman Lumen de Ben Pastor, une photo d’Oleg Dou. Et cela tombe très bien, le personnage de Martin Bora (officier du renseignement allemand dans l’armée nazie) enquêtant dans la Pologne ultrareligieuse de 1939, est aussi dérangeant que la photographie du jeune russe, une adéquation parfaite.
En mars, on pouvait également découvrir à Paris une nouvelle exposition de la coqueluche moscovite chez sa galeriste fétiche Liza Fetissova. Visages blanchis à la javel numérique, jusqu’à l’os. ADN de plastique. seuls, les yeux restent humides, même si les larmes semblent de glycol. C’est désormais à la biennale photographique de Houston que l’on peut dévisager ces personnages dérangeants au sang d’aluminium et au regard persistant.
Né en 1983, dans l’ancien monde de l’URSS, Oleg Dou a baigné dans l’univers libéral de la peinture par son père, artiste plasticien, et celui de la mode par sa mère, couturière. Il est surtout tombé tête la première dans le monde numérique lorsqu’à l’âge de 13 ans, ses parents lui ont offert son premier ordinateur, avec une vieille version de Photoshop. C’est grâce à ce logiciel qu’il transforme, déforme, interprète les visages de ses proches. Quelques études de design et conception de sites Web plus tard, Oleg Dou s’affirme en 2005 comme photographe, mais un photographe qui verrait l’humanité photoshopée, tout un peuple de bébés synthétiques, de vierges magnétiques, et d’êtres au genre indéfini, comme tranquillement sidérés par leur posthumaine condition.
Oleg Dou, ou le photographe officiel d’un curieux monde du silence.